ROBERT MORVAN ENTRETIENS MATINAUX / ART et ECOLOGIE A BARRAU BRAN DU DU 5 AU 07 O9 SEPTEMBRE
La Bataille de San Romano par Paolo Uccello (1454)
Robert Morvan Entretiens matinaux des 5 au 7 septembre 2020 Bran du...
De quelques considérations à propos de "l'art"...et de l'oeuvre de Robert Morvan qui sera présentée dans une future exposition...
A Plélan le Grand (35380) au printemps 2021
Une "anatomie" d'un tableau revisité plus de cinq siècles après sa réalisation....
Robert Morvan est non seulement un « plasticien », un « professeur des arts plastiques » ; soit le praticien d'une discipline exigeante, rigoureuse qui requière bien des qualités et, sans doute parmi les premières, un sens aigu de l'observation, mais il est aussi, comme notre défunt ami commun Christian Tual, un fin connaisseur de la peinture et des peintres...
Il a une curiosité stimulante et émerveillée pour les architectures et « architextures du vivant » soit encore un regard attentif sur le monde mouvant et émouvant des « formes » et une lecture passionnée des « lignes de force », des volumes, des interstices qui tout à la fois séparent les couleurs et en concélèbrent les noces.... C'est là son « continent » et il en est l'obstiné et méticuleux explorateur...
Ce continent se partage en deux types de « paysages », l'un qui relèvent de l abstraction et l'autre de la figuration... Il inventorie ces deux espaces et en arpente « alternativement » les richesses et ressources (sans les épuiser)...
Le premier de ces territoires est façonnée par le noir, le blanc et les « nuages de gris » qui en survolent la contrée et qui tissent des passerelles entre ces deux sommets, entre ces deux « profondeurs »...
Le second est un ciel, une aire, que se partagent respectueusement les couleurs, chacune trouvant la place assignée par le peintre et dialoguant avec toutes les autres...
Nous savons tous deux que ce que l'on appelle la « beauté » se tient dans l'indéfinissable ; lequel sauvera le monde si celui-ci cesse enfin de se définir et de nous définir avec lui !...
Le bon, le savant, le sensuel, l'intuitif ajustement des formes, des volumes, des couleurs procède de la recherche permanente d'un accord, d'une concordance, d'une cohérence ; c'est-à-dire et en résumé, d'un équilibre et d'une harmonie.... Celui et celle qu'André Breton nous invitait lui aussi à « concélébrer » soit la « Noce des Contraires » !...
Le peintre ne saurait figer et valider la stérilité antagoniste d'une société duelle comme la nôtre (et comme les sociétés dites « modernes » en général.)
Il est au service d'une « transcendance », soit d'une verticalité qui plonge dans notre horizontalité existentielle afin de concilier, de réconcilier tout ce qui s'y trouve stérilement opposé en restituant à cela un désir et une volonté fécondante...
Sa peinture traduit ces nouvelles alliances, en transfuse le nouveau sang dans des veines de nouveau irriguées d'essentialité...
Berges et rivages lors s'animent de flux et d'ondes, de vibrations insoupçonnées qui se conjuguent autour d'un Verbe que certains appellent l'Amour....
Un « tableau » est un ensemble picturale où les « parties » sont constitutives d'un « tout » lequel n'existe que par l'expression même de ses fragments judicieusement associés....
Ce sont autant de fidèles ambassades pour un seul point d'émanation qui s'épanche au sein de toutes ces représentations porteuses d'un même « message » : l'offrande d'un tout à des regards multiples et ce, afin d'entendements...
N'oublions pas que l'art, pictural ou non, est transporteur, colporteur aussi, d'une « pensée », d'un « état de l'esprit » qui inspire, induit, accompagne l’œuvre dans sa création même...
Une œuvre véritable respire le souffle qui l'a inspirée !...
On dit souvent, trop souvent, que l'on « possède » une œuvre alors que c'est l’œuvre qui nous « empreint » ou pas !....
