DOSSIER SAMAIN (SUITE) LA BATAILLE DE MAG TURED (RECIT ET NOTES/COMMENTAIRES) ET REFLEXIONS BRAN DU 2020 30 10 OCTOBRE
Monde Diurne, Nocturne et Crépusculaire ainsi est le combat épique la de Samain
Photos Bran Du
La Bataille de Mag Tured (la Bataille des « Piliers » (Dite aussi Moytura.)...
Source : Philippe Jouet (Dictionnaire de la Mythologie et de la Religion Celtique.)
1 / Introduction Bran du
2 / Le récit relaté par Philippe Jouet et ses observations
3 / Notes, commentaires, réflexions Bran Du
4 / En résumé / Bran Du
5 / Introduction bardique au récit (Création Bran du)
Le nom des « Piliers » a été donné par les Tùatha Dé Danann (TDD) aux Fomoire par rapport à leur puissance guerrière efficace et très organisée. (La métaphore fait référence aux piliers qui ont fonction de soutenir.) Ces batailles mythiques portent le nom de l'emplacement où elles se sont déroulées.
L'auteur résume ici la version première du récit ; mais, fait aussi état de la seconde version laquelle ajoute des éléments complémentaires qui ne modifient pas la trame générale....
Les batailles contées opposent dans un premier temps :
Les Tùatha Dé Danann (les Gens de la Déesse Dana) qui sont les dieux diurnes, le peuple « divin » à leurs prédécesseurs dans la conquête de l'Irlande qui sont les Fir Bolg ( Les hommes-sacs)...
Dans une seconde partie, ces mêmes dieux sont affrontés aux Fomoire alliés des Fir Bolg...
Ce réunit réunit donc deux conflits majeurs : l'un contre des démons avides ; l'autre contre un groupe de puissances détentrices des secrets de l'agriculture...
Les dieux diurnes et « célestes » ignorent cette activité nourricière de la Terre et cette pratique manque à l'ensemble de leurs fonctionnalités...
Lorsque les TDD s'implantent en Irlande, ils ont à faire face aux Fir Bolg puis aux Fomoire, les deux récits relatent les épreuves rencontrées lors de cette implantation...
Selon Philippe Jouet, ces batailles ont un contenu politique, elles visent à concilier toutes les fonctions sociales. Elles ont également un fondement cosmologique cyclique....
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LE RECIT :
(Relaté par Philippe Jouet et observations de celui-ci)
Les événements débutent « Trois quinzaines après le solstice d'été » soit peu de temps après la Lugnasad de début août ; ils prennent fin à la Samain...
Nous sommes lors dans la période claire de l'année, la période sombre débutant début novembre (au cours des mois noirs et même très noirs pour les Bretons) … C'est le moment où une nouvelle roue annuelle se met en branle, soit encore à la fin du cycle et de la course solaire laquelle reprendra au solstice d'hiver avec la naissance (renaissance) du Mac Oc ou encore Oengus (le nouveau soleil)...
La pensée celtique confirme le fait que c'est de la nuit que naît la lumière !.... Et que la nuit est nécessaire car elle prémédite les aurores !... Cela traduit aussi une origine « nordique » de la Tradition....
Il était conséquent et important que ces combats prennent fin à la Samain (comme d'autres récits celtiques d'ailleurs) et que la paix, l'équilibre et l'harmonie règnent de nouveau en la terre d'Irlande et que la cohésion sociale soit de nouveau assurée lors de l'entrée dans la grande traversée périlleuse hivernale qui requière absolument cet état de concordance, de pacte d'entendements, d'apaisement entre les hommes entre eux et entre les hommes et la bonne marche et le bon ordre de l'Univers......
Les combats sont à l'origine la résultante d'un refus à partager équitablement l'Irlande entre ses différents occupants et les « envahisseurs ». De nombreuses tentatives de conciliations entre les parties échouent en ce sens...
Il semble bien que nuit et jour ne sont pas en mesure de trouver un terrain d'ententes si ce n'est en respectant une règle d'alternance et de juste répartition !.......
Lune et soleil ne s'opposent pas et ils sont tous deux "porteurs de lumière" !...
Faute d'accord, des combats singuliers s'échangent entre divers « champions » et « héros » sous les yeux des armées assemblées...
