REFLEXION : NOURRIR CEUX ET CELLES QUI "NOURRISSENT" 2018 BRAN DU 28 04 AVRIL
Réflexions : Nourrir ceux et celles qui "nourrissent"...
Bran du Avril 2018
L'Anthropocène ? !
Soit le concept d'une nouvelle ère géologique directement et fortement impactée par la société humaine avec tous les risques qui concourent au devenir incertain de celle-ci...
C'est en fait une question essentielle d'ailleurs qui porte sur le thème même d'humanité et ce que l'on met en ce terme de conceptions et d'entendements...
Cela pose aussi et avec pertinence la question de notre responsabilité envers tous le vivant et toutes les formes du vivant, envers tous les règnes, tous les êtres et toutes les « choses » à la fois passées, présentes et en potentialité de devenir...
Il nous est dit radio-phoniquement et par publications littéraires et journalistiques qu'il appartient aux philosophes de rendre « visibles» de tels concepts récemment élaborés par les archéologues lesquels se réservent le droit de se positionner que dans le long terme alors que des artisans de la pensée et de l'art s'empare de cette dénomination afin d'agir immédiatement dans le champ de la conscience sur ce que ce point de vue engage pour chacun d'entre nous et ce, ici et maintenant, et en tous les points de la planète...
Si nous nous reportons aux pensées traditionnelles, celles-ci nous avaient déjà invités à « rendre visible l'invisible » ce qui est l'un des fondements d'ailleurs de la démarche artistique sans toutefois trahir ou défigurer l'Essence et l'Anima qui, traditionnellement, président à toute mise en pensée, en acte et en forme...
Pour autant que nous concevons que notre « modernité » a réellement de fâcheuses et inquiétantes répercussions sur les lois naturelles qui régissent l'ensemble de la Vie sur terre, il appartient à tous et à chacun de mener une saine et objective réflexion sur ce sujet d'une actualité assez évidente, mais objet aussi d'appropriations et de détournements idéologiques assez éloignés de la réalité initiale du concept proposé à notre « méditation »...
Quel est la nature, la portée, la conséquence de mes pensées, intentions, volontés et actes vis-à-vis de l'environnement humain qui m'entoure et leurs « impacts » sur tous les règnes confondus et concernés qui co-participent avec moi-même aux expressions du vivant (qu'il soit « mobile » ou « immobile ») ?...
Observant de très près « l'évolution » socio-culturelle de ces dernières décennies, le constat s'impose d'une monté graduelle de « sensibilisations » ouvrant sur un état de conscience prenant en compte l'ensemble complexe et inter-relié des graves déséquilibres et des disharmonies et autres dissonances qui fait craindre le pire et redouter de la possible non pérennité du « Vivant » !...
Cet accroissement de conscientisation est à la fois individuel et collectif mais, encore très « embryonnaire ».
Il est battu en brèches par tous les tenants d'une chosification et marchandisation arrogante et outrancière de la « matière » vivante qui sentent que leurs pouvoirs et leur puissance exponentielle sont compromis par des attitudes de résilience vis-à-vis d'eux et du chaos qu'ils génèrent sous couvert de « progrès » des sciences et des techniques...
On assiste à un fleurissement d'initiatives novatrices et pionnières, audacieuses, sympathiquement utopiques, au sens objectif et dynamisant du terme, mais qui se heurtent, passés les premiers stades enthousiastes de développement, à un « plafond » d'expansion car « dévitalisé» moralement par une législation des plus lourdes conçue, sous prétexte de pseudo-sécurité », pour faire avorter tout investissement qui pourrait faire levier sur ce qui est de nature à
co-participer à un changement profond et fondé de paradigme sociétal !..
A cela s'ajoutent les contraintes économiques et financières qui font que de très nombreux artistes ou associations ne peuvent plus assumer dignement leur nécessité biologique et/ou organisationnelle qui implique de satisfaire des besoins matériels élémentaires...
L'imagination, la créativité, peuvent certes suppléer à diverses nécessités, mais ne peuvent prétendre tout résoudre à certains stades de développement et d'investigations...
Autre point abordé :
L'indifférence à tout ce qui n'entre pas dans les paramètres et critères d’intérêt de nos contemporains inféodés à leur mode de fonctionnement et aux formatages qui ont présidé à celui-ci et qui continuent de l'entretenir via les technologies savamment mises en œuvre à cet effet...
Un tout petit exemple :
j'ai récemment installé, sur un sentier de randonnée très pratiqué, des œuvres inspirées du « Land'art » ou « Art-Nature » et j'observe de ma fenêtre les différents états que cela provoque sur les passants...