Peindre est peut-être une forme de quête, mais tout autant une forme de traque...Cela se « joue » entre les formulations et arabesques voire les enluminures du mobile et du mouvement et se finalise ou non selon que le mouvement a trouvé son « mobile » et le donne à voir ou tout au moins à percevoir !.... Cela lors est source de jouissance et donne racine aux arborescences de l'esprit !...
Un tableau peut être une « présence » précieuse et fidèle en un monde sillonné d'absences...
Tout le blanc d'un tableau invite à une forme d'ordonnancement qui se propose de traduire un « chaos organisé »....
Un tableau n'est-il pas, ne se doit-il pas d'être, une résolution aboutie qui ponctue si ce n'est qui clôture un questionnement originel ?
Le peintre qui fait « réponse » donne sens et essence à ses questions.... Et c'est en cela et par cela qu'il avance, qu'il progresse, pas à pas, touche après touche, trait après trait, dans l'infini et l'inconnu tant de lui-même que de l'univers...
Peindre, c'est ouvrir ses volets sur le soleil du possible, sur le matin d'une nouvelle naissance.....
C'est dire à la rose qui meurt combien elle a eu raison d'éclore !...
Les premiers « peintres » ne disposaient que de peu de matériaux pour traduire leur vision, leur perception, leur besoin d'entendement et de connexion, leur crainte comme leurs espérances, leur besoin de conciliation et d'avoir croyance qu'un mystère fait de forces, d'énergies, d'obscurités et de lumière était de nature à dialoguer avec eux, à s'entretenir avec eux et qu'il fallait pour cela traduire cette aspiration et cet espoir en « langage »....
C'est avec « économie », avec des outils élémentaires, des connaissances intuitives nées d'une observation attentive puis expérimentées qu'ils ont su exprimer une relation privilégiée, fervente et aimante avec l'invisible, l'innomé, l'inaudible....
Ils ont peints sur les parois du doute un message pour le possible....
Ils n'ont jamais été aussi près de tout ce dont nous nous sommes si tragiquement éloignés !...
Certains artistes (et ils sont très peu, trop peu) ont cette force, cette énergie et cette lumière qui à travers leurs œuvres nous reconnectent à l'essentiel, au primordial et au fondamental, aux questions premières ânonnées, balbutiées par des millions d'années avant que nous en rompions, orgueilleusement, tout entendement, toute résolution !...
Etudier une œuvre, un tableau, c'est vouloir remonter à sa source, à la source de son écoulement, en connaître le cours et le parcours avant que de pouvoir ou savoir contempler les abysses de son océan... Ainsi « l'intention » primordiale est la source de toute œuvre qui se veut être pensée et questionnement....
Nous ne savons plus porter attention à « l'intention » et c'est ainsi que nous générons autant de tensions que nous avons bien des difficultés à apaiser !...
Car nous jugeons pulsativement et projetons nos propres confusions sur des situations auxquelles nous n'accordons aucune juste mesure embrouillés et entêtés que nous sommes par et dans nos propres désaccords !...
Connaître l'intention, l'anima d'une pensée, d'un acte c'est permettre de suivre ce qui a amené une source à un océan....
C'est comprendre l'écoulement et se baigner en ses eaux....
Nous sommes hélas trop enclins à la mésentente, à l’inattention, à l'incohérence, à la superficialité... Il en est souvent ainsi de notre regard sur l'offrande d'une œuvre.....et sur celles de la Vie...
Si par conscience éveillée et maturée et par sursaut vital nous en venons à concevoir puis à bâtir d'abord en nous-mêmes puis au sein de nos communautés d'appartenance (réduites puis élargies) un changement de paradigme sociétal, cela ne se fera, ne sera rendu possible, qu'à travers une pensée autre, différente, innovante, que celle dans laquelle nous courrons au suicide et non sans avoir pour cela recours autant à une spiritualité, une philosophie, des champs culturels accompagnant le « changement », l'instruisant, l'enseignant, l'inspirant, le stimulant et le confortant mais en donnant à l'art et aux artistes, aux artisans du vivant toute leur simple, mouvante et émouvante, et juste place....
