ROC TREVEZEL partie 9 bardisme Bran du 08/2012
ROC TREVEZEL (Mont d'Arrée) (Partie 9) Aout 2012 Bran du
La nuit tombe lourdement sur les rocs, recouvre les sommets de son gros et épais drap de deuil… La braise du jour s’éteint sous le manteau de cendre…
Ici et là des feux s’allument sous l’ardoise du sommeil faisant jaillir des flammes qui crépiteront à l’oreille des hommes et qui attiseront la parole des femmes…
Qu’importe aux rocs, la marée nocturne et son déferlement de miasmes obscurs, ils savent leur lumière intacte, sa force lovée en chaque mousse, en chaque lichen… Il savent le sang bouillonnant de la mémoire couvant sous le schiste empourpré des cimes acérées… Ils savent l’ échine toute entière prête à frémir sous la paume aimante et caressante des brumes et des crachins…
Ils savent les mots bleus et rouges échangés entre le haut et le bas quand l’homme en blanc prête et reconduit son serment de tendre et vive allégeance… Et cela, quand la chair pensante et méditative, orante et adorable, refait son nid dans les bruyères ployées du Grand Berceau…
Qu’importe la chape et sa marée ténébreuse, qu’importe l’ombre qui affouille les entrailles de la clarté première, qu’importe les souffles froids qui se glissent jusqu’aux couches nuptiales de la Chambre Originelle…
La Force se tient, demeure, respire en son éternelle forge, la Lumière aiguise son épée sur l’enclume inébranlable…
La nuit, gisante elle aussi, se couchera, les flancs percés par une flèche solaire. Elle reposera lors dans les bras immenses de l’aurore portant silex ancien sur l’arc bandé du jour…
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Ceux-ci et celles-là viendront du plus lointain d’eux-mêmes (aussi du plus profond) ayant récuré l’ancien puits des mémoires et délivré leurs eaux des marais de l’oubli…
Leurs traces, laissées dans les sentiers aux franges sanguines certes s’effacera en la ronde des saisons, mais d’autres feront passage parmi l’ajonc et le genêt pour faire recouvrance d’être en communes résonnances…
Par le gel pertinent d’un poème, une pierre sera fendue de la terre au ciel…
L’arbre s’ouvrira de la racine au faîte sous la pulsion des sèves…
La main sera tendue vers le rayon de feu…
Le regard portera bien au-delà des yeux…
La branche recevra la parure de ses feuilles et le passant de Dieu un sourire illuminé d’automne…
Ils ne franchirons pas ces marcheurs de l’Arrée, les dalles froides des églises humides… Ils ne feront pas dévotion devant le bois polychrome des espérances déçues…
Leur libre bannière flottera en des songes où des quartiers de lune tisseront un fil d’or et d’argent pour des ourlets de rêves accrochés aux étoiles…
Ils n’auront ceux-là, et celles-ci, pour simple offrande, que le sel de leurs lèvres et des pieds gonflés par les heurts des sentiers, mais leur chant sera hissé au grand mât de rocailles…
Et la Mère saura leur fils et leur fille, revenus !…
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Oui, la Bretagne à des îles qui méconnaissent les brassages d’écume… Ce sont des monts posés sur les landiers d’Armor et d’Argoat qui se dressent dans l’océan céleste… Ce sont assises et trônes pour des dieux oubliés, des déesses profanées, qui règnent, invisibles mais présents, en leurs territoires d’herbe et de roc… Ce sont eux, ce sont-elles, qui dans l’entrecroisement de leurs forces, de leurs énergies et de leurs lumières, éveillent, initient, aboudent et consacrent les derniers pérégrins de l’Esprit…
Dans des salles tapissées de silence des oiseaux noirs accrochent des tapisseries de haute-lice… Le temps lors tisse son fil sur la trame de l’espace qui s’effiloche sous la main rugueuse d’un vent tisserand…
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Un poisson de nuage
Là
Sur l’arrête des monts !
Il y a, à surplomber l’espace l’horizon, à côtoyer l’immense,
Un sentiment de pure élévation qui allège la pensée de son pesant de questions…
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