Les dits du corbeau noir

REFLEXION : AMOUR ET NON AMOUR BRAN DU 2024 13 09 SEPTEMBRE

 

 

 

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AMOUR ET NON-AMOUR

 

 

09 09 2024 16 H 34

 

Visite de..... parfaitement consciente qu'elle n'arrive pas à « oser sa vie » et que les frustrations s'accumulent en ce sens depuis des années...

 

Ses élans sont rapidement confrontés à des freins et à des réticences, soit à des peurs nullement identifiées mais suffisamment puissantes pour sabrer la volonté de changement...

 

Il est vrai que « la peur de l'inconnu » est un rude obstacle à franchir mais dès qu'il est enfin franchit, on se demande vraiment pourquoi on a mit aussi longtemps à franchir le pas et à redonner du sens à son existence !

 

Son « partenaire » affectif et relationnel est lui-même engoncé dans un manège intérieur qui tourne en permanence sans trouver de sorties...

 

Il occupe le temps (télé, lecture, cinéma) à défaut de le vivre et d'agir en lui et sur lui... et les quelques distractions illusoires opérées ne sont pas de nature à faire vivre le couple qui s'étiole, se fracture et se fragmente de plus en plus...

 

Il y a deux alternatives dans la vie : subir ou agir....se soumettre ou se démettre, s'enfermer ou s'ouvrir, se libérer ou s'aliéner... etc...

 

Il est épuisant et désespérant de devoir réfléchir pour deux, d’œuvrer seul au sauvetage d'un couple en dépérissement notoire, d'être une force de propositions qui ne reçoit aucun entendement, aucune collaboration, aucun soutien, aucune proposition...

 

L'écoute instaurée, attentive, sans jugement, avec respect et en confiance libère une parole trop longtemps retenue et dont la macération interne et sans cesse prolongée et accentuée devient nocive et toxique tant pour le cœur que pour l'esprit...

 

Bien souvent, je n'ai rien à apprendre aux personnes qui vivent cela et qui en soufre cruellement, je ne peux qu'offrir une écoute attentive des mots libérateurs d'angoisse mais cela ne solutionnera et ne résoudra rien de la situation conflictuelle en accroissement inévitable si le constat clairement effectué ne débouche pas sur un désir et sur une ferme volonté de mettre en œuvre la compréhension évidente que l'on a de l'état des lieux et de la situation et des résolutions à prendre pour mettre fin aux dilemmes si destructeurs quand on les cultive faute d'agir efficacement dessus...

 

Bien souvent ; la « libération effectuée » est suivie d'un « Oui, mais.... » annonciateur en fait d'une fin de non recevoir et d'un renoncement à faire évoluer positivement la situation évoquée...

 

Ici , heureusement, la formulation de fin d'entretien est « Donc... » ce qui autorise et permet une mise en œuvre opérative et efficace des entendements produits, acceptés et validés...

 

Il n'empêche que les douleurs exprimées et manifestées physiquement (les larmes coulent sur le visage) ne peuvent que vous toucher émotionnellement même si vous devez rester en retrait de ces affects....

 

Si aimé et être aimé ( vieil adage breton mais universel) demeure au registre de l'essentialité existentielle, ceux et celles qui sont privés de cela méritent certes notre compassion mais non un apitoiement car celui-ci, totalement inopportun, leur enlèverait leur « dignité »...

 

Il arrive que « trop c'est trop » et que continuer à supporter l'insupportable pourrait conduire à une forme de démence interne très destructrice de la personne malaxée par une souffrance redondante et sans fin...

 

Il ne s'agit pas de « déresponsabiliser » la personne, bien au contraire mais de lui redonner confiance en elle-même, de la conforter dans sa vision intrinsèque des êtres et des choses, dans ses aspirations légitimes, intimes et profondes à être enfin « vivante » dans le Vivant de la Vie »...

 

Elle seule détient les clefs de sa propre prison et de ses enfermements et vous ne pourrez rien décloisonner pour elle qu'elle n'ait déjà mit à bas...

 

On ne saurait demeurer spectateur stoïque d'une vie qui n'est pas la nôtre, qui ne peut contenter nos attentes et nos plus légitimes aspirations...

 

La Vie nous invite et nous convie à être acteur (libre, conscient, responsable) de notre existence non pour une représentation factice de notre « Etre au Monde » mais bien pour en densifier et en intensifier

l'Anima qui lors agit en nous et à travers nous...

 

Pour l'heure, pour l'instant et au cœur même du désemparement produit, la priorité, l'urgence, c'est de retrouver confiance dans la Force, l'Energie et la Lumière d'Amour, de sentir que la capacité, le désir, la volonté d'aimer et d'être aimé demeure et persiste, de préserver sa dignité d'Homme ou de Femme à entretenir cette liberté, consciente et responsable, à ne plus supporter l'insupportable mais à porter, à conforter en soi un état d'être et une espérance pour celui-ci qui ne soit plus la négation de ses aspirations les plus profondes et légitimes...

 

Cette « dignité », c'est aussi montrer à ses enfants, à ses fils ou à ses filles que l'on sait encore lutter et se battre pour démontrer que l'Amour en soi ne faillit pas, n'est pas sujet systématique à l'échec, ne saurait être vaincu ni terrassé par le « non-amour », n'est pas une mission impossible tant qu'il demeure une flamme, même fragilisée, dans le foyer assombri de notre cœur...

 

Pour rappel, ce n'est pas nous qui « faisons l'Amour », mais c'est l'Amour qui nous fait, qui « noue le « Je » au « Nous » et nous qui nous défaisons ou non de Lui !