Puis, les armées s'affrontent, les Fir Bolg lancent leur « compagnies sanglantes et enchaînées » (tactique militaire)...
Conseillés par Fintan ( un sage et « homme primordial »), les Fir Bolg creusent une fontaine de santé qui permet de guérir les hommes blessés au combat... (Les Tùatha Dé Danann guidés par Dian Cecht (le dieu médecin), feront de même lors de la deuxième partie du récit.
Dans ces premiers affrontements, les TDD sont finalement vaincus et ce, malgré les prouesses guerrières du Dagda ; le Dieu (bon dans tous les domaines) des Tùatha Dé Danann...
Le lendemain matin de cette victoire le roi Eochaid qui se lave sans son arme dans la fontaine guérisseuse est attaqué par trois individus. Il doit son salut à l'intervention d'un guerrier inconnu qui se sacrifie pour lui. Les agresseurs sont en fait les frères de Dian Cecht, tous médecins, venus espionner le camp adverse et aussi sa fontaine de santé...
L'arrivée en Irlande des TDD fut montrée en rêve à Eochaid, le roi des Fir Folg : il vit lors « de grandes troupes d'oiseaux noirs venant des profondeurs de l'océan. »...
Le roi vit aussi « un guerrier porter un coup au plus noble des oiseaux de cette troupe et lui couper une aile. » C'est là une vision de ce qui sera la mutilation par un guerrier du bras du roi Nuada, roi des TDD, lors d'un combat à venir....
Stren, un envoyé des Fir Bolg auprès des TDD y rencontre le roi Bres, roi des Fomoire, et s'entretient avec lui. Les deux hommes échanges des armes et se oient d'amitié...
Streng revenu dans son clan propose de partager l'île avec les TDD, mais cet arrangement est refusé...
Les « corneilles du combat » soit Bodh, Macha et Morrigan alliées au TDD envoient sur les Fir Bolg des averses de magie, « des nuages denses de brouillard et des pluies de feu. » avec « des chutes de sang tombant de l'air sur les têtes des guerriers. »
(C'est là une annonce de fin du monde ou d'un monde.)...
Les Fir Bolg se rassemblent pour reprendre les combats. Les TDD leur envoi une délégation de gens d'art pour proposer, de nouveau, un partage équitable de l'Irlande, partage qui est encore refusé...
La bataille reprend jusqu'au soir et reste indécise
malgré les exploits de Rùadàn, fils de Morgan, des Fir Bolg...
Le 3è jour, les Tùatha Dé Danann voient approcher les Fir Bolg avec une telle coordination de puissance qu'ils nomment l'endroit « Mag Tured » soit la Plaine des Piliers. (Chaque guerrier est le « soutien » de l'autre.)...
Le Dagda mène le combat, écrase les rangs ennemis (sa massue fait des ravages!) Les TDD sortent vainqueurs de cette nouvelle phase d'affrontements...
Le lendemain, les hommes des Fir Bolg font un « cercle de valeur » autour de leur roi Eochaid...
A l'ardeur des « guerriers gris » (fauves), secondés par des hommes plus âgés, s'ajoutent les incantations des poètes « placés sur des piliers et des éminences » et les cris des « furies et des monstres. »...
Streng porta un coup au roi Nuada « si bien qu'il lui coupa le bord du bouclier et le bras droit à partir de l'épaule. », ce qui entraîne la disqualification du roi qui perd son intégrité, ce qui compromet l'avenir des TDD...
Le bras fut placé dans le « cercle des valeurs » (Cercle de pierres) à la place du roi...
L'engagement est général …
Les TDD sont obligés de se choisir un roi physiquement intègre. Ils portent Bres à la royauté...
Deuxième partie (version 1)...
« Les Tùatha Dé Danann étaient dans les îles du Nord du monde apprenant la science et la magie, le druidisme, la sagesse et l'art et ils surpassèrent tous les sages des arts en paganisme. »
Le récit rappelle la Première bataille de Mag Tured et mentionne une alliance provisoire des Fomoire et des Tuatha Dé Danann scellée par le mariage d'Eithne, fille de Balor, et de Dian Cecht, parent de Lug...
Commence alors le récit proprement dit... à la suite de la disqualification du roi Nuada blessé une querelle survient entre les TDD et leurs femmes...
