Réflexions en vrac mais ordonnées ! Bran du 07 10 2013
Divers et variés, les propos ici exposés....
Foret de HUELGOAT Bran du 2013
Le vent et la pluie ont giflé et fouetté les feuilles depuis l'aube...
La fraîcheur est extrême à l'approche du sous-bois...
Les herbes lourdes sont gorgées d'eau et les ornières des allées ont fait le plein...
L'humidité est partout qui infiltre chaque chose ; écorce comme peau, plume comme poil...
Mais le soleil s'en vient qui perce de ses rayons ardents toute la contrée...
Lors se forment les brumes, s'ennoyent les vallées, s'enveloppent les arbres happés dans les nuées...
Les ramures au loin s'apparentent à des voiliers fantômes surgis de l'océan végétal...
C'est en baignant dans ce halo vaporeux que j'entre sous le couvert des branches...
L'humus exhale fortement son odeur de décomposition... Les champignons, les insectes linicoles sont à l'oeuvre...
Je suis déjà trempé jusqu'aux cuisses, mais qu'importe puisque je viens, à vif et à nu, avec désir et volonté consciente et aimante, pour ce “bain” salutaire de senteurs, de contacts, de visions, d'entendements subtiles et même voluptueux...
Impétrant je suis qui se veut pénétré d'essentialité absolue, infinie....
Je ne suis que réceptivité ; que corbeille offerte aux fruits que la nature généreuse, bienveillante, voudra bien y déposer...
Tout se tient déjà là, dans le franchissement ému de la lisière,
dans cette sensation aigue qu'il me faut, préalablement, ouvrir les rideaux et les volets de cette Chambre d'Amour sylvestre afin que mes pensées puissent attirer le “baiser du prince” et s'éveiller, enchantée et ravie, en l'alcove de verre aux soixante dix fenêtres ouvertes sur les mondes !...
Grande sagesse est le passage, le franchissement, le saut, que l'on fait par-dessus l'ordinaire du temps et de l'espace afin de découvrir ces territoires d'aubier et de sève, d'ombre et de lumière, d'écorce et d'argile, de mousse et de bruyère, qui ne sont qu'autant de reflets intérieurs d'une foret primaire contenue entre nos muscles et nos os et dissimulée en notre propre chair...
Les ultras violet irradient lors au-dessus de la clairière et l'aurore, sortie de son bain, se sèche au bout des feuilles et des tiges, puis, s'évapore en volutes blanches happées par le vaisseau des nuages transhumant par le Nord...
Je suis, ici et maintenant, au-delà et par-delà l'instant qui se concentre en mes sens pour en conjuguer un bonheur qui est l'auxiliaire des verbes, aimer, sentir, ressentir, percevoir, étreindre, épouser, toucher, caresser, humer, goûter, contempler, méditer,....
Il s'agit d'instaurer et de restaurer les liens trop distendus entre ce qui fut, est et devient...
Il s'agit d'être de nouveau en accord et en résonance, de faire de l'instrument de mon être cet accord même et cette résonnance... de se tenir au rythme de ce pouls qui se veut pervibrer coeur contre coeur...
Offert et ouvert sont les maîtres mots d'une pénétration sensorielle et émotionnelle qui n'a rien à envier à celle que concélébrent les élans amoureux où les corps se conjoignent dans un transvasement alchimique et généreux d'eau et de feu...
Nous avons ici mais encore préservé pour combien de temps, un ultime recours, un bienveillant recours, que nous devons à ces espaces forestiers dont chaque essence est dispensatrice de soins et de guérisons, où chaque forme, chaque senteur, chaque couleur, composent une partition qui nous recompose en Etre et en Essence....
C'est terre de jouvence que ce terreau d'où naît la beauté qui transfigure nos laideurs...
C'est dans l'inconscience que nous avons de ces liens privilégiés avec cette Mère, que certains amants appellent Nature, que se fromentent les grains de sable qui feront de nos paradis arbustif un futur désert !