L'art ne saurait servir le paraître, mais être le servant de l'Être dans toutes les expressions et formulations du « possible »...
L'art ne saurait être cantonné, cloîtré, figé au sein d'une valeur dite « marchande », l'art est fait pour faire « commerce » avec la Vie !...
L'art n'est jamais réellement « achevé », mais il a, comme en musique, ses nécessaires « conclusives »...
Il a cette faculté de se perpétuer au-delà du cadre qui entoure le tableau pour être transfusé dans le regard qui en a capté les dimensions vibratoires et qui les emporte avec lui pour concourir à une autre alchimie du vivant....
Un tableau peut-être une sorte d'humus et de terreau au sein duquel le cœur et ou l'esprit trouve semences pour leurs propres labours et emblaves...
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L'esprit géniteur, l'idée directrice, les orientations et les axes de la pensée sont autant de tremplins, de promontoires, de pistes d'envols pour le déploiement de l’œuvre au sein d'un territoire offert et donné, un territoire de blancheur dont la virginité aspire en toute sa surface à une voluptueuse défloration et ce afin de préméditer, en ses délicats et parfois douloureux prémisses, un enfantement à venir, une mise ou remise au monde si possible spécifique et singulière !...
En quoi, par ailleurs, une œuvre réalisée et construite selon des lois cohérentes et convergentes ne serait-elle pas dispensatrice d'une « Information » qui intéresse l'Univers ?
Robert Morvan ne saurait-être un « artiste de la reproduction », ses œuvres ne sont pas ronéotypées comme il en existe tant ; elles sont à chaque fois une tentative novatrice issue d'un démontage des mécanismes créatifs et artistiques et d'un boîte à outils affinés de méthodes et de techniques qui se veulent saisir les muscles, les veines et les nerfs d'une matière devenue presque organique et dont il importe de connaître la nature du sang qui anime ce « corps »...
Cela nous amène au thème même de cette exposition dont la pertinence et l'originalité ne sauraient nous échapper car c'est à elle seule une formidable leçon sur l'art, son histoire et ses évolutions... L'artiste y a mis toutes ses 50 années d'études, de pratiques, d'expériences, de formations, d'apprentissages et de transmissions...
Je pourrais analogiquement parler aussi d'une « leçon d'anatomie à la Rembrandt », une anatomie « picturale » que l'on décompose afin de mieux la recomposer...
C'est aussi donner à voir, à comprendre, à suivre les fils de chaîne d'une trame de haute-lice autour de laquelle se noue et se dénoue un enchevêtrement savant et méticuleux de formes, de volumes et de couleurs où tout le divers se trouve être constitutif de l'unité recherchée, trouvée ou retrouvée...
Comment regarder un tableau ? (Robert Morvan)
"Devant l’œuvre de Paolo Uccello, comme dans un combat, je l'observe, je m'approche, je la scrute dans tous les angles, je la découpe en séquences, j'isole certains détails, je m'attarde sur des traductions intéressantes : volumes, éclairages, profondeur, raccourcis, effets de rythmes (pleins et vides)......
Je relève aussi la qualité des rapports colorés et des grandes lignes de composition."...
L"oeuvre elle-même :
Paolo Uccello La bataille de San Romano
(Une œuvre de la Renaissance italienne reconnue comme majeure.)
Paolo Ucello (1397/1475) est le fils d'un barbier et chirurgien... Il entre comme apprenti chez Lorenzo Ghiberti et rejoint en 1424 la compagnie des peintres de San Luca...
Il existerait quatre tableaux qui représentent cette bataille entre les Florentins vainqueurs de ce conflit et leur turbulente voisine : Sienne...Le quatrième tableau serait perdu...
Robert Morvan a choisi celui qui est présenté au Louvres daté de 1456... (1,82 X 3,17) (Les autres œuvres s'étalent entre 1435 et 1440.)
L'artiste affirme une passion obsessionnelle pour la perspective cela lui voudra de la part des critiques de son époque le surnom
« d'oiseau » en référence à cette lubie et à ses « étourderies »...
