quatre nouvelles Bardismes Poésie 03 03 2015 Bran du
Nouvelles :
Panne d'essence ! 08 02 2015 Bran du
Je ne suis pas pressé d'arriver...
D'abord, je roule pour rouler ; j'use les pneus de mes pensées...
(Qui carburent à plus de 120 à l'heure !)...
Certes, je conduis une auto mais, sans mobile !...
Histoire de...
J'ai de quoi faire au moins 10 000 kilomètres, peut-être plus ?...
Quoi qu'il en soit, pas de risque que je m'emballe !...
L'aiguille reste pépère au compteur...
Temps sec, pas de vent, cool !....
Rouler ou se faire rouler... J'opte pour le premier postulat...
Et puis cela ne sert à rien de se mettre en boule...
Quoi que je sois aussi "une pierre qui roule" vu que j'écoute les "Rollings Stones" !....
Des passagères, j'en ai connues quelques-unes, avec des trajectoires partagées plus ou moins longues, plus ou moins courtes, durables ou éphémères donc, mais toutes ont ma gratitude pour m'avoir généreusement apporté de leur printemps en mes hivers et pour m'avoir davantage sur moi-même que bien des miroirs plus ou moins complaisants !...
Je circule entre constance et inconstance ; parmi le varié et le divers...
Je tente de mesurer ce que l'on appelle "l'importance".... (Ou encore l'essentialité")...
De quoi meubler la chambre des pensées et jeter le tout par la fenêtre du Grand Soleil!...
On se croirait dans les plaines de la Beauce ou de la Brie, de vraies limandes avec ici et là quelques arbres isolés rescapés miraculeux d'un remembrement forcené....
Ici et là, très parsemées sur le damier des maïs et des blés, des fermes carrées ou rectangulaires, du type forteresse, indiquent la "richesse" de leurs propriétaires : des gros céréaliers...
Mornes plaines qui n'invitent pas à séjourner....
Une pause... (Une petite "mousse" est bienvenue et un steak frite traditionnel avec.)...
La serveuse à un joli minois et des formes gentiment rebondies sous le tablier de service....
Il faut être un "goujat" pour fermer les yeux quand la beauté se penche vers vous !....
Le moteur ronronne comme un vieux chat engoncé dans une boîte à chaussures ....
Ca roule comme sur un billard, mais les boules ici ne sont pas invitées à se percuter !
Un petit air d'harmonica (Henri Fonda dans je ne sais plus quel Western) me vient aux lèvres, vite emporté par la fenêtre ouverte du passager....
La bise légère, en effet, me tient compagnie, caresse ma carrosserie, glisse sur le pare brise et sur mes joues...
Je ne sais pas pourquoi, ici, on plante les arbres à l'envers ?...
Les couleurs ont changé de tonalité ; ainsi, les chats sont verts !...
Et puis c'est bien la première fois que je vois des kangourous et des coyotes faire du stop !
Je croise de gros camions, des vans, des bétaillières, mais, cherchez l'erreur, ils n'ont pas de conducteur ?...
Et Vlan... Pouf ! Pouf ! ................... Stop !
Plus d'essence, le réservoir est on ne peut plus vide !
Je me demande où ils ont bien pu mettre la station et ses pompes en ce foutu rêve ?....
Voilà ce qu'il en est de ne pas aller, à pieds, sur les chemins buissonniers du songe !....
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Jour de grèves : 10 02 2015 Bran du
Les eaux de l'étang proche se souviennent d'avoir été eau d'océan ; le vent en courroux les habille de vagues ; de vagues au "toupet" blanc...
Depuis plus de deux jours et deux nuits, c'est l'étang en folie !
Voilà que ce dragon aux paisibles écailles fait le gros dos !...
De façon incessante et répétitive, le vent crache ses poumons dans une alternance de rage et et de courte récupération ; j'essaye de suivre sa respiration entre fureur et presque silence...
Je mesure souvent la chance que j'ai ; celle aussi que je me suis donné...
