Samain 2013 : suite d'études, préparation au rituel
SAMAIN / SAMONIOS Préparation et sensibilisation au rituel
Bran du 09 10 2013
Partie 1 :
Ce qu'en dit Philippe Jouet dans le dictionnaire religieux et mythologique celtique :
« Samain (Samoni) assemblée – réunion...
Fête de rencontre avec les mânes...
Une fissure au point où les deux années se jouxtent... Tout le surnaturel s'y précipite au point d'envahir le monde humain...
C'est la conjonction d'éléments politiques et cosmiques...
Samain organise le refondement de la société dans ses rapports avec 'ordre universel...
C'est le renouvellement de la cohésion de la dite société car la cohésion sociale concourt au maintien religieux du monde...
Le roi est choisi à Samain....
Les armées du Sid passent sur terre avec la cavalcade de Manannnàn...
Samain donne lieu à des joutes verbales, des compétitions poétiques, (contests) et à des épreuves de performances physiques...
Des prédictions et des prodiges accompagnent et annoncent l'eschatologie annuelle (fin du monde et résurrection de celui-ci)...
C'est un complexe « mythico-rituel » étendu... »
Commentaires en prélude au développement qui suivra :
Le point de passage est un gué périlleux entre une année et une autre et le dit « pas sage » implique que toute une société assure sa propre cohésion et s'assure du maintien dans tous les domaines d'une harmonie exemplaire... La terre et tout ce qu'elle porte sont censés être en correspondance et adéquation avec le merveilleux et exemplaire ordonnancement du ciel...
Tous et chacun ici-bas sont chargés de se mettre au diapason et à l'unisson de cet « entendement » en veillant à ce que le chaos ou le désordre ne fassent pas irruption au sein de l'équilibre instauré toujours éphémère et sujet à des variations préjudiciables...
Ce souci maximal d'accord entre toute chose impliquant une solidarité avec tout le vivant et tout l'univers est, au cœur même de notre société moderne, un modèle à suivre et constitue une pensée « écologique » avant même la conception récente de cet art de vivre en entendement symbiotique avec son environnement tant dans le présent qu'en perspective d'avenir...
Ce fort sentiment de « solidarité » et de « communauté de destin » représente, aux portes du devenir planétaire, un seuil préalable de conscience dictant actes et pensées
en « osmose » et « empathie » avec le sentiment que toute chose, dans le ciel et sur la terre, visible ou non, contribue au maintien de la vie et à la poursuite de celle-ci de génération en génération...
Notre dignité et notre responsabilité consistant à incorporer ces dimensions et sentiments en les incarnant exemplairement dans notre quotidien et en faisant rayonner leur bienfait et bienveillance sur le monde, là où nous sommes, avec les outils que nous aurons forgés pour cela, en demeurant à l'écoute permanente de cette musique du cœur et des sphères se faisant appel et réponse dans le Grand dialogue et concert de la Vie...
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Partie 2
Etude et réflexions à partir des ouvrages de CH J GUYONVARC'H et Françoise LEROUX (Les fêtes celtiques) (Ouest France éditeur)
« Viande, bière, noix, andouille,
C'est ce qui est du à Samain ;
Feu de camp joyeux sur la colline,
Lait baratté, pain et beurre frais... »
Les éléments traités ci-dessous sont extraits des documents irlandais étudiés par deux universitaires spécialistes du monde Celte. On pourrait considérer que ces informations précieuses issues des manuscrits d'Irlande constituent une spécificité insulaire, mais les deux chercheurs insistent sur une forte parenté de conception :
« Les conceptions religieuses des Celtes continentaux étaient très proches de celles des Celtes insulaires, si elles n'étaient pas absolument identique. »
« Le soleil, de moins en moins, rayonne à la fenêtre du monde alors que l'hiver se prépare à tirer le rideau de ses nuits... »
« Samain est ce moment où les hommes ont accès à l'Autre Monde parce que l'éternité du Sid pénètre le temps et en suspend le cours... C'est lors que les Messagères de l'Autre Monde visite leur « élu ».... C'est la fête de la fermeture de l'année écoulée et de l'ouverture de l'année à venir ; le temps de Samain, du Sid et de l'humanité sont provisoirement confondus... »
…/... « C'est une fête ruisselante de joie et de lumière qui renforce par son abondance de nourriture et de boisson le potentiel sacré de l'humanité la préparant ainsi à la rude épreuve des ténèbres hivernales. …/... C'est une fête intelligente et équilibrée...»
