POETICA CELTICA "FAERIE" BRAN DU 2023 06 03 MARS
"DAHUT"
ILLUSTRATION D'ISABEL PECOT
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Poética Celtica Bran Du Mars 2023...
FAERIE...
Lorsqu'elle pinçait les cordes de sa harpe, c'était comme un lâcher de blanches colombes, comme autant d'âmes à s'envoler vers un berceau d'azur et de félicités...
Chaque toucher de ses doigts longs et fins délivrait nos rêves emprisonnés et ceux-ci s'en allaient planer dans l'infini des confins du monde...
Chaque son émit célébrait ses noces, drapé de couleurs somptueuses et flamboyantes..
Chaque corde tressée d'or et d'argent faisait écho aux harmonies du ciel et de la terre...
Lors, des planètes retrouvaient le pas de danse de leur prime jeunesse...
Tout se tenait là dans ce corps de chêne d'où émanaient un chant de quatre saisons, où la fleur de notre être frissonnait d'extase...
Le sommeil s'en venait alors et l'on posait notre tête bercée de merveilles sur un grand nuage aussi doux qu'un duvet de cygne...
L'Arbre se tenait là fiché dans l'humus comme une épée de lumière dans son fourreau d'écorce...
Sur son large pommeau à figure de bélier, à tête de serpent, se tenaient deux corbeaux, l'un noir et l'autre blanc...
D'une pomme à la robe de miel émanait une mélodie (de miel elle aussi) si belle que d'autres oiseaux y mêlaient le printemps de leur cœur...
Deux sièges se tenaient là, l'un près de l'autre... Le soleil faisait le dossier de l'un et la lune le dossier de l'autre...
La salle haute et immense était tapissée de nacre rose, d'écailles vermeilles, d'orichalque et de marbre enchâssé dans des cerceaux d'ivoire...
Nul miroir, nul reflet cependant, car en ce royaume de "faérie", en ce féerique domaine, il suffisait d'offrir à « Cela qui Contemple » un pur visage et d'être aussi transparent de corps, de pensée et de cœur qu'une eau de source, qu'une perle de rosée dans les prairies scintillantes de l'Aurore...
Dans une coupe de cristal taillée comme un diamant des senteurs de neige se mêlaient à des senteurs d'automne, des arômes de vendanges et de moissons, de figues éclatées, de reine des prés, de laurier sauvage et de fenouil... Et tout cela encensaient ce palais ourlé de vagues et d 'écumes...
Sa longue robe d'émeraude à manchons d'hermine glissait sur le damier vert et bleu avec la grâce d'une feuille quittant sa branche pour rejoindre la longue nuit des sèves à venir...
Un filet d'eau claire coulait d'une vasque de verdure et le bassin résonnait au rythme de cet écoulement aussi léger que pur...
Du pinson au rossignol, de la mésange au rouge-gorge, tous et toutes formaient une sorte de chorale au chœur mélodieux, plaisante pour les déesses et appréciée des dieux...
Vers tout cela se tendaient les oreilles ravies du silence.....
La brise fraîche de mars, c'est elle qui me réveillât...
Autour de moi, ce n'étaient que bruyères, genets et ajoncs...
Au loin miroitait la nuée d'argent qui recouvrait la mer...
Lors, la brume se leva et je lui donnais le bras...
Elle m'emmena dans sa barque jusqu'au rivage flottant du Sidhe...