ROC TREVEZEL (MONTS D'ARREE) (SUITE) TEXTE BRAN DU / 2020 07 06 JUIN
Monts d'Arrée Roc Trevezel Photos Bran du
ROC TREVEZEL (SUITE) 2020 Bran du Le 07 06 Juin
(Mont d'Arrée)
Dans l'entendement des tourbes éclaboussées de lune.......
« ...Les marques d'un alphabet sacré, quelque chose du commencement... »
Philippe Le Guillou Monts D'Arrée Artus éditeur
Les doigts émincés et crochus griffent et lacèrent le lin des nuages, la laine des nuées....
Tout le dessous se tient là dans la paume aux écailles de schiste bleu...
Au plus loin s'estompe le miroir irisé de la mer...
Derrière la touffe hirsute des roselières gîte la nauséabonde tanière d'où se répandent les effluves du « Soupirail des Enfers » !
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C'est le domaine d'un géant fait de pierres et aux membres crevassés par les vents tenaces du Nordé....
Il trône dans les hauteurs, hume les saisons, fait son lait de brouillard et guide de son index le vol des choucas et des corbeaux...
C'est l'heure venue pour hisser les voiles, pour tendre la toile pourpre des songes, pour tirer sur les haubans de la nuit et faire flotter le pavillon des étoiles...
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C'est une allée d'herbes sèches que les Equinoxes fouettent et hérissent dans un sens puis un autre...
C'est un chemin qui monte au ciel et qui n'a que la mort pour détour.... Il fait échelle et barreaux pour les rêves audacieux...
Autant de rocs, autant de stèles silencieuses que fait parfois hurler le vent qui affouille leurs entrailles...
Ici temps et espace sont jointoyés par un mortier fait de mousses et de lichens... Tous deux respirent d'un souffle de forge...
C'est celui des morts dont l'âme s'est égarée...
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Pour seul itinéraire, une succession d'ornières où se baigne le reflet des astres lointains.... Y boivent les chiens aux oreilles rouges !....
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D'autres sentiers existent où l'épine noire s'enfonce dans les chairs en perdition....
Rares sont les pèlerins d'extases qui font auberge aux carrefours où s'écartèlent les rêves...
S'égarent ceux qui n'ont lanterne au cœur....
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Il faut attendre que s'étende le grand drapé des ombres pour que la pierre vous offre ses lumières, pour que s'anime l'immobile et que, des larges fissures et crevasses, jaillissent des lueurs qui brasillent dans les yeux...
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La « Démone » n'est pas loin captive sur un socle que l'église à fait tailler dans le granit des peurs et des doutes....
Sur la lande des femmes en noir tordent et retordent la soutane des curés....
Ne me demandez pas pourquoi toutes les bougies allumées s'éteignent sur l'autel étranger aux caresse de ces lieux...
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Le grand corps spongieux du marais que borde les joncs et les touradons se prélasse sur une couche aux couleurs d'ardoise. Un cygne blanc survole le bleu moiré de ses eaux...
Si glauque ce marais que même dieux n'y tremperait pas son doigt !...
De ce fait, ces lieux sont sans baptême....
Qu'importe, le sacre y est sans défaut qui à Source en d'autres cieux !
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Elles sont trois
Toutes Mères
Toutes bien plus anciennes que le fils sur sa croix...
Elles sont drapés de millénaires...
Toutes fripées, toutes érodées, toutes interpellant le monde de leur regard trinitaire....
Il fait toujours bon mourir entre leurs bras !
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La pluie délave les visages secs comme un fagot de bois mort. Le soleil de juin les fera flamboyer au Zénith de sa course...
Il suffit d'un ruisseau circulant sous bruyères pour qu'un mot rejoigne l'océan d'un poème...
Les monstres sont bien là qui ont figure d'ange dont les ailes sont plus pointues qu'un fer de lance.....
Il en est encore ici qui déposent l'eau sur la pierre, qui prenne souffle au ciel et cela suffit pour que le jour succède à la nuit !...
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Ce qui ailleurs se dissimule ici se dévoile...
L'ancienne piste se lit dans le quartz accroché aux revers d'un caillou...
Chaque pas qui s'éloigne tout autant se rapproche...
Il n'est de sente si n'est la Lumière et il n'est de Lumière que pour ceux qui marchent pas à pas!....
Il est ici bien plus que ne peuvent en voir les yeux...
Heureuse est la pensée qui oscille dans le vent comme tangue une herbe tremblante !...
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Touffes rases d'un grand corps alangui percé de toute part...
Des eaux secrètes s'y cachent qui ne veulent enfanter, c'est pourquoi il y a si peu d'amour à s'en venir au monde !...
Cela qui domine, domine ! Il n'est pas une seule sauterelle ou un seul criquet qui ne le sait...
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Il ne s'agit pas de chercher à s'élever à hauteur de ce colosse, il s'agit seulement de lui demander s'il veut bien nous prendre à califourchon sur ses épaules !...
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Traverser l'Arrée, ce n'est pas frayer de ses pas la désolation apparente d'une étendue immense où se concélèbre l'essentiel de tout être et de toute chose...
C'est trouver l'étroit passage entre l'os et la chair, entre cela et Cela qui donne jour aux Ténèbres...
Entre cela et Cela qui fait jaillir entre ses deux pouces le chant strident des herbes d'or....
Office du soir
Office du matin
Office des heures thuriféraires...
Pour Cela qui fait Autel d'une fleur d'ajonc, d'un bourgeon de genêt....
Pour cela qui est bénédiction d'embruns et de crachins qui se mêlent aux jurons des marins et aux soupirs de l'Amour...
Nul ne sait ce que sait qu'attendre s'il n'a attendu, dans une cape de froidure, les baisers de l'Aurore !
Ici, seulement, l'homme peut prononcer son nom sans qu'aussitôt il ne se lézarde de la tête aux pieds...
Aux bardes lors de féconder les nuées d'une poétique semence !...
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N'en voulez à la mort, n'en voulez, car elle ne connaît, ne connaîtra jamais l'enfantement !...
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