« La réunion de Samain rassemble tout le cosmos celtique dans l'espace-temps à la frontière de deux années... L'histoire celtique se transpose constamment en mythes de l'Autre-Monde... »
« Ce n'est pas une fête « agraire », mais, une fête mythique et une fête religieuse instaurée et animée par les druides au bénéfice de toute la société... »
« Samain est le symbole répété, l'image multiforme de l'éternité »...
« Si Lug ; l'universel « homme d'art » du monde, le chef de tous les dieux, le maître de la lumière, du temps et de la mort, est le divin patron de cette fête, le Dagda n'y est pas étranger.... »
« Samain est bien une fête totale mobilisant les vivants de cette terre ainsi que les heureux habitants du Sid... Samain clame la supériorité du divin sur l'humain... »
« En Irlande la « magie » à supplanté tout culte organisé ; la tradition pré-chrétienne a disparu ; la fairie remplace les dieux et les déesses... La fête devient une fête rurale...
La « banshee » est devenue une femme maléfique et mystérieuse... »
L'orbe des saisons a été parcourue, avec ses déclins et ses apogées successives, ses alternances d'ombre et de l'universel tantôt conquérantes et dominantes, tantôt conquises et dominées... (Ce double mouvement étant périodiquement rappelé à « l'équilibre » après des phases d'extension et de réduction, d'évolution et d'involution, d'expansion et de concentration ; cette « régence alternée » ayant pour but de maintenir « l'harmonie » entre toute chose)...
L'ordinaire se fait extraordinaire... Les règles coutumières, habituelles, sont confrontées à leurs exceptions... Barrières et frontières s'estompent , une porosité de passage et d'échange se met en place afin de permettre une libre circulation d'ondes, de flux, de vibrations en quête de reconnaissance, de correspondance, d'attirance et d'union... (On pourrait évoquer ici un phénomène d'attraction et d'aimantation.)...
De quelle nature pourraient être ces « visitations » sinon d'une nature « aimante », à l'image de ces jeunes femmes aux apparences de cygne (le plus souvent) qui viennent au devant de l'être qu'elles ont choisi en « complément d'amour » …
Au point de soudure de l'anneau, un temps s'achève et meurt donnant naissance à une nouveau cycle... Une spirale passe le relais à une autre ! A l'ancienne alliance succède la nouvelle alliance... Et nous sommes une fois de plus, une fois encore conviés à ces noces entre le passé et le futur en un temps présent chargé de mémoire et d'éternité...
Oui, plus que jamais, en ce « lit du couple » où Dieu et Déesse s'accouplent pour réenfanter la vie et donner à son ruisseau un libre et nouveau cours, l'instant célèbre et clame l'Eternité, l'Eternel retour des danses saisonnières de l'Amour....
Il n'est en ce « cristal de l' instant » qu'une assemblée aux mille facettes qui rayonnent de forces, d'énergies et de lumières...
Samain est peut-être le moment, par excellence alors, pour mettre en connexion l'Ici et l'Ailleurs, le dedans et le dehors, notre espace intérieur et l'espace extérieur et, en résumé, notre « Monde » et cet « autre Monde » dont les ambassades bienveillantes nous signalent l'intime présence en nos contrées profondes...
Une invitation donc au dialogue et à la rencontre entre un continent connu et un continent inconnu, un continent conscient et un continent inconscient, qui ont bien des choses à se dire et à partager dans une découverte mutuelle et fructueuse et une réciprocité d'attentes et d'espérances...
Visiter cet « ailleurs en soi », accueillir « l'inconnu en notre demeure » et faire connaissance ; une connaissance débouchant sur une reconnaissance d'un ensemble de parties heureuses de constituer un nouveau tout...