D'après les récits de G Vasari Uccello finira ses jours en 1475, « seul, excentrique, mélancolique et pauvre. »...
La fascination de Paolo Uccello pour la perspective séduira plus trad les cubistes... (Voir l’œuvre de Fernand Léger...)
« Paolo Uccello est souvent perçu comme le chorégraphe d'un étrange ballet d'automates et de chevaux de carrousel. »
Cécile Maisonneuve et Dominique Thébaut
Robert Morvan a rendu à plusieurs reprises un hommage à un artiste dont il a sélectionné une œuvre qu'il a entièrement décrypté et revisité et dont il restitue fidèlement le corps et ses mouvements selon ses propres méthodes et techniques tout en restituant et en embellissant son « âme »...
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Pourquoi ce choix de la Bataille de San Marino ?
« Pour cette étude quasi maniaque de la perspective conférée par l’œuvre en avant garde d'une modernité qui s'en inspirera grandement par la suite...
Pour le traitement des aplats et des contrastes formant une composition aux « irréalités abstraites » avec ses paysages imaginaires et son organisation pyramidale. »...
(« On peut penser à l’œuvre de Picasso appelée « Guernica ».)
Méthodes et techniques :
« L’œuvre initiale est l'élément déclencheur qui opère des « glissements » vers d'autres œuvres qui s'en inspirent. »...
« Une lecture attentive de « l'architecture » picturale (axes majeurs et lignes de force) constitue les bases et fondements de nouvelles compositions plastiques s'avérant exploitables. »...
« Des expériences plastiques antérieures forment des combinaisons inattendues.... L'imagination crée des nouvelles associations... S'organisent lors des constructions selon un « métissage » de formes, de volumes et s'instaure un dialogue avec des travaux plus anciens. »...
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Notes Bran du :
Le choix opéré par Robert Morvan fait résonance à notre époque d'affrontements généralisés car elle offre une leçon de perspectives en un siècle qui en est particulièrement démuni !...
C'est une Histoire détaillée à grands traits...
Une longue histoire parcourue et jalonnée de conflits armés qui ne font que reproduire et transposer sans cesse l'antique et mythique combat entre l'Ombre et la Lumière et celui plus sourd et non moins redoutable qui se tient en l'intériorité de chacun, dans les territoires chamboulés de l'Etre où la peur et le désir, l'ignorance et la connaissance, la concordance et la divergence entrent en permanence en lice pour y rompre leurs lances et verser leur sang !...
Certes ce tableau est indéniablement une œuvre de commande seule façon de subsister « matériellement » en tant que peintre à cette époque... Mais on ne saurait résumé l’œuvre à cette obligation et faite abstraction de l'intention qui a accompagné l'artiste dans sa composition et des façons dont il a traduit sa propre vision de la scène commandée...
Bien des artistes au cours des siècles ont reproduit des scènes de batailles, des engagements guerriers et ont témoigné, chacun à sa façon, des ces affrontements fratricides qui se perpétuent et qui s'intensifient de génération en génération donnant ainsi l'image d'une humanité vacillante qui ne cesse de tomber et de se relever sans pouvoir stabiliser réellement et durablement les équilibres et les harmonies propices à toute saine et sereine évolution...
Tout ce sang versé constitue l'encre de notre Histoire et une apologie redondante de l'absurde et de l'orgueil !...
En ces immenses tueries ne gisent sur le sol que les cadavres du paraître !...
Qui sort réellement vainqueur de tant d'affrontements meurtriers si ce n'est l'art seulement qui transcende ces scènes
en capturant puis en rendant sa liberté à un regard sensitif et intelligent qui l'emportera avec lui au-delà et par-delà les sombres fléaux de notre humanité en remontant à la source transcendante, lumineuse et rayonnante de la seule beauté ?...
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Notes (suites)
Certains artistes ont su conférer à leur œuvre une sorte de racine singulière à partir de laquelle s'est déployée une arborescence picturale où chaque « arbre » nouveau-né à magnifié sa forêt d'appartenance...
