Retour en Brocéliande octobre 2014 Bran du
Retour en Brocéliande..... A l'approche de la Samain 2014 Bran du
L'Arbre... l'Arbre de tous les arbres... l'Arbre Premier...
Je le cherche dans l'humus et le terreau de ma mémoire...
J'affouille les siècles de tourbes accumulées...
Je veux en sucer la racine !....
J'ai sève d'un songe millénaire...
J'ai résine coulant à mes flancs, répandant son ambre d'or, sur mes hanches et mes cuisses ; sur le tronc brûlant de mes fièvres...
L'ancienne Forêt, l'antique Forêt...
Mes bras s'y ramifient, ma pensée en est le surgeon...
J'en ai feuille au bout des doigts...
J'en ai la verdeur et j'en ai la rousseur...
Comme Elle, je flambe en l'automne de la joie, comme Elle je flamboie...
D'Elle, j'ai glandée de connaissance : d'Elle je fais semence de mon corps, de ma mort, de mon chant, de ma voix...
Ma peau résonne comme résonne le cuir frappé des saisons...
Je suis, de la Forêt, la clameur des bourgeons, le fruit sur la branche...
Et la neige qui sur elle fond m'est printemps de délivrance...
Forêt de mes amours, forêt de mon enfance ;
Sang et lait de ma Celte renaissance,
Je suis de ton aubier sous l'écorce de mon nom
Et j'ai cernes des âges qui auréolent mon coeur...
Forestière est la Matrice
Qui bouillonne sous mes tempes...
En Elle se fraye le passage du berceau au trépas ;
En Elle progresse l'âme, pas à pas....
En Elle et par Elle se transmute l'Essence...
Sous mes paumes, je sens O Forêt, tes pulsations de lichens et de mousses ;
Tout cela qui en moi fait écho et juste résonance...
Qui a dit que ton coeur était froid ?
Brocéliande...
Tu bats en moi
"Chamaniquement", tu bats....
Et tout ce qui me constitue viscéralement, élémentairement, fondamentalement, primordialement, se lève en moi, pour la Danse...
La forêt est ce tambour immense que le soleil et la lune frappent de leurs rayons... Je me lève, oui, je me lève et je rentre en transe... Je prends feu dans l'immense ; je fais braise de ma voix...
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Comptine pour de petites brindilles :
"Je tourne neuf fois dans le Chaudron
Je suis une petite brindille ; achillée est mon nom...
Trois tours, trois tours et encore trois tours ;
De la Vie je fais le tour....
Neuf fois je tourne en rond ;
Trois fois trois, neuf, font...
L'avenir, c'est moi qui le dira
et deux autres soeurs avec moi !...
Plonge ta pensée, plonge ton coeur, en mes neuf tourbillons...
Ceux-ci t'apprendront la Spirale qui chante et qui danse
Ceux-ci t'enseigneront, de la Vie, la Chanson !"...
"Je tourne neuf fois dans le Chaudron
Je suis une petite brindille ; achillée est mon nom...
Trois tours, trois tours et encore trois tours...
De la Vie je fais le tour....
Neuf fois je tourne en rond ;
Trois fois trois, neuf, font...
L'avenir, c'est moi qui le dira
et deux autres soeurs avec moi !...
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Qu'as-tu laissé à tes pieds, année après année, de feuilles mortes, pour pouvoir y planter les glands de l'espérance ?
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Nous passons à côté, si souvent à côté....
Mais jamais ne passons outre
De ce qui nous fait mettre de côté ce à quoi l'instant nous invite !...
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Cela va de SOI !
Le temple est en SOI...
Le pèlerinage est en SOI....
Le labyrinthe est en SOI...
L'île est en SOI....
L'étoile est en SOI...
Le mystère est en SOI...
La réponse est en SOI...
La quête est en SOI....
L'essentiel est en SOI....
L'Amour, La Vie, la Mort, sont en SOI...
L'Univers est en SOI....
"Dieu" même est en SOI...
Principe et Essence sont en SOI...
Tout est en SOI qui invite au partage et à l'échange / Tout ce que le MOI délaisse pour ne se soucier que de lui-même !...
Au coeur du sOi et du mOi réside un identique Cercle ; selon "l'anima" qu'on lui donne, l'un prédispose à l'étouffement, au rétrécissement, à l'étranglement et l'autre à l'ouverture, à l'élargissement, à la plus ample des respirations....
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Une après-midi le long de l'Aff en Brocéliande.... Bran du 08 10 2014
L'Aff de nouveau boit à pleine gorgée les déverses du ciel en ce mois d'octobre...
Son lit estival était à sec, nul ondoiement, nulle mélodie liquide, pour le border en cet été indien aux températures des plus inattendues....
Mais voilà les vents sont venus au secours de la belle qui avait perdu sa robe translucide et chatoyante sous les reflets solaires ou lunaires... Ils ont apporté avec eux un déversoir de pluies.... Et celle-ci s'épand depuis deux jours et deux nuits sur les lèvres assoiffées des collines et des vallées...
A force d'affouiller le sol mes yeux se font feuilles mortes....
Une nouvelle pousse de carpophores est à l'oeuvre : pieds de moutons, nonnettes voilée, girolles, bolets bruns, bolets pieds rouges, reprennent possession des litières de nouveau moites et humides...
L'eau céleste se charge ici de matière ferrugineuse et la lumière se teinte de roux au contact des eaux encore paresseuses, lesquelles se vêtent d'ocre et de jaune, de rouille et de cuir, de sangs feuillus...
La forêt se dénude sous les rafales et les averses... L'hiver viendra avec peut-être un manteau de glace et de neige pour recouvrir la nudité des branches et des sentes....
L'ombre est là, aux aguets, et, dès le moment venu, elle se précipite dans le val et s'empare des espaces et des lieux concédés jusqu'alors à une pâle lumière....
Je vais d'un bon pas enjambant les rus et les flaques d'un vallon en forme de montagne russe... Je parcoure, encore assez alerte malgré des genousx inflammés, des dénivellations successives parsemées de mousses et de schistes pourprés....
Qui a dit que le silence devait de plus en plus se boucher les oreilles tant il devient difficile de goûter au calme et à la sérénité de lieux censés exalter de tels bienfaits ?...
Il y a hélas toujours une tronçonneuse ou un moteur ici ou là pour vous rappeler les turpitudes et tribulations de notre monde moderne !
Ici, la source polluante en terme auditif, c'est le camp de Coëtquidam où le génie miliaire déploie des pétarades journalières du matin au soir !....
(Tirs incessants de fusils, de mortiers, de mitrailleuses, qui affublent le paysage d'une bande sonore permanente ou presque au milieu de laquelle on ne serait guère surpris de voir surgir, des contingents armés, des fourrés qui entourent mes déambulations romanesques ou géo-poétiques !....
La guerre certes ne sévit plus en ses contrées, mais on se prépare ici à envahir d'autres territoires et à faire parler les armes selon les nécessités géopolitiques du moment...
Le faisan entendu tout-à-l'heure ou la perdrix débusquée il y a peu semblent habituée à ce tohu-bohu coutumier... moi, non !...
Je veux bien être un "dormeur en ce val" mais sans trou dans la tête à mon réveil !...
Aussi je regagne la lisière et rend à leur liberté les rêves que j'avais au fond de ma poche ; des rêves "d'ensauvagerie" recouverts du mouchoir à carreaux hérité de mon père...
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