Bres, fils adoptif des TDD fut choisi comme roi ; son père Elatha était roi des Fomoire (il a donc les deux ascendances : Fomoire et TDD.)
Mais le roi des Fomoire impose un tribut à l'Irlande dont la royauté appartenait aux Tùatha Dé Danann...
Les champions des TDD tombèrent en esclavage. Ogme portait des fagots sur ses épaules d'un point à l'autre du territoire irlandais et le Dagda était obligé de travailler à la construction de forteresses...
Dian Cecht mit un bras d'argent à Nuada pour remplacer celui amputé... « un bras d'argent avec en lui le mouvement de chaque bras. » Mais son fils Miach qui trouvait que ce n'était ni suffisant ni parfait prononça le charme : « joint sur joint, nerf sur nerf. » et guérit Nuada en trois jours et nuits. Dian Cecht irrité de cette prouesse frappa par trois fois son fils sur la tête avec son épée. Trois fois Miach guérit ses blessures, mais le quatrième coup lui est fatal...
Sur la tombe de Miach poussèrent 365 plantes guérisseuses. Airmed , la sœur de Miach et la fille de Dian Cecht les rangea par qualité médicinale, mais Dian Cecht les mêla si bien qu'on ne connaît plus leurs vertus...
Cependant, les chefs des TDD murmuraient contre Bres « parce qu'il ne graissait pas leurs couteaux » et que « leur haleine ne sentait pas la bière. » Malgré leurs nombreuses visites au roi, ils ne voyaient chez lui ni leurs poètes, musiciens et jongleurs ni leurs athlètes.
Mal reçu par Bres le poète Coirpe fit la satire suivante :
« Sans nourriture sur le plat rapide (le haut du plat), sans lait de vache qui fait grandir les veaux, sans abri humain dans l'obscurité de la nuit, sans pouvoir payer une troupe de conteurs qu'ainsi soit la prospérité de Bres. »
Cette satire, la première faite en Irlande, inaugurera la ruine de Bres.
Menacé de déchéance par les TDD ; le roi obtient un délai qu'il met à profit pour rassembler les guerriers Fomoire.
Nuada est rétabli dans sa royauté...
Un jeune guerrier équipé comme un roi se présente à Tara le jour du festin royal. C'est Lug, le fils de Cian, fils de Dian Cecht (Tùatha Dé Danann) et d'Eithne, fille de Balor, ( Fomoire.)...
Suit un dialogue sous forme de questions/réponses entre les portiers chargés de contrôler l'accès à la forteresse et Lug lequel annonce à chaque fois ses qualités et compétences de polytechnicien (Samildanach)...
Il est : charpentier, forgeron, champion, harpiste, héros, poète, historien, sorcier, médecin, échanson, bon artisan (soit toutes les fonctions souveraines augmentées de l'artisanat (sauf l'agriculture)...
Si les TDD ont déjà des spécialistes de ces arts et peuvent se permettre de refuser les services du nouveau venu, aucun d'eux ne les maîtrise tous (Lug est l'homme de chaque art et de tous.) Lug subit alors des épreuves trifonctionnelles... Il est vainqueur aux échecs. Il est enfin admis à Tara sur le « siège des sages » puis il soutient le défi lancé par Ogme et lance une lourde pierre par dessus un mur de la forteresse....
Enfin, il joue avec succès sur une harpe les trois refrains du sommeil, du sourire et de la tristesse...
Admis chez les dieux, il bénéficie du festin d'immortalité qui le rend « ivre et joyeux », mais dont il devra surmonter les effets pour agir.
Nuada comprit que ce jeune guerrier pourrait sauver les TDD. Il céda son siège à Lug et se tint devant lui debout pendant treize jours (douze plus un.)...
L'état major des Tùatha Dé Danann est ainsi composé :
Lug, le Dagda, Ogme, Goibniu et Dian Cecht et se réunit alors. Lug fait l'inventaire des ressources magiques à leur disposition :
le sorcier Mathgen fera crouler les montagnes sur les Fomoire, l'échanson leur cachera les lacs d'Irlande, le druide Figol fera pleuvoir sur eux des averses de feu, leur retirera les deux-tiers de leur valeur et liera l'urine dans le corps des hommes et des chevaux.... Les TDD auront de l'eau, ils ne seront pas fatigués et leurs forces seront augmentées...