Nul artiste ne saurait « finir » ni donner un aboutissement aux infinis tracés qui « charpentent » l'Univers.... Lequel n'a que très peu d'intérêt pour la ligne droite, mais une véritable et impressionnante passion pour la courbe, la rondeur, l'ondulation, la spirale, la sphère, l'orbe... soit pour tout ce qui est de nature à favoriser « symbiotiquement » l'enlacement et l'union...
Tout est « vibration » est l'idée qu'il puisse exister une « Forme-Mère », une « Matrice » à toute forme, me séduit considérablement... Elle pourrait être assimilée cette « Forme-Mère » à une « fractale » (une équation mathématique) qui, à partir d'un point, d'un centre, (dépositaire de toute formule, de toute potentialité créative et expressive) immensément déployé ramènerait périodiquement dans le temps et dans l'espace tout déploiement à sa source originelle, à sa racine primordiale...
L'art prendrait alors source et racine en cela et par cela !...
L'art se doit, se devrait d'être une quête permanente « d'essentialité » ...
Une forme en appelle une autre et celle-ci amplifie et prolonge la précédente, innove dans une direction nouvelle, affouille toutes les potentialités et possibilités, distille tous les ingrédients en présence, détermine les principes « alchimiques » de la composition, en découvre les secrètes substances et conjoint tous les sens réquisitionnés afin de s'approcher au plus près possible de la subtilité de l'Essence génitrice de l'Oeuvre...
Rimbaud, Nietzsche... seraient nés « trop tôt dans leur siècle » et auraient été douloureusement confrontés de ce fait à une mésentente globale de leurs contemporains incapables d'entendre et de comprendre un langage innovant et « réellement dérobeur de feux »... Ce sentiment d'incommunicabilité ne pouvait avoir que de terribles conséquences dans leur vie dont le moteur et les dynamiques existentielles étaient essentiellement constituées de rencontres, de partages, de découvertes et d'échanges...
Certains artistes contemporains ont aussi ce redoutable sentiment
de traverser un désert ne comportant que très peu d'oasis humain, c'est-à-dire sans pouvoir satisfaire et étancher périodiquement leur soif d'humanité...
L'art a besoin de compagnie et celle-ci s'appelle la solitude laquelle affectionne les « musiques du silence » !...
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Bran du Septembre 2020
La Bataille de San Romano : Six fragments relevés :
Les nerfs de la guerre !
Le peintre synthétise (en noir et blanc) les lignes de force et les axes majeurs qui donnent corps au tableau et à ce corps sa « musculature » laquelle actionne et met en mouvement l'événement lui-même... Lors les couleurs livrent bataille !
Un chaudron pictural alchimique....
En cinq panneaux, les « tons » sont donnés et le regard est invité à suivre l'ensemble des processus qui déterminera les œuvres réalisées...
L'observation attentive, méticuleuse, détaillée est la clef qui ouvre aux entendements complices, aux résonances, aux affinités induites, aux inventions inspirées, aux novations subtiles ainsi tous les ingrédients alchimiques sont réunis au sein d'un grand chaudron pictural, véritable athanor où opère la magie des formes, des volumes et des couleurs...
Une bande zodiacale...
La « frise » horizontale et ondulatoire des chevaux et de leurs harnais constitue une sort de bande zodiacale qui partage la scène guerrière en deux et d'où ressort, au centre, la « bonne Etoile » (une clarté à cheval sur l'obscurité !) qui veille sur l'heureux aboutissement de cet affrontement guerrier...
Une armée de l'Au-Delà ?
Les casques, hauberts et heaumes semblent appartenir à une armée fantôme... Leur traitement est insolite qui apporte une touche fantastique et mystérieuse au cœur d'une vision née au milieu d'un quinzième siècle « Renaissant »...
Sous les yeux d'une Licorne...
Etrange bataille où il n'y a pas de « sang versé » et ou des trompettes sonnent déjà la renommée du vainqueur et où la Licorne siégeant en son oriflamme contemple sans broncher les tourbillons d'une vaine agitation humaine... (Un élément "féminin" à l'écart de la tourmente !)
Un bal de carnaval !