Cela me conforte dans le fait qu'il y a au moins deux grandes catégories de personnes qui déambulent sur une sente vouée à la découverte de la Nature :
Ceux qui tracent, filent, courent où ne suivent que la route que leur mental déroule devant eux et qui demeurent totalement aveugles et indifférents à tout ce qu'ils traversent, enfermés dans leur corset corporel, analytique et rationnel, enclos dans la performance physique à réaliser et qui ne laissant aucune place aux perceptions sensibles et émotionnelles et ceux qui portent regard à tous les visages et figures d'un vivant qui s'offre, par vertu de beauté, de vérité et de don, à la rencontre, par intimité et profondeur, affinité et résonance, découverte et interpellation...
Il y a ceux pour qui l'art (celui de la Nature ou celui inspiré par Celle-ci) est une substance nourricière à tous les niveaux de l'être et d'autres pour qui, en dehors de leur existence scénique qui veut qu'ils soient « seul en scène » en ce monde, ne conçoivent l'alentour que comme un décor de carton-pâte censé, tout au plus, de valoriser leur personnage...
Pour avoir été, depuis plus de quarante années au moins, un artisan de la rencontre, de l'échange, de la découverte, du partage, de la sensibilisation et de la conscientisation et ce, à partir d'activités et d'éléments expérimentés et maîtrisés de « sagesse » et de « connaissance », je constate que, de rares exceptions étant faites, ne sont « touchées » que des personnes qui sont déjà, elles-mêmes, en situation de « démarches », de quêtes et de recherches essentielles et fondamentales pour leur existence et les rapports auxquels, élémentairement et primordialement, aspire leur vive, lucide et claire présence en ce monde...
Des dizaines, plus d'une centaine au moins, d'initiatives ont été conçues et mises en œuvre à mon niveau au sein d'une équipe bénévole avec une éthique impliquant le respect, l'ouverture, la confiance, l'authenticité, le libre arbitre et la libre critique, l'écoute et l'attention...
Le résultat étant que ne viennent à ces sources et fontaines du don que ceux dont le cœur et l'esprit sont prédisposés ou aimantés par une soif sincère et motivée de celles-ci et qui y portent leurs lèvres afin d'en retirer les forces, énergies et lumières aptes à les conforter et stimuler et à leur apporter les bons soins nécessaires à leur équilibre...
Dépenser une masse assez énorme d'énergies, de défis et d'audaces n'est pas sans épuiser ceux et celles qui se font puisatiers de tels jaillissements surtout quand une part conséquente d'individus n'ont aucun goût ni désir pour de tel puits et fontaines qu'ils araseraient volontiers pour les transformer en parking ou en super-marchés !...
Aussi j'oriente de plus en plus ma démarche personnelle, traditionnelle, socio-culturelle, écologique, philosophique, altruiste et spirituelle dans l'idée que, à défaut de postulants à l'éveil, ou en capacité d'éveil, il est souhaitable que toute énergie dispensée généreusement et avec abondance ne soit pas « gaspillée inutilement » comme c'est très souvent le cas ; la grande majorité des rencontres proposées ne rencontre en effet que ceux déjà disposés à les vivre et à les animer...
Et c'est bien souvent toujours les mêmes que ceux qui fréquentent des réseaux en résonance et affinité avec leurs légitimes attentes et aspirations...
Que puis-je lors proposer, dans cette perspective et ce constat, qui soit efficace et opératif si ce n'est l'idée et sa mise en pratique, de « nourrir » ceux qui déjà nourrissent à leur propre niveau, et sous une forme ou une autre, leurs semblables et qui ont besoin pour mener à bien leurs initiatives et investissements de « force, d'énergie et de lumière.»
C'est à l'artiste de pourvoir généreusement à ce don à travers les talents, compétences, expériences, maîtrises, connaissances qui sont la résultante de ses propres démarches, entendements et conceptions...
Motiver, stimuler, pratiquer l'émulation, apporter les substances qui seront de nature à dynamiser tous et chacun dans leur, entreprises vitales, exigeantes et salutaires, c'est là la fonction qui me semble trouver la plus sage des implications au sein des mouvances troubles parfois déroutantes de notre époque...
Conforter, réconforter, sustenter les passeurs et pontonniers d'un meilleur devenir, d'une nouvelle et plus saine et sereine perspective humanitaire, me semble être ce que l'on peut attendre et demander aux artistes, aux artisans de la vie, aux sacerdotes en lien étroit avec un divin et un sacré totalement délesté du poids des dogmes et des manipulations idéologiques...
"Nourrir ceux qui nourrissent", prendre soin de tout le vivant actuel et en devenir, rechercher, établir ou rétablir les équilibres et les harmonies en nous-mêmes d'abord puis là où nous nous trouvons et dans le champ relationnel et environnemental qui est le nôtre, avec les moyens; les idées, les expériences, les visions et perceptions sensibles et intelligentes que nous disposons... Tout un programme !
C'est tout cela aussi que je mets en oeuvre à travers la musique, la parole, la poésie et le chant...