Le Dagda déclarera posséder à lui seul tous ces pouvoirs...
Cette revue des « puissances à l’œuvre » se poursuit dans la version 2...
Les dieux s'engagent dans leurs champs fonctionnels respectifs...
Le Dagda à un « rendez-vous de femme » avec la Morrigan aux neuf tresses laquelle renseigne le Dagda sur les mouvements des Fomoire. Elle participera aux combats à coté des TDD en « enlevant le sang du cœur et les rognons de la valeur. » aux guerriers Fomoire....
L'armée des Fomoire subit une incantation... (C'était une semaine avant Samain)...
Les Tùatha Dé Danann se réunirent la veille de Samain (ici prend place le festin du Dagda), lequel serait constitué de rituels de sortie de l'hiver renforcés d'une hiérogamie et d'un jeu verbal rituel.
A la demande de Lug, le Dagda alla au camp des Fomoire les espionner et demander une convention pour la bataille... On la lui accorda. Les Fomoire lui firent alors de la bouillie « pour se moquer de lui. » car il en était friand...
Dans le chaudron royal on fit aussi cuire des chèvres, des moutons et des porcs. On les lui versa dans un trou fait dans la terre et on lui dit qu'il serait mis à mort s'il ne mangeait pas tout !...
Le Dagda mangea le tout avec sa grande cuillère, racla le fond avec son doigt et s'endormit...
Les Fomoire se moquèrent de son ventre distendu...
Le Dagda rencontre en chemin la fille d'Indech. Alourdi par les excès de nourriture, il ne peut satisfaire, dans l'immédiat, la demande d'union sollicitée par celle-ci... Il porte cette dernière sur son dos, se soulage, puis accorde son plaisir à la demoiselle non démunie de « pouvoirs »....
Celle-ci acceptera finalement d'incanter contre les Fomoire. (Dans ce passage, la fille d'Indech use successivement de magie sexuelle, verbale et formelle)...
Le contexte est celui du renouveau saisonnier, assorti d'une rupture de jeûne et d'une hiérogamie.
Le Dagda, dans ce récit, a pris l'apparence d'un rustre. La fille est une puissance de la terre. Son père surveille le festin...
Les armées se mettent en marche...
Les hommes d'Irlande décident (pour sa protection) de ne pas exposer Lug aux combats et le mettent sous la surveillance de neuf tuteurs pour l'empêcher de s'y rendre...
(Ses nombreux arts en font un être privilégié et précieux et ils craignent sa mort prématurée.)...
Après une revue des pouvoirs magiques et militaires, Lug encourage les combattants et la bataille commence...
Les Fomoire furent étonnés de la guérison rapide des guerriers des TDD blessés dans les affrontements (en fait ceci est la résultante de la fontaine de santé mise en place par Dian Cecht, ses fils et sa fille.)
De même les Fomoire s'étonnèrent également du renouvellement continuel des armes de leurs ennemis (ceci étant la conséquence des capacités et prouesses des forgerons des Tùatha Dé Danann sous l'égide de Goibniu et de Credne.)...
(Significativement, dans ce mythe du renouveau cyclique, les Tùatha Dé Danann ont un pouvoir de guérison.)
Les Fomoire envoient Rùadàn espionner les TDD et lui demande de tuer Goibniu et les artisans forgerons. Il sera tué par Goibniu qui lui retournera sa lance en plein cœur...
Un Fomoire conseille aux siens de combler la fontaine de santé des TDD...
Quand le combat s'engage Lug échappe à la surveillance de ses tuteurs et ce, sous l'apparence de son cocher...
Pour se battre et encourager les TDD, il chante alors une incantation « sur une seule jambe, avec un seul œil. » en faisant le tour des hommes d'Irlande (posture rituelle : Lug mime l'année aux deux moitiés diurne et nocturne, morte et vivante...)
A cette image de la moitié s'ajoute la circumambulation, analogie avec celle du soleil et de la course de l'année.)
De nombreux combattants périrent lors de ce nouvel affrontement.
Lug et Balor se rencontrent dans la bataille. Balor ordonne qu'on soulève la paupière de son œil unique lequel peut briser la résistance de toute armée, si nombreuse fut-elle...