Connexion, conjonction, coordination, collaboration, conjugaison... au sein d'un temps « cosmique » exceptionnellement ouvert et animant un temps « humain »....
Tout le « possible » étant offert au sein de cette mystérieuse, courte et infinie « parenthèse »...
« Le Dagda était dans sa maison du Nord et, cette année là, avait rendez-vous de femme (la Morigann)... Celle-ci lavait ses pieds au bord de la rivière, ses neuf et libres tresses flottant dans son dos... Ils firent une union d'où le nom de « lit du couple » donné depuis à ce lieu... »
La Déesse est cette Matrice Cosmique dont le monde sort régénéré, revitalisé, réénergétisé, en permanence... Ses neuf tresses qui flottent en liberté dans l'espace infini pourrait symboliser ce monde neuf, cette gestation reconduite de naissance en naissance, ce réenfantement au sein d'un acte qui a fait toutes ses preuves en terme d'accomplissement....
Le Principe est uni à l'Essence, Le Père à la Mère, l'Anima à l'Animus, Le Un au Deux, La Chose à son Contraire... Toute dualité est transcendée et l'union des polarités supposées opposées réenfante, paradoxalement et merveilleusement, LA VIE...
La Mère enseigne, dispense savoir et connaissance ; elle enseigne la lutte, le combat pour l'existence et la vie ; un combat au service de l'équilibre et de l'harmonie...
Elle enseigne le métier de vivre, les outils les plus élémentaires et efficaces pour cela ; un rapport aimant avec la Terre, avec Elle-même, avec l'Essence.... Elle transmet l'art de semer, de tisser, de créer, de mettre et de remettre au monde, d'offrir et de rendre sacré... de ritualiser et de « remercier » ; un « Art de vivre » et un « savoir mourir »....
L'amour allié à la Connaissance » débouchent analogiquement sur l'Acte Créateur...
« Tous les grands événements épiques et mythiques se passent à Samain »
« Nous sommes fondés à regarder Samain comme le point culminant du calendrier irlandais et le point crucial de son légendaire. »
Ceci confirme l'importance considérable de cette fête, point d'orgue et clef de voûte de toute l'activité humaine résumée et concentrée dans son essentialité de souche et de source, de sang, de sève et de songe, de flux et de fluide, avant un nouveau redéploiement...
Des pensées profondes et lointaines viennent à nous couvertes de rémiges blanches ; elles viennent à notre rencontre comme à un rendez-vous d'amour... Saurons-nous les accueillir sans les blesser et reconnaître en elles ce qui est de nature à nous transformer et à nous transporter vers l'inconnu de nous-mêmes en vue de « métamorphoses » enjouées et salutaires ?
Ferons-nous comme Cuchulainn qui leur lança une balle de sa fronde n'ayant pas su reconnaître, sous son aspect d'oiseau, le désir aimant qui fait fleurir la fleur du monde et qui donne des ailes aux amants ?
Cuchulainn ne guérira de cette « blessure », en fait infligée à lui-même, que lors du retour de la prochaine Samain et ce avec l'aide des Druides qui l'inviteront à mieux accueillir ces visitations et à se rendre, avec joie, sérénité et confiance, à l'invitation faite par l'Amour....
Si nous ne savons pas nous engouffrer dans la faille de la roche du temps au moment où celle-ci s'entrouvre, il nous faudra attendre alors un nouveau cycle....
(La fleur blanche de l'Amour ne s'ouvre qu'une fois dans l'année nous invitant à porter nos lèvres vers son noir et diamantin calice ! ).....
Les Dieux, ces « Energies, Forces et Lumières » sont en nous depuis l'aube de notre naissance ; ils sont là dans notre matière charnelle, corporelle... et c'est la Mère qui les a déposer en notre propre chair.... qui a confié à notre être pensant, confiant et aimant, le soin de les élever à hauteur de son amour...
Nous sommes, potentiellement, chacun et chacune un « chaudron d'abondance » qui à vocation de distribuer généreusement, et de façon compassionnelle et altruiste, un « breuvage de vie » résultant de l'heureuse et alchimique distillation de notre propre substance !....
