ROCH TREVEZEL et sentes armoricaines Poèmes bran du
LE ROCH TREVEZEL (Partie VIII) Bran du 24 04 2012
« …Des lieux aussi nus, aussi « inutiles » offrent à l’esprit la possibilité de se déployer dans un espace où l’on peut s’approcher des extrêmes limites de la conscience… »
(A propos des Monts d’Arrée) Kenneth Withe Finistère ou Finisterres Ed le Télégramme
Ne cherchez pas à plonger vos yeux dans ceux du Grand Veilleur,
Ceux-ci reposent sous les paupières closes d’un schiste obstiné…
Vigile millénaire, celui-ci nous enseigne la vue visionnaire de qui affouille l’obscurité en se frayant passage avec une épée de lumière…
Aux confins de notre modernité, la vigilance se tient afin de maintenir les terres dénudées, afin d’entretenir et de s’entretenir d’une splendeur pure et nue…
Avec un sens profond de l’élévation, nous sommes conviés à un face à face avec l’Etendue… Nous avons rendez-vous avec le « sans-limite », avec le déploiement, avec l’envolée et chaque oiseau qui passe emmène notre rêve ou notre songe au-delà du continent…
Il y a cela qui peuple l’herbe rase et rousse, cela qui frisonne d’aise parmi les ajoncs et les bruyères, des rais solaires qui éclaboussent de leurs rires édentés de jeunes fiancés changés en pierre…
Ici ne sont que des miroirs, que des reflets ; tout cela qui nous renvoie au verso de nos visages ; à ce sauvage domestiqué qui, en nous, n’a de regard pour la beauté…
Le corps en assise sur le rocher perçoit en lui vibrer un autre appel de sa chair… Lors, l’esprit s’en vient greffer un celte pommier dans le verger de la matière…
Il n’est rien ici qui ne sache que tout commence, fondamentalement, aux fins des terres !
L’homme, lui, pour le découvrir, tente encore de déchiffrer l’écriture des parmélies, les signes gravés par les lichens…
…………………………………
La Reine du Royaume d’ailleurs (Petit hommage à V Segalen) Bran du
24 04 2012
A quelques battements d’ailes, la mer m’attend, non point d’habits vêtu, mais de tout dévêtu, nu d’esprit et de corps tout comme l’aube ou bien l’aurore…
La vague va au rivage puis s’en retourne flot à flot, mais pour quel souvenir en ses eaux ?
Partitions d’ailes sur lignes d’horizon… Le noir et le blanc crochent dans le vent…
Vagues de rémiges au-dessus de l’océan ; d’îles en continents circule le prodige…
Cela qui balance entre lune et soleil, qui oscille entre terre et ciel, c’est l’équilibre, c’est l’harmonie et c’est la danse !
Je pourrais suivre de mon doigt les reliefs du paysage, mais c’est bien lui qui, en fait, me parcoure…
Je passe d’une roche à l’autre, de la matrice au berceau…
Cela qui sur toute chose se penche à sourire de mer…
Mon enfance est là, extasiée devant l’herbe tremblante…
Je ramasse la lettre d’un cailloux, puis deux, puis trois…
C’est une sente qui mène au labyrinthe du cœur…
Les embruns qui me visitent sont les ambassadeurs d’un royaume d’ailleurs…
Une terre lointaine dont j’imagine la reine…
Cette fois, je serais le seul, le premier et le dernier à mordre dans la pomme !
………………………………………
Tout se tient dans le fragmentaire… Bran du 24 04 2012
Cela qui se fracasse contre le temps et qui fouette l’espace,
C’est la marée… J’en rêve pour ma grève par le sel oubliée…
Dans cette bande de mouettes qui rame dans les courants du ciel,
Ce rêve prendrait sa juste place…
Ce siècle est un océan dont on ne sait plus exactement où se tiennent les phares !
C’est parce qu’il savait pertinemment d’où il venait qu’il se tenait à la proue !….
Un soir, à la tombée de la nuit, ils viendraient comme ils se l’étaient promis, lui et son tambour…
Lui savait ce qu’il fallait savoir de la mer, des marées, des courants, Il avait pour cela ses souvenirs d’enfants… Elle, il est vrai, savait très peu de lui…
C’est à elle cependant qu’il dédiait son poème, sa poésie…
La vieille avait tout comprit des marées de la vie, du flux et du reflux, des mortes eaux aussi… Lui comprenait ces lamentations venues d’au-delà de l’océan… En mémoire de cela, il jouissait de l’instant, y associait la vie…
Point de croix pour certain péris en mer, mais des mères silencieuses brodant au point de croix….
Qui me fera remonter les méandres des abers, qui me fera écouter l’étrange phrasé, le mystérieux dialecte qui naît au moment où s’enlacent mer et rivière ?…
Les sables parsemés de laminaires : ces mots arrachés aux proses marines, cette ode fragmentaire…
Ils avaient hissé au sommet du mont l’idée d’un rédempteur…
Lui n’avait jamais vu le moindre nuage s’agenouiller sur cette hauteur !…
De l’encre noire sur le livre blanc… La neige fondait d’une page à l’autre…
La brume, c’est pour quand les yeux ont vu au-delà des regards !
Il y a des lieux où la mort même se surprend à vivre !…
Dans la tourbière, un soleil s’enfonce dans les sables de la nuit…
C’est lorsque l’on peut voir loin, que l’on se tient en marge d’infini, que l’essentiel est au plus près !…