Ce qui est fait, mais Lug creva aussitôt cet œil d'une pierre de sa fronde...
Après cela la Morrigane s'en vint encourager les TDD...
Beaucoup de rois et de nobles moururent dans ces combats ainsi qu'une foule énorme de paysans et de gens du commun...
Bres, découvert sans protection, demande qu'on l'épargne dans l’intérêt des TDD ; il promet que les vaches d'Irlande auront toujours du lait. La grâce étant refusée, il propose quatre récoltes par an, mais sans plus de succès... Lug, généreux, lui demande seulement : « comment laboureront, sèmeront et moissonneront les hommes d'Irlande ? »
Bres livre la solution et sauve sa tête. L'agriculture est ainsi
ajoutée à la troisième fonction de la société des Tùatha Dé Danann...
La Bodh annonça en tous lieux la victoire des TDD...
Suit une procédure complémentaire de conciliations. Cela complète le tableau trifonctionnel par une dimension fructificatrice et nourricière...
La version 1 du récit se clôt sur une terrible prédiction de la Bodh qui prédit la fin du monde (ou d'un monde) qui contraste avec la joie des TDD....
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Observations de Philippe Jouet :
Le récit de ces batailles expose une théorie politique dans un cadre issu de la religion cosmique. Le roi Nuada mutilé, c'est l'image d'un ciel diurne lui aussi mutilé...
Bres est un roi terrien soutenu par des forces qui s'opposent aux dieux...
Lug est le dioscure ( un jumeau divin) immortalisé qui survient au crépuscule du matin. Il coordonne les fonctions souveraines augmentées des artisans et prépare le retour de la lumière et du bon ordre...
Le renouveau est amorcé par l'aveuglement et la décapitation du Fomoir Balor, associé au crépuscule du soir...
Le Dagda, céleste et diurne, mène deux hiérogamies (Union entre deux principes sacrés de sexe opposé dans certaines religions ou mythes fondateurs. Union sexuelle réalisant une alliance avec le plan divin.)...
Lug intègre l'agriculture à la société tandis que les dieux de la terre et de l'abondance sont conciliés et ralliés...
Les démons infernaux sont refoulés ou tués (une sorte de sacrifice cosmique)...
L'oppression vécue par les TDD s'appelle " la Nuit des Dieux."
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REFLEXIONS MAJEURES EN CE TEMPS DE SAMAIN
Notes et commentaires à propos de ce récit...
Bran du, le 31 10 2020 et 01 11 2020...
Il y a une bien étrange correspondance analogique entre le thèmes mythiques qui encadrent et animent la fête de Samain/Samonios, les récits des Anciens Celtes qui concernent cette fin de cycle et la période historique que nous vivons dans l'actualité inédite d'un virus aux origines quelque peu nébuleuses et obscures qui ébranle toute notre société planétaire sujette à de fortes incohérences et à une anxiété grandissante....
Ces événements exceptionnels que nous traversons à travers brumes et brouillards s'ajoutent aux constats et bilans sociaux antérieurs à ce virus et qui démontrent une société en rupture d'entendement et de cohésion social, un divorce aigu entre la politique et la gouvernance de celle-ci et une population trop soumise au déni, à l'inégalité et à l'injustice, à l'indifférence, au mensonge et à la tromperie et aux incohérences notoires...
Samain nous rappelle la « loi des cycles » et nous permet d'accepter et de comprendre que tout être est lui aussi régenté comme le monde animal et végétal à une période de croissance puis de décroissance...
Cependant le terme échu n'est pas sans instruire un nouveau cycle issu de celui qui s'est achevé préalablement...
(Reste à ne pas reconduire l'ancien modèle avec un même mode de pensées !)...
Lors, ce que nous vivons actuellement se présente bien comme l'achèvement aussi d'un cycle au même titre qu'une année s'achève avec les scories accumulées au cours de son déroulé...
La fin appelle un recommencement chargé de nouvelles potentialités et c'est à cela que la nature elle-même nous « initie »...
Notre monde va au plus mal tant les prédations opérées par l'homme contre lui-même et tout ce qui l'entoure ont affecté et affectent encore l'environnement, la biodiversité, la nature elle-même et sans doute l'Univers lui-même comme le pensaient nos Anciens Celtes....