L'hiver nous ensemençons et accompagnons la germination, puis nous transperçons la Ténèbres afin de nous élever vers la lumière...
Au printemps se poursuit notre croissance, se fortifie notre « élévation »...
L'été voit notre fructification et le début de l'automne notre maturation...
Samain récolte, recueille, vendange et engrange...
Samain est la corbeille où l'on dépose les fruits de notre Arbre de Vie, où l'on trie et sélectionne les futures semences pour les futures emblaves de la vie...
(Noix, noisettes, pommes... ce sont là les fruits de la connaissance, cela par quoi notre corps, notre cœur, notre esprit « revit »...
Retournant à la Terre, revenant vers la Mère, le cycle se reproduit.... car tout est renaissance !...)
Samain récapitule les deux phases alternées d'un cycle qui s'achève et qui va être « réamorcé »... L'année fait sa roue ; l'éventail s'est par deux fois retourné...
La boucle est bouclée... Un cercle s'est superposé sur tous les autres passés, en épouse la forme et augmente celle-ci d'un « degré »... Ainsi depuis l'aurore de l'humanité...
De lune en soleil et de soleil en lune, de spirale en spirale, la vie se hausse vers la Source claire, vers l'immense Clarté, vers le flambant Foyer de la Flamme Une...
Huit perles sur l'immense collier....
Huit fêtes pour concélébrer le diadème de la vie...
Huit étapes, huit jalons pour s'acheminer vers le banquet de la totalité...
Les Fianas d'Irlande prenaient à Samain leurs quartiers d'hiver car cessait lors l'activité guerrière... Le chant, la poésie, les beaux récits, les jeux du corps et de l'esprit, tout cela flamboyait dans l'âtre de l'hiver propice à l'écoute et à l'attention...
Déposons nous aussi les armes et les larmes, réparons-nos outils, refaçonnons ceux-ci à notre cœur et à notre esprit, créons-en de nouveaux mieux adaptés, plus efficients...
Veillons, méditons, à la lumière d'une pensée éclairée de l'intérieur....
« Au banquet de Samain, dressé par Finn, le « héros » des Fianas, autour de sa cour royale, prennent place tous et chacun selon leur rang à l'endroit déterminé et convenable...
Les coupes à boire circulent...
La joie grandit chez les jeunes gens...
La hardiesse et l'esprit chez les guerriers...
La douceur et la modestie chez les femmes...
Le savoir et la prophétie chez les poètes...
Lors, le héraut se lève et fait s'instaurer le silence
en agitant la « Chaîne de la Parole »...
C'est Fergus à la bouche blanche, le filid des Fianas...
Celui-ci chante des lais et des chants, de beaux poèmes sur ses ancêtres et parents...
Finn et Oisin, comblés, le récompense merveilleusement...
Tous furent joyeux et de bonne humeur à cause des compétitions poétiques. »
Samain ne saurait être une fête lugubre, mais bien au contraire une fête des plus vives et des plus joyeuses où le sang de la mémoire recircule dans les veines du présent...
Où l'on fait éloge de ceux et de celles a qui l'on doit d'être « vivant », aux fiers lignages de ceux-ci et de celles-là qui nous ont précédés au Banquet Eternel du Gwenved......
L'ambiance est telle qu'elle stimule, favorise, exalte, la brillance des esprits...
Mais il faudra ne pas franchir le seuil de l'équilibre et de l'harmonie, ne pas laissez la belle ivresse du cœur déborder de son gobelet brillant !...
« Ni dispute, ni désunion... Tout est fait pour éviter des querelles de préséance …/... Ni querelle, ni violence ne sont tolérées. Les druides qui préparent, ordonnent, dirigent le festin y veillent en permanence.... Si la fête n'est interdite à aucune catégorie d'êtres humains toutefois les druides et les guerriers y jouent les premiers rôles... On y noue ou y rédige des contrats d'amitié »
Afin que la communauté des êtres demeurent soudées, unie, en paix, il appartient à tous et chacun d'occuper leur « juste place » au sein même de l'assemblée comme au sein même du royaume terrestre et existentiel et de l'Univers lui-même...