Ne serais-ce que l'entremêlement des pieds, sans celui des chevaux, on se croirait à un bal de carnaval !....
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ART et Ecologie Propos d'Aurélien Barrau (il y a un mois)
Photos Bran du
Aurélien Barrau :
Ecologie et Art...
https://www.youtube.com/watch?v=OsgP8OGnQxc
« Le rôle des artistes (des musiciens entre autres) est central et fondamental dans la manière d'aborder la catastrophe à laquelle nous faisons face aujourd'hui...
Catastrophe en effet, car nous avons perdu l'essentiel des forêts, des insectes, des populations d'animaux ( 68 % de disparition des animaux sauvages en 50 ans!), c'est-à-dire que la vie est en train de mourir autour de nous, ce qui constitue une préoccupation majeure, centrale, cardinale pour quiconque s'interroge sérieusement sur l'avenir et le devenir de lui-même, de ses enfants, de la planète...
Nous sommes entrés dans la sixième extinction massive de la vie sur terre...
Ceci, par ce que nous avons assimilé la nature (qui n'existe pas dans son opposition à la culture) à une ressource....
Cette situation alarmante va conférer à l'art un rôle absolument fondamental dans la mise en relief de ce qui pourrait être une révolution radicale de notre être au monde, mais aussi par sa capacité d'appréhender par le sensible ce qui ne nous est pas manifestement accessible dans une vision purement ascétique, mathématique ou intellectuelle....
C'est le lieu de production culturelle et intellectuelle qui peut permettre l'émergence de constructions à la démesure de l'enjeu auquel nous faisons face...
L'art ne saurait perdre son âme...
Le pouvoir extraordinaire d'interrogation, de déconstruction, de « mise en abîme » du geste artistique me semble d'une importance sans équivalent face à l'ampleur de la crise que nous traversons...
L'art « décloisonne », dit quelque chose du monde, révèle le réel...
Mais, ne nous trompons pas, l'art ne saurait avoir un rôle d'illustration et on ne saurait surtout pas lui conférer cette fonction. L'art est une chose sérieuse... Je ne parle ici que d'une capacité de création et d'éventuellement d'infléchissement...
Pourquoi l'art a-t-il à mon sens cette vertu fondamentale ?
Parce qu'il est toujours politique... parce qu'il est toujours culturel, parce qu'il est toujours social...
On notera chez bien des artistes une perte progressive (mais non irréversible) de « l'aura »...
(L’aura est un concept ésotérique qui désigne un contour coloré, comme un « halo de lumière » qui rayonnerait autour du corps ou de la tête d'un être vivant et qui serait la manifestation d'un ou plusieurs « champs d'énergie » ou d'une force vitale.)
Si l'art vient à légitimer une société décadente quelque soit la connotation que l'on associe à ce terme alors bien sûr il n'est plus ce qu'il devrait être...
L'art produit du réel... c'est ce dont fondamentalement nous avons besoin...
Il y a une extraordinaire puissance de l'art à transfigurer le monde....
Je crois que la révolution au niveau du macrocosme est toujours accompagnée d'une révolution au niveau du microcosme...
On ne peut pas toujours dire que c'est la faute d'autrui ; il est insensé et ridicule de faire reporter la faute écologique sur untel ou untel...
L'art peut s'autoriser un petit impact sur ce qui l'entoure parce qu'il est le lieu de l'émergence du « tourbillon » lequel permet de mener à un régime absolument in-envisagé, inouï et impensé...
L'art fonctionne cognitivement...
A un problème systémique il n'y a de solution que systémique...
(La systémique est une manière de définir, étudier, ou expliquer tout type de phénomène, qui consiste avant tout à considérer ce phénomène comme un système : un ensemble complexe d’interactions, souvent entre sous-systèmes, le tout au sein d'un système plus grand. )
Il est souvent nécessaire et digne de s'engager à l'échelle individuelle, mais pas si cela nous fait rater la véritable dimension systémique et politique qui est la seule à laquelle une action digne de ce nom est véritablement possible, nécessaire et utile....