La dramaturgie amplement et planétairement partagée a pour effet induit et positif d'interpeller chacun et chacune à des niveaux majeurs et essentiels du questionnement humain...
Et c'est notre « conscience » qui se trouve interpellée provoquant un éveil ou une maturation salutaire de celle-ci...
Car au-delà et par-delà le tragique de certaines situations, ces événements sont propices pour amener les uns et les autres vers de tels questionnements....
Que pourraient nous dire à ce sujet et selon les enseignements transmis par les bardes, les « Sages de Celtie » ?
Que le cumul de déficit en terme d'équilibre et d'harmonie est tel que la société toute entière bascule sur des fondements qui se délitent de plus en plus, sur des assises qui se lézardent et qui donc mettent en grand danger l'ensemble de la communauté humaine...
Le conflictuel est encore d'une telle fréquence et densité, les divergences d'opinions, d'attitudes, de comportements de même, que l'on ne voit pas ou plus ce qui serait encore en capacité de faire unité salutaire d'entendements, de convergences et d'entraides...
L'absence de réelles tentatives de conciliation, de partenariat entre des dualités sans cesse opposées ne peut que mener au affrontements stériles et destructeurs puis au chaos !...
Le développement permanent de l'individualité exacerbée de mille façons ne peut que diviser davantage...
Par ailleurs une part de l'humanité se soustrayant à la nécessité de tisser des liens et d'investir des actes solidaires, se trouve en but, en opposition et en conflit avec d'autres composantes sociétales sans qu'une volonté conciliatrice et salutaire, négociée et menée démocratiquement ne s'impose...
Des forces « aveugles » entendent imposer leur aveuglement à ceux et à celles qui espèrent en une saine et lumineuse clarification !...
Il s'avère selon diverses sources d'informations que nos contemporains aspireraient de plus en plus à l'instauration d'une « autre monde », d'une autre « vision et compréhension de celui-ci » et ce à partir d'une pensée qui soit très différente de celle qui a mis en œuvre l'état fort inquiétant et fort anxiogène dans lequel nous sommes...
On parle, on évoque, on suppute, mais surtout on espère un « après » qui ne soit plus une reconduction ronéotypée de « l'avant »....
Maintenir un modèle de croissance et d'évolution quasi « suicidaire » est perçu comme une folie destructrice mettant en péril la planète et les nouvelles générations...
Tout ce qui a concouru à ce bilan alarmant se devrait donc de cesser d'être activé comme nous y enjoignent depuis fort longtemps les « lanceurs d'alerte » et les sonneurs ou sonneuses d'alarmes !...
Parce que nous croyons par sens et intelligence aux Forces, Energies et Lumières qui concentrent en leurs émanations l'Entité Principe/Essence, nous leur demandons leur soutien bienveillant et bienfaisant, nous sollicitons donc leur appui afin de nous instruire en sagesse et discernement et de nous inspirer en nos pensées et en nos actes afin de rétablir les équilibres et harmonies indispensables à une nouvelle évolution en accord avec les lois naturelles et universelles...
La Vie elle-même ne relève pas dans son processus d'élaboration de tels conflits, elle ne connaît pas la peur, mais le désir associé à une ferme volonté... Elle tend pour sa pérennité et la poursuite de son évolution vers ce qui concoure par symbiose à des actes équilibrés, solidaires, adéquats et harmonieux...
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Une année s'écoule qui clôture une spirale de mes ans et qui s'ajoute aux « roues » antérieures et, comme le soleil je suis, moi, aussi entré dans une période de déclin !...
Mais « l'énergie solaire » en diminution, en perte progressive d'intensité de rayonnement, ne disparaîtra pas pour autant complètement du territoire et de l'espace interne de mon être...
En cette fin d'automne, les feuilles mortes jonches la grande prairie de la terre et constituent en leur « pourrissement » l'humus des germinations futures...
Qu'en est-il ou sera-t-il de notre propre terreau ?
Que ferons-nous de notre « Matéria-Prima » ?
Dans cette « Oeuvre au Noir » que nous avons commencé à traverser, qu'en sera-t-il de l'Oeuvre au Rouge puis de l'Oeuvre au Blanc ? A quelle "épuration" soumettrons nous la matière corporelle et charnelle que nous sommes ?