Occuper notre « juste place » en ce monde et au sein du cosmos... Voilà un « sacré » gland à manduquer paisiblement et de quoi occuper nos veillées hivernales au sein d'une brillante réflexion et méditation !...
La paix, la sérénité du monde, impliquent qu'elles soient autant en l'homme que dans ses rapports et relation avec l'univers d'où ces préventions et précautions pour éviter que le chaos, la démesure, la discorde, le désaccord et la dissonance ne viennent perturber gravement l'assemblée...
La « tenue de la Samain » ne saurait se faire et se dérouler sans l'attention portée par tous et chacun envers le maintien des équilibres et de l'harmonie...
Cela suppose que chacun se réconcilie en lui-même avec ses vraies valeurs et restaure ses amitiés qui ont pu être distendues ou mises à mal au cours du cycle écoulé...
Ce n'est pas parce que nous approchons de la saison « sombre » que nous devons sombrer pour autant dans la nostalgie ou la désespérance !...
Nous sommes porteurs et porteuses de vie ayant à charge de faire traverser celle-ci par dessus le gué périlleux.... Et cette fonction même de « passeur et de passeuse » contient une forte émulation et stimulation pour vaincre les obstacles de la future traversée hivernale...
« Il ne venait pas de roi sans reine, de chef sans son épouse, de guerrier sans son « cocher », pas d'aubergiste sans sa compagne, pas de plébéien sans sa concubine, pas un garçon sans sa bien-aimée, pas une fille sans son amoureux ni un homme sans art. »
Toutes les polarités se doivent d'être réunies et accordées....
Car l'harmonie d'ici-bas doit non seulement correspondre à celle de l'univers, mais se doit également d'y contribuer à sa « mesure »...
Là est notre tache, notre fonction, notre vocation !....
Le banquet « humain » est à l'image de celui des Dieux qui concélèbrent la Création en toutes ses œuvres... A chacun et à chacune de se parer du meilleur de lui-même pour glorifier celle-ci...
Samain est dite fête d'obligation et ne pas se rendre à celle-ci expose à la folie ou à de graves sanctions, car on ne peut concevoir que l'être s'exonère de ses devoirs et responsabilités en ne participant pas de l'équilibre cosmo-tellurique recherché par tous et par toutes...
L'équivalence moderne de cela réside dans la conscience que nous avons ou non d'appartenir à une même planète et ce, au-delà de nos spécificités et différences socio-culturelles et ethniques... La conscience planétaire qui se veut considérer la Terre comme une Mère Universelle qu'il nous faut aimer, considérer, louer et protéger, participe de ces notions de maintenance de l'équilibre et de l'harmonie indispensables à tout le vivant visible ou non....
« Samain est rituellement axé sur une notion d'offrande et tout y est OFFRANDE... »
L'affrontement à deux reprises entre les Fomoire (forces de la destruction et de la déstabilisation) et les Thuatha Dé Dànann alliés à Lug et aux Dieux et Déesses, a pour but, non pas d'éliminer définitivement les forces négatives, mais de les obliger à coopérer à l'intérêt collectif par la maintenance et la sauvegarde des équilibres...
Les Fomoire, c'est la représentation même des forces excessives dans leurs expressions qui entraînent un retour vers le chaos, vers un monde déstructuré, désordonné, avec les préjudices conséquents qui en résultent....
Tout excès est négatif ; le balancier d'amour de l'humain ne peut plus lors faire progresser celui-ci sur le fil tendu de la vie... Et la chute n'est pas loin !
Les Fomoire vaincus négocieront le maintien de leur existence en s'engageant à contribuer à l'abondance des récoltes et moissons sur la terre des hommes...
L'abondance concélébrée à Samain, c'est l'offrande de remerciement offerte à tout ce qui contribue dans le microcosme comme dans le macrocosme, dans le céleste, le terrestre et le souterrain, à maintenir les Forces, Energies et Lumières en équilibre...