Je n'ai que huit cent mètres à faire et me voici au milieu des rochers, des algues et des bigorneaux, ramassant au passage les palourdes qui n'ont pas eu le temps ou l'opportunité de s'ensabler... Je n'ai qu'à me baisser...
J'inspecte, nonchalament car je ne suis pas pressé, les mares et crevasses, des fois que quelques coquilles St Jacques s'y soient réfugiées et ce, sans ôter, pour autant, aux oiseaux leur déjeuner....
Les oiseaux, eux aussi, font la "marée" et ce, dès que les eaux se retirent faisant place à l'estran humide et dénudé...
Ils affouillent seuls ou en groupe la grève et se mettent en quête de crabes, de crevettes... C'est en ce moment, autour de moi, le cas des gravelots et des aigrettes....
Par instant j'entends le bruit, clair et sec, des galets plats retournés par les "tourne-pierre" qui font provision de vers et de "friandises de la mer"...
Entre parenthèse, alors que je vous écris, j'ai par veine, dans les oreilles, de la bonne musique sélectionnée car France-Inter est aussi, mais à sa façon, en grève !...
J'arpente les "mouettes" ; des récifs assez traîtres qui entourent l'entrée du port de Dahouet... Il faut bien les connaître que ces "mouettes" sinon....le bateau va par le fond !...
Les mouettes, bien moins silencieuses et sourdes que celles évoquées ci-dessus, ont leur habitude dans ce modeste estuaire ou rien ne saurait les faire taire !... Pas plus que les goélands d'ailleurs qui gueulent à toute heure et à tous instants!...
Mais à chacun sont emplacement, son "territoire", pas question d'empiéter sur celui du voisin... autrement ça fait des histoires...
On pourrait lors entendre : "- C'est chez moi et tu te casses ! Ou encore -"tu passes ou tu trépasses !"
C'est que ça ne rigole pas trop chez les "zoziaux"...
Je contemple le soleil qui, timidement, viens voir son reflet dans les flaques et les mares craignant de se trouver, en cet hiver, pas très beau, plutôt palot....
Tirant les rideaux de l'être, je contemple la vie, à ma fenêtre....
Je sais, profondément je sais, que le monde tourne avec en son coeur de loterie, les boules colorées et numérisées de la vie....
Je sais la fureur, les bruits qui agitent cette grande maracasse ; je sais aussi tout ce qui ne tourne pas rond dans la calebasse....
Mais que puis-je faire face à une telle "cacaphonie" ?...
L'oiseau qui passe me dit : -"chante, clame, dit, conte, écrit, que s'envolent tes mots, que, de tes pensées, ils quittent le nid."...
Les mimosas ont fait retentir leurs petites trompettes jaunes que réceptionne le pavillon des pervenches largement ouvertes aux nouvelles confirmant un hiver peu rigoureux...
Cette année quatre bernaches seulement sont revenues au port, j'en avais compté vingt sept il y a encore quatre ans !
C'est à tout cela que je pense et pour cela que je lisse mes plumes noires de corbeau afin qu'elles survolent, en pertinence, les pages blanches de la vie, le grand parchemin vierge et défloré de l'existence...
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La Couverture de "Mère".... 02 03 2015 Bran du
Trois cent soixante et un carreaux en laines multicolores de dix centimètres par dix centimètres...
C'est la couverture de "Mère"...
Des petits carreaux bariolés, chaleureux, dérobés chacun au secondes, aux heures, d'un temps "éternisé" dans l'enchevêtrement savant et méthodique de brins laineux récupérés sur de vieux "pullovers" détricotés ou d'écharpes élimées et effilochées....
Des petits carreaux imprégnés de regards, d'écoute, de patience, de joie, d'inquiétude, de douleur, de rire et de silence...
Autant d'intentions et d'attentions aimantes tissées au fil des minutes pour monter l'ouvrage, année après année, jour après nuit, nuit après jour...
Un labeur assidu, volontaire, tenace, obstiné....
Combien de fois ais-je vu, à la fenêtre des saisons, Mère s'atteler minutieusement à cet ouvrage, assise dans le jardin ou dans la salle à manger, devant ses parterres de violettes, de tulipes ou d'hortensias ou devant sa télévision en compagnie de ses deux deux chats très intéressés par l'oeuvre en cours de réalisation et la destination finale de celle-ci....