Les petits gestes sont nécessaires, mais ils ne sont pas la solution...
On doit aujourd'hui totalement révolutionner notre manière d'habiter l'espace...
Il est indispensable, fondamentale que selon votre statut en tant qu'artistes, que penseurs, que créateurs, qu'intellectuels, qu'interprètes vous utilisiez ce matériau extraordinairement puissant qui est le vôtre non pas seulement pour faire preuve de respect dans votre pratique, mais également pour utiliser cette pratique afin de permettre l'émergence de la révolution.... (une révolution « raisonnable »)...
Quel meilleur « médium » pour permettre cela que l'art ?...
Musiciens et musiciennes, utilisez la « tribune » qui vous est donnée quand vous faites face à un « public » et délivrez-lui ce que vous avez à lui délivrer... …
Utilisez celle-ci de façon presque militante, activiste même, au sens de « puissance », en montrant par la « performation artistique » qu'il est possible de transfigurer le réel et cela nous est des plus indispensable... Cest une nécessité de survie...
C'est être comme des « révolutionnaires » en tournée !....
(C'est aussi amoindrir les problématiques qui sont les nôtres)...
Ce qui est fondamental pour moi c'est de remettre en cause le sens même de la pratique... Le bon « chercheur » est celui qui « produit » de plus en plus et c'est cela qui rend « intelligent » aux yeux des collègues...
C'est une façon d'accompagner positivement les immenses mutations qui sont nécessaires et qui sont d'abord « actiologiques », c'est vraiment sur cela que doit porter l'effort ; c'est sur l'évaluation de ce qui est, en terme de valeurs, considéré comme mélioratif ou péjoratif
Bien sûr que la musique change le monde...
Ce n'est pas qu'elle « sauvera le monde » (du fait de sa « beauté » comme disait Dostoïevski), mais il est évident qu'elle agit sur chacun d'entre nous....
L'écologie ne doit plus être un label de bien-pensance, mais une pratique collective et un engagement politique...
On ne peut pas ou plus voter pour un homme ou pour une femme ou élire un représentant qui ne fasse pas une refonte radicale des valeurs qui vont dans le sens de la vie et qui n'en fait pas sa priorité absolue !....
IL faut semble-t-il renoncer dans nos aspirations les plus légitimes à certains privilèges immédiats tout en redéfinissant ce qu'on appelle un privilège et ne pas remettre ou reporter cette question immense sur les seuls gestes individuels...
Il faut donc entièrement revoir l'organisation des pratiques de la musique vivante avec des nouveaux paradigmes et des nouveaux récits... Il est temps de changer de « modèles »...
On ne peux pas gagner à un jeu quand les règles ne le permettent pas....
1ère étape, changer les règles...
2è étape, balancer et envoyer promener le jeu et jouer à un jeu plus intéressant... Jouer à un jeu dans lequel il y a une issue favorable possible... Ceci est très important car si on se contente de petits gestes, cela permet au système actuel de perdurer et in fine ( à la fin) d'avoir fait plus de dégâts...
Aurélien fait la lecture d'un manifeste artistique auquel il a participé :
« ...Nous croyons non seulement à la relocalisation des industries et des entreprises, mais aussi de l'art...
L'objectif n'est pas de se couper de l'international et de la richesse des échanges inter-culturels, mais de les appréhender sous l'angle de l'immersion...
Au lieu de promouvoir des concerts uniques et isolés, privilégier des concerts de longue durée accompagnés d'actions artistiques et culturelles dans le pays d'accueil...
Nous devons sortir de l'obsolescence programmée des créations qui provoque de la surproduction...
Il s'agit pour l'artiste de retrouver l’épiphanie de la grâce et non d'entreprendre un cumul illimité de « prestations» stéréotypées !
Il faut un changement radical de paradigme auquel il nous fait travailler ensemble...
…///...
L'action individuelle, c'est aussi la nécessité de réfléchir structurellement sans cesse sur tout ce qui nous apparaît inévitable et qui relève en réalité de circonstances contingentes et donc déconstructibles. »...
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