Que l'on soit roi ou guerrier ou artisan, tous les convives de Samain se doivent de veiller au bon déroulement de la fête en établissant en eux mêmes la paix et la joie et en faisant rayonner la concorde autour d'eux... Alors seulement l'assemblée des hommes pourra entrer en résonance ajustée et accordée avec le grand concert de l'univers... le Chaudron bouillonnant d'abondance sera de nouveau posé au centre de la Table Ronde de la Terre !...
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Partie 3 :
Vivre le rituel, c'est comprendre ses assises et ses fondements pour participer, en conscience et connaissance, de son élévation, de sa divine ascension...
Comprendre que nous sommes pleinement acteurs et actrices, artisans, d'une « chorégraphie » enspiralée qui poursuit son chemin d'infinitude en tissant une trame universelle de liens et de rapports qui accroît et fortifie le tissu même de l'univers...
Il me paraît souhaitable, avant chaque fête, de « reprendre à zéro » sa compréhension et sa conception avant d'actualiser et de faire évoluer celle-ci à l'aune de nos avancées et progressions en entendements majeurs...
Il serait fort dommageable que les huit rayons de la Roue de l'année ne soient que la résultante sans cesse reconduite d'un « copier-coller » !
Servir une loi d'évolution demande de faire preuve d'imagination, d'inspiration, d'actualisation, d'adaptation, de création et de novation... Pour cela, et à cet effet, nos ancêtre Celtes nous ont fait don d'un fabuleux et fantastique Chaudron !...
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Partie 4 :
Bardi de la Samain Bran du Octobre 2013
Il souffle puissant et rude, le rouge vent de l'Autre Monde ;
Son haleine est brûlante qui gèle le sang du cœur...
Malheur au guerrier qui a brisé ses serments ;
Malheur au haut roi qui n'a su régenter son royaume...
Les glands sont venus à maturité
Gras sont les cochons dans les porcheries
Et joyeux les porchers marchant vers la Samain
avec une musique au cœur et de la brume légère autour des tempes...
L'offrande des flammes monte sur la colline
Et la nuit s'illumine de la flamboyante clameur...
Grande est la chaleur qui brûle dans les poitrines
Quand l'amitié prend feu dans le foyer du cœur...
Les cornes sonnent, appellent à réjouissance
Et l'on s'en vient heureux des quatre contrées d'Irlande...
La lune de six jours, elle aussi est radieuse
Qui danse sur les lacs et courre sur les landes...
Il sont venus, les hommes et les femmes
Parés de leurs habits et fiers dans leur charge ;
Ils sont venus pour l'offrande et le partage
Prendre juste place pour le banquet des âmes...
Par centaines se lèvent les gobelets brillants
Et brillants sont, sur les lèvres, les récits des poètes...
Grande est la joie et grande est la fête ;
Cervoise et hydromel et mets abondants....
Et celui-là se lève comme un chêne puissant
Et la sagesse s'écoule de sa bouche de miel
Qui fait jaillir des milliers d'étincelles
Pour raviver les braises au cœur du vivant...
Les cuves débordent de douces boissons,
A chacun est donné sa juste part...
Les druides veillent sur le divin Chaudron
Rendant hommage à Lug, le maître de tout art...
Grande joie et noble propos dans la maison du roi
Où prennent place, l'équité, la justice et la loi...
On fête la mémoire, des ancêtres, des héros
Et l'on porte à l'autel le sang des taureaux...
On se congratule, on se prend les deux bras
Ainsi se fortifie l'amitié des contrats...
Nulle querelle, nulle désunion, nul combat ;
C'est pour la paix que les regards flamboient...
Vaincus sont les Fomoire , c'est le temps des alliances
Au banquet de Samain, toutes les forces se fiancent...
C'est la fin de l'année grosse de tous les fruits ;
S'en vient mourir l'été au seuil de la grande nuit...
Et celui-là dressé sous les sept étoiles
Hisse à son mat le blanc de sa voile...
Il incante, de son souffle, un temps nouveau-née
Et voici le serpent paré de neuves écailles
Et le ciel