Si nous ne sommes plus capable d'arpenter de plein corps, de plein coeur et l'esprit avisé et avivé, les layons qui sillonnent la “sylva forestis” et ce, comme les courants brassent et embrassent les artères marines, alors oui, nous serons orphelins à jamais de ce sein où s'allaitent les saisons et les étoiles !...
…..........................................................................................
Alors que je couche par écrit ces mots jaillis de mes pensées, de ma mémoire fidèle, et qu'ils se déversent sur mes lèvres comme sur la margelle d'une fontaine, j'entends, sur d'autres ondes, Mathieu Ricard, ce scientifique converti au bouddhisme, étendre sur l'inconscience du monde, le drapeau jaune et orange de sa parole de sagesse...
C'est un appel à la “sollicitude” que ce safran rayonnant qui fouette le tissu rugueux et froissé de nos mésententes, de nos absurdités, qui fait claquer à nos oreilles l'étoffe même du vivre avant qu'elle ne soit livrée à la déchirure de l'orgeuil et du mensonge......
Il tisse avec patience et pertinence, et non sans un ferme et savant aplomb, un trait d'union entre sagesse et science, vie moderne et Tradition...
Il prône, arguments et statistiques à l'appui, ce que la sagesse de tout temps nous enseigne : le retour salutaire, rénovateur, régénérateur, à la “coopération” solidaire, symbiotique, partenariale entre tout ce qui participe du vivant et de sa pérénité..
A l'égoïsme si répandu et si destructeur, il oppose les valeurs altruistes et compasionnelles qui sont les seuls remèdes à notre maladie de la destruction, de l'exclusion, de l'asservissement et de l'accaparement...
Il préfère aux termex de “développement durable” ou de “décroissance”, quelque peu malmenés idéologiquement, celui “d'harmonie durable” et rejoint en cela les fondements mêmes de toute véritable sagesse : le retour périodique, saisonnier, mais aussi quotidien, aux équilibres et aux harmonies...
Et ce n'est pas pour rien que ces termes sont, au sein de la doctrine druidique, de “l'Etat de Druidité”, l'enseignement premier et majeur... Cela confirme le pourquoi de leur permanence, de leur redondance, de leur rappel, de leur présence, au sein même des chroniques et articles qui se sont succédés sur ce blog qui se veut à leur service et aux services de ceux et de celles qui en incarnent authentiquement les vertus et valeurs afin de porter véritablement témoignage de leur efficience en toute pensée, en tout acte et en toute chose...
…...........................................................................................
Alors que la barque solaire redescend de jour en jour vers les abîmes obscurs de la traversée hivernale qui se présentera bientôt à sa proue, engrangeons la manne providentielle chaleureusement déversée par les cieux, faisons provision de “lumière”...
Il me semble en effet que le dit hiver s'attarde de plus en plus dans les saisons de l'homme, ce “fugitivus errans” (cet errant fugitif) qui ne sait plus faire naître ni retrouver en lui l'extase festive qui jadis affluait aux banquets du Dagda, de Lug, de Pan, de Cernunnos ou de Dyonisos !
…..........................................................................................
“La fin des terres (Finisterae) est dans l'éther ; l'immensité ; l”immense cité du peuple des airs !”
….........................................................................................
Dans l'antre des ténèbres, là où des racines plongent dans une béance infinie, là où la gangue des nuits enserre l'amande originelle, le “noyau dur du possible” processionne un cortège de lumière !...
Nuée et vapeur blanche que ce cortège évanescent qui va déambulant dans les artères d'un autre sang, immortel et incolore...
Un monde réduit à la seule matière, qui fait de la matière son maître intransigeant, ne peut recevoir en son sein ni germe, ni grane, ni semence.....
Aucun hymne à la vie, aucun chant auroral, ne peuvent naître ou rejaillir de cette décomposition qui s'est refusée aux visites fécondantes et aimantes de l'Esprit....
Toutefois, cependant et malgrè cet entêtement, cette obstination et cette arrogance ; malgré aussi l'inconscience de ces corps qui se disent vivants ; depuis toujours, sur les sentes d'amour, pérégrine l'amour appuyé sur son bâton d'espérance !
…..............................................................................................................