 

Quand le « Je » se retire du « Nous », ne sait plus ou ne veut plus « nourrir » celui-ci, prend ses distances, malaxe ses propres et sourdes lamentations intérieures, s'insurge contre un sort auquel il contribue directement, se complaît dans l'impuissance à agir pour lui, s'enferme dans l'illusion d'un bonheur futile, factice et dérisoire, agite le vent de la dérision, de l'apathie, du renoncement, alors le Nous ne tarde pas à s 'étioler et à voler en éclats...

 

La maintenance de l'Amour au sein du Nous, demande deux veilleurs deux gardiens, deux « lutteurs » qui s'entraident et s'épaulent pour non seulement sa préservation mais pour son épanouissement et son rayonnement...

 

Cela ne peut reposer sur l'épaule d'un seul, vite épuisé à penser, à concevoir, à agir, à imaginer, à se battre et à aimer pour deux....

 

Le fait de sentir, de constater que notre partenaire de vies ne collabore pas, ne s'investit pas dans la sauvegarde du « Nous » jadis amoureux amène chez le « résistant », le « résilient », le doute, l'incertitude, l'indécision, la désorientation puis le renoncement...

 

Savoir que, au-delà et par-delà les épreuves redoutables traversées on préserve en soi un foyer d'Amour (alors que celui du « Nous » n'est plus qu'un amas de cendre qui fume) est un gage d'avenir et de devenir d'un plus heureux hospice, une promesse de nouvelles potentialités d'aimer et d'être aimé...

 

L'Amour ne saurait perdre quoi que ce soit de sa Substance et de son Essence, il ne saurait être en quoi que ce soit mit ou remit en cause ou être, lui-même, le sujet de procès car c'est ce que nous faisons ou ne faisons pas de Lui qui seul fera ou non l'objet d'un jugement pour défaillance notoire en notre cœur ou en nos sentiments...

 

Mieux vaut parfois la rupture, la séparation, la distanciation voir le divorce que de donner à ses enfants, à ses proches, l'image d'un Amour qui se délite et se dégrade lamentablement et irrévocablement à leurs yeux au fil des jours et du quotidien...

 

Ne faut-il pas alors, n'est-il pas souhaitable de faire élection ou d'accueillir un aimant, un amant, pour vivre de nouveau ce qui ne se vit plus ?

 

Cela affecterait la « moralité » dit-on, mais est-ce moral de ne plus concélébrer l'Amour auquel on a fait promesse de durabilité ; est-ce moral de trahir, de délaisser, de négliger les engagements d'une union d'Amour mutuel, est-ce moral de priver l'autre des noces, banquets et arches d'alliances constitutifs du Nous Lui-même, est-ce moral que l'Amour conjoint devienne une parodie, une mascarade, un faux-semblant, un jeu de dupes tout cela entretenant et fortifiant les douleurs, les peines, les frustrations et les souffrances ?

 

///...

 

Quand des larmes, authentiques, sincères, coulent et se déversent naturellement des yeux, apparaît alors l'Être humain, désespéramment mais aussi grandement humain...

 

A cet instant son humanité est nue, exonérée de tout artifice et de tout masque, épurée de toute dissimulation...

 

Et la beauté naît à ce moment même et incarne dans ses expressions le vrai, le juste, l'avéré, l'émouvant et le troublant, la solidarité, la compassion, le réconfort, l'entendement profond et commun...

 

Lors l'humanité retrouve son nom et sa dignité....

 

Lors s'ouvrent les deux bras du cœur qui se referment avec douceur et tendresse autour de l'Amour généreusement pressé sur deux poitrines conjointes...

 

///...

 

Dire et de façon malhabile combien me touche cette Femme si fragile mais capable de forces insoupçonnées...

 

 

Oui, à la voir, à l'entendre, à écouter ses silences ou ses mots, à suivre ses gestes, ses regards qui conjuguent l'instant en ses épanchements mesurés avec l'intimité de ses profondeurs intérieures, on ne peut qu'être ému par des éclats de vérité qui vous éclabousse le cœur et les sens...

 

 

Vraie cette femme, vrais ses élans et ses retenues, vrai son désarroi, vraies ses craintes et inquiétudes, vraies les sourdes peurs qui s'accumulent, vraies les larmes de son visage, vraie son écoute, vraie son attention, vraie sa confiance...

 

 

Et cela me percute en plein cœur comme tout être qui aspire encore et encore à aimer mais qui se heurte à des refus d'entendements conjoints, à une fuite, à une lâcheté même d'un partenaire qui lui ne se bat plus, ne lutte plus pour ce lien qui fut le leur et qui se délite, se fragmente, s’effiloche de plus en plus... et contre lequel on se sent impuissant à changer quoi que ce soit...

 

 

Le « Non-Amour », il est là le « drame » humain et nulle part ailleurs, ce refus d'offrir et de donner la meilleur part de soi-même, celle qui transfigure toutes les autres...

 

 

La « dépossession » apparente est un gage de plénitude reçu en retour d'Amour.... On ne possède rien d'autre d'important, de conséquent, d'essentiel, que la faculté d'aimer et d'en faire offrande à la Vie...

 

Plus la fontaine s'écoule et plus elle se remplit...

 

Le vide du vase attend son bouquet...

 

Chaque épaule aimante attend que s'y pose la confiance apaisée et confortée d'un corps et d'un cœur...

 

Nous sommes tous et toutes frères et sœurs de souffrance et de joie, de doute et d'espérance, d'élan et de retenue, d'ouverture et d'enfermement, d'amour et de non-amour....

 

Les arbres donnent tous leurs fruits et, parfois, ceux-ci pourrissent à leur pied faute d'être cueillis mais en chaque fruit se tiennent les germes, les graines, les semences d'un verger à venir...

 

Bien fraternellement     Bran Du



13/09/2024
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