Je revois les mains expertes entrecroisant, assemblant, avec un crochet chaque petite pièce de laine...
Je revois ses doigts dansant sous le brin docile et obéissant...
Sur la table du quotidien reposait la corbeille des petites pelotes de laine appelées à se conjoindre dans le "motif" selon les données chromatiques décidées par Mère....
Un choix qui n'appartenait qu'à elle-même selon la fantaisie de l'instant et les matériaux disponibles...
L'art aussi de faire du neuf avec de l'ancien ; cette sagesse populaire qui veut que l'on recycle tout ce qui peut l'être....
Image immortelle d'une Mère tricotant pour ses enfants une enveloppe de tendresse, un album de "souvenirs"...
Trois cent soixante et un petits carreaux, semblables en leur forme et tous différents en leur composition....
Une couverture qui avait enveloppé de sa chaleur le corps froid de Mère...
J'ai hérité de cette couverture et elle ne quitte pas mon lit...
Chaque nuit, je m'endors recouvert de l'amour de ma Mère....
Elle berce encore mes rêves et mon corps, atténue mes craintes, mes angoisses et mes peurs, veille à mon chevet sur son enfant parfois meurtri et le protège maternellement comme elle le fit toute sa vie...
Quand, la lampe éteinte, mon corps enfoncé sous les draps, je remonte sur moi l'étoffe de son labeur et de son don, c'est comme un baiser déposé sur mon front !....
Je sais lors, qu'il y a au ciel, masquée ou non par les nuages, un étoile qui sourit !....
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Le vieux pommier....
Il était là du temps du Grand-Père, c'était bien avant la "Grande Guerre" en des années où le cidre trônait sur la table de tout breton digne de ce nom !...
Le vin et le rhum versés abondamment dans les tranchées, autant si ce n'est plus que le "sang des poilus", avaient fait taire en grande partie la chanson moussante et pétillante des vergers et des celliers...
Depuis, il poussait ses branches, ses bourgeons, ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, autant que ses forces le pouvaient... Les hivers se succédaient, plus ou moins longs et rigoureux, mais il faisait tout son possible pour ne pas rater le rendez-vous printanier...
Il avait ses visiteuses la floraison venue ; un essaim d'abeilles en provenance d'un landier proche où l'on pouvait encore jouer aux gendarmes et aux voleurs sans buter dans l'écritoire d'un promoteur !...
D'une série de dix arbres planté, en 1908, il était le dernier survivant !....
Sa résistance était celle d'un Celte têtu et courageux qui ne savourait jamais vaincu sur sa terre d'Armorique....
La Belle saison lui accordait de temps en temps un nid et quelques pépiements.... mais il n'était jamais privé de chants....
Cependant, d'une année sur l'autre, à ses pieds se répandaient et pourrissaient ses fruits qui, certes nourrissaient quelques oiseaux et campagnols, mais dont l'acidité accumulée finissait par atteindre et ronger ses racines... Il périclitait, lentement mais inéluctablement... Et cela il le savait ; sa sève ayant plus de difficulté à circuler et à irriguer des branches qui se figeait d'une année sur l'autre dans la mort...
Depuis trois ans maintenant une jeune pousse de gui suçait l'un de ses rameaux.
Elle l'envelopperait peu à peu d'un manchon de feuilles et de boules, aspirant sa sève comme une sangsue le sang....
Il est mort en l'année 1992, déraciné par une méchante tempête de Nordé venue de la pointe de la Hague armée de vents jusqu'aux dents !...
Ce pommier est un "Pommier d'Amour"...
Il nous enseigne que les fruits d'un arbre généreux et dispensateur de bienfaits ne sont pas faits pour mourir et pourrir dans la terre, mais pour être portés aux lèvres et aux becs de celles et de ceux qui savent remercier avec gratitude tous les dons offerts par l'Arbre de la vie et la forêt de ses semblables !...
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