Réflexion : De l'individu et de son groupe d'appartenance.... Bran du 02 11 2014
"Ce millénaire sera spirituel ou ne sera pas." André Malraux
Réflexion L'individu et le groupe Bran du 01 11 2014
Il y a autant de formes de "druidité" que de druides ou de druidesses donc de conceptions de formes et parfois de fonds...
C'est là une richesse de créativité, d'invention, de novation, de mises en oeuvre et de pratiques ; richesse qui, toutefois, n'est pas sans faiblesse quand il s'agit de réaliser la compréhension, l'adhésion, le partage, la con-célébration sur des axes majeurs et des lignes de forces qui n'apparaissent pas comme tels pour certains membres de la communauté et qui impliquent pour être en équilibre et en harmonie un réel égrégore des participants...
Si l'attente, le besoin, représentent une trop grande disparité, il ne sera pas possible de satisfaire tout le monde, l'individu et le groupe...
La recherche du plus petit ou du plus grand dénominateur commun demande effort, courage, exigence, tolérance, dialogue permanent, écoute, attention, sagesse et maîtrise, entendement dans l'essentialité de ce qui fonde une démarche et une communauté de démarches associées....
Le groupe présente deux aspects qu'il est indispensable de concilier ; il apporte d'un côté une "sécurité", un réconfort, mais implique, de l'autre côté, une liberté soumise aux nécessités de cohésion du dit groupe, soit une conscience, un désir et une volonté de faire groupe à travers suffisamment de dénominateurs communs jugés essentiels et indispensables et amenant de ce fait des efforts pour ajuster son désir personnel au désir commun et en le régulant si nécessaire ....
(Par ailleurs, la forme trop souvent revêt une importance excessive comparée au fond censé l'induire et l'inspirer et on assiste à un renversement de valeur assez paradoxal où le spirituel se trouve dépendant du matériel qui demeure prédominant dans la conduite des aptitudes et des comportements, des choix et des décisions.)...
Comment animer un groupe sans se trouver face à une disparité trop conséquente d'attentes individuelles qui ne peuvent être toutes satisfaites pleinement ?
A l'image d'une société (la nôtre) qui vit "globalement" dans une certaine abondance, la peur du manque est toujours autant exacerbée et induit des attitudes d'accaparement démesurées pour satisfaire un besoin sécuritaire qui prend en otage le besoin de liberté et réduit celui-ci à une dépendance permanente....
Ce qui vaut pour l'ensemble majoritaire de nos sociétés modernes se retrouve dans le microcosme des petites communautés d'appartenance....
Nos communautés druidisantes n'échappent pas à ces observations sociologiques et comportementales...
Il est souhaitable de connaître et d'avoir conscience de ces "problématiques" si l'on veut essayer de diminuer leurs néfastes impacts sur une "vie de groupe" harmonieuse et soucieuse, collectivement, de son équilibre...
Dès que vous faîtes appel à une forme de discipline communautaire à travers des organisations et structures nécessaires pour maintenir, renforcer ou accroître la cohésion et le "bon fonctionnement" du groupe, on se trouve confronté à des réticences individuelles axées sur leur besoin personnel qui ne peuvent et ne veulent concéder au collectif une diminution ou régulation de leurs propres attentes...
La peur du manque fait que l'on demande au groupe de satisfaire toutes les attentes et, à défaut de satisfaction en ce domaine, on ira voir ailleurs non sans porter sur les animateurs ou animatrices de l'ancien groupe des jugements sévères et excessifs déformants la réalité des situations et des événements ayant engendré un "départ", une "rupture"... (Ceci pouvant mener à des agressivités et à une violence de propos de la part de la personne insatisfaite.)...
Dès que l'on fait état d'effort, d'exigence, d'engagement, de fidélité, d'assiduité, dans la fréquentation d'un groupe, les postulants à l'adhésion dans le groupe s'éclipsent considérant cela comme une forme d'autoritarisme et une atteinte à leur liberté !....
La problématique consiste donc à trouver une articulation équilibrée entre un singulier et un pluriel... Comment le singulier peut-il nourrir le pluriel et inversement ?
Cela ne peut se réaliser que dans la conscience, le désir et la volonté acceptée, réciproque et comprise de pratiquer l'échange, la rencontre, le dialogue dans un esprit "comme un" où chaque fragment sert un Tout et où le Tout satisfait chaque fragment....
Comment aider, avec quelles méthodes, outils, pratiques, chacun et chacune à concilier le tout et la partie ?
Pour éléments de réponse on peut avancer que la sagesse éclairée par une spiritualité est de nature à aider à trouver une résolution globalement satisfaisante....
Toutes les véritables sagesses du monde ont pour vocation essentielle de développer une pensée qui apporte l'équilibre et l'harmonie tant individuelle que communautaire...
Pour autant que l'on soit en mesure de leur reconnaître cette heureuse disposition et que l'on mette en oeuvre (dans le respect et la confiance) ce qu'elles nous enseignent....
Il est vrai que l'on attend d'un animateur ou d'une animatrice d'un groupe druidique de nombreuses facultés et compétences tant au niveau des sciences de l'ovate, des disciplines bardiques que des synthèses de compétences et de facultés animant le druidicat...
A l'enseignement de la sagesse, à la maîtrise du Verbe, de la Parole, du Langage s'ajoute la capacité d'un thérapeute qui sait entendre et accompagner l'humain et l'aider dans la recherche de "diverses guérisons" considérées comme de son ressort et de ses capacités...
Cela fait beaucoup pour un seul homme ou une seule femme ?
L'idéal voudrait que ce soit le groupe en son entier qui associant de façon coopérative et en symbiose toutes ses facultés, capacités, compétences, expériences soit le chaudron collectif, efficient et opératif de de sagesse, de guérison et de maîtrise du Verbe...
Connaître et comprendre la racine de ce qui induit nos problématiques individuelles et collectives et leurs conséquences fastes ou néfastes à tous et à chacun. C'est là une recherche primordiale qui passe par la maîtrise de diverses disciplines associées en sciences humaines....
Nous ne pouvons pas demander à des êtres fondamentalement dissociés de faire association de corps, de coeur, d'esprit et d'âmes au sein d'une appartenance mutuelle...
Tant que les dissociations internes demeurent dans le tréfonds de l'être, il n'est pas possible d'aller vers un groupement mutuel et de s'agréger avec sens, conscience et intelligence à celui-ci en acceptant le fait que cette adhésion au collectif demandera un effort important à l'individu et que la somme des individus assemblés comportera des valeurs positives nourrissant tant le sécuritaire que le libertaire...
La Force du groupe distribuant énergie et lumière à tous et à chacun car tous et chacun étant apporteurs, accordés et concordants, au sein du dit groupe...
Nous ne sommes pas sans outils adaptés pour tendre vers l'entendement et a la compréhension et une vision partagée du nécessaire, de l'indispensable, du fondamental et de l'essentiel dans notre vie individuelle et conjointe....
La conscience ne suffit pas, le désir, la volonté n'ont plus, tant que les "traumatismes " d'éducation, de croissance, de développement n'ont pas été identifiés et sainement régulés...
La racine existe, mais dans quel état ? Dans quel état de "peur", d'angoisse, de frustration, d'incompréhension, d'ignorance, de malaise et de mal-être et avec les cumuls de souffrance qui en résultent ?....
Le spirituel s'exprime dans la pleine liberté de l'être mais le besoin sécuritaire exacerbé, disproportionné, se trouve lui inféodé à une corporéité et une matérialité qui s'imposent en préséance ; ce qui amène à ce que le dit spirituel soit subordonné aux exigences des peurs et angoisses sécuritaires liées aux nécessités biologiques premières souvent débordées par des secondaires plus artificielles et superficielles...
Cet état de faits et de situations se retrouve dans bien des communautés humaines et sont à l'origine d'une grande mouvance des "cheminants" et "cheminantes" en druidité qui se véhiculent d'un groupe à l'autre en fonction
de la satisfaction ou de l'insatisfaction rencontrée.
Si le choix peut s'avérer justifier face à des comportements, attitudes et contenus "discutables" ce n'est pas toujours le cas et cela démontre alors la superficialité ou le profond individualisme de la démarche....
La tendance est malheureusement au "consumérisme" spirituel et à la difficulté du "moi" à s'intégrer dans une communauté d'apports réciproques et équitables pour tous et chacun...
Nulle communauté ne pourra progresser et avancer en maturité, équilibre et sagesse, si elle ne peut cheminer sur une "Voie médiane", sur une "Voie du Milieu", comprise, souhaitée, entendue et attendue et investie par tous et chacun.