Avons nous si tant oublié que nous sommes l'alchimiste de nos propres changements, mutations et transformations ?
Nous sommes dans un déroulé d'événements mythiques où il est vain de rechercher des correspondances historiques...
Dans cet illustre combat « universel » entre l'ombre et la lumière, l'obscurité et la clarté, le ténébreux et le lumineux, il n'y a de place que pour le propos mythique et les archétypes qui en découlent...
Pour un auteur et penseur Grec « le mythe est un mensonge qui dit la vérité. »
Cette « Vérité » est celle que conçoivent les Celtes et elle se dote de son caractère véridique que pour autant qu'elle « sonne juste » dans ses propos, pensées, intentions et actes ! C'est à travers une parole d'eau et de feu qu'elle s'exprime exposant le diseur ou l'acteur à des périlleux retours de flammes ou de vagues selon la « véracité ou non » de ses propos et actions !...
Qui saura nous « soutenir », quel soutien pouvons-nous escompter, en cette fin d'année qui est aussi une fin de cycle avec toute l'usure d'une roue saisonnière, arrivée, épuisée, à son terme ?
Les événements inédits et dramatiques que nous vivions accompagnent ce terme chaotique o combien et illustrent une décadence, une dégénérescence, une dissension ou dissolution sociale et de dangereux fractionnements au sein de notre population...
Les nouveaux habitants de l'Irlande sont des "dieux" qui surpassent par leur science, art et connaissance du druidisme tous les sages... Ils sont soutenus par une population qui croit en eux...
Sous l'égide de Lug, ils instaurent après une période assez chaotique et de nombreux et divers combats a forte connotation magique menés contre des forces hostiles et néfastes, une base sociale cohérente fondée sur une quête d'équilibre et d'harmonie qui se doit d'être conforme en tout point à la "bonne marche et au bon ordre de l'Univers"...
La cohésion sociale implique par son instauration, sa maintenance, sa fortification (l'attention, le respect, la coordination et la considération qu'elle nécessite) que toutes les fonctions soient parfaitement représentées, réparties, attribuées, maîtrisées et régentées au mieux...
Il était conséquent et important que ces combats prennent fin à la Samain et que l'équilibre et l'harmonie règnent de nouveau en la terre d'Irlande et que la cohésion sociale soit de nouveau assurée lors de l'entrée dans la traversée périlleuse et hivernale qui requière absolument cet état de totale concordance, de total apaisement, entre les hommes entre eux et entre les hommes et la bonne marche de l'Univers...
Nous sommes dans un récit mythique parsemé d'opérations magiques, de métaphores et d'images analogiques...
C'est un langage pour l'esprit, les sens, l'intelligence et le cœur....
Il ne s'agit pas de chercher une « historicité » » à ces événements, mais de comprendre ce que ceux-ci nous enseignent, et révèlent de sagesse, de clairs discernements, et ce, à la fois, à l'individu que nous sommes, mais aussi à nos communautés d'appartenances...
On pourrait parfaitement transposer le déroulé des récits à notre époque dite moderne (par transposition des schémas narratifs, mythiques et archétypaux qui sont anhistoriques et intemporels.)
Nous sommes nous aussi durement confrontés aux assauts répétés et redondants de forces chaotiques et destructrices qui tentent par tous les moyens d'assombrir durablement notre présence au monde et qui grèvent dangereusement notre devenir...
Balor (qui concentre dans son œil unique les feux destructeurs du pouvoir) porte un sinistre regard sur l'avenir de notre monde. Il ferme l’œil sur ce qui lui convient, mais ravage de sa brûlante vision les terres qui portent germes de Lumière !...
Notes en résumé :
Nous sommes ici au plein cœur d'un mythe de renouvellement cyclique dont la finalité est de restaurer, de redynamiser, de équilibres et des harmonies en perte d'énergie et de redonner à la communauté humaine toute son unité cohérente et solidaire....
Ceci en total accord avec la conception celtique qui veut que le plan humain, cohérent, équilibré et harmonisé de nouveau, peut ainsi contribuer à la bonne marche de l'Univers et au bon ordre de Celui-ci et co-participer lors aux effets opératifs et positifs de la Loi de saine et sereine Evolution...
Ce récit se termine par une éclatante victoire des TDD ( entendre la victoire du monde diurne sur le monde nocturne), mais aussi, en contraste de la joie d'une paix retrouvée, sur la prédiction annoncée de la fin du monde !....
Que vient lors faire cette redoutable annonce au moment où les équilibres et les harmonies sont enfin restaurées ?
Elle rappelle peut-être bien combien sont fragiles et éphémères les temps d'équilibre et d'harmonie entre les hommes eux-mêmes et l'Univers dans lequel ils vivent temporairement...
Elle fait observer la nécessité par ailleurs d'une loi d'alternance et celles liées aux cycles et à la loi d'évolution...
Tout « monde » est appelé à mourir car c'est la condition « sine qua non » pour qu'un nouveau monde le remplace et régénère le Vivant « usé , épuisé et en fin de course » !......
Cela fait étonnamment et puissamment écho à l'ère que nous traversons « décontenancés », désorientés et agités de frémissements et de sursauts chaotiques !
Ne nous faut-il pas accompagner au mieux cette fin d'un monde et le laisser s'éteindre en nous préparant et en préparant nos semblables à une renaissance future sustentée par une conscience avisée, lucide, cohérente, maturée ayant ensemencé les graines choisies, sélectionnées, expérimentées d'un autre « possible », d'une autre façon d'habiter et d'animer notre monde et nous-mêmes ?...
Dans cette épopée, le polytechnicien, le multiple artisan, l'homme de tous les arts qu'est Lug « prépare le retour de la Lumière » laquelle sera garante des équilibres et des harmonies qui « éclairent le monde. »
A quoi s'opposent les dieux « lumineux » ? A des forces sombres et obscures, hostiles et néfastes qui entendent maintenir le Vivant sous leurs coupes enténébrées...
Ne nous-faut-il pas « clairement » identifier ces dites forces, les dénoncer et les combattre si aucune conciliation, négociation, n'est possible avec elles ? Nous sommes, individuellement, ce rude terrain de batailles, de luttes et de combats et seule la Lumière d'Amour nous permettra de vaincre !...
Ne nous incombe-t-il pas à nous aussi d’œuvrer, de contribuer, chacun, chacune à sa façon, selon les moyens et outils qui lui sont propres, solidairement, à ce « retour de la Lumière » en nous, entre-nous et en parfait entendement et respect avec ce qui nous entoure, avec le ciel au-dessus de nous, la terre sur nos pieds et l'océan des êtres et des choses, des espaces et du temps qui sont les nôtres ?...
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La Bataille de Mag Tured (récit conté) Introduction par :
Bran du, le 01 11 2020...
Puissant, plein de vigueur et de rigueur est le souffle du Nord, c'est lui qui anime le vol des oies sauvages et la migration des rennes et des caribous...
Glacé est ce souffle qui chevauche les étendues désertes pendant les six mois de jours et les six mois de nuits...
Puissant, de même, le souffle auroral de l'Est que respirent les cygnes blancs, les cygnes noirs, les cygnes blancs et noirs... Sur ses grandes ailes s'appuient le vol ample des aigles et des corbeaux...
Il va par delà monts et collines, fleuves et vallées et les herbes et les feuilles se plient sur son passage...
Il gronde parfois le vent chaud du Sud, il fouette et brûle les terres arides que parcourent les sangliers en quête de nourriture...
Bien sombre est le ciel chargé d'orages et bien blanches sont les pierres inondées de soleil....
Les cerfs brament sous la lune et s'entrechoquent leurs bois...
Il soulève vague et écume le souffle marin de l'Ouest, mouettes et goélands crient avec lui, les voiles se tendent et les mâts se rompent et les hommes se noient...
C'est lui qui porte la parole, la sagesse, l'entendement, aux rivages des hommes qui ont le cœur à l'écoute...
Il est la mémoire des grandes traversées de l'espace et du temps...
Du Nadir, des noirs abysses de l'océan, jaillissent les courants qui ceinturent le monde et du zénith descendent les influx d'or et d'azur qui font germer et fleurir la terre....
Ainsi est formée et animée la Grande Roue avec son cercle, ses huit barreaux solidaires et son Moyeu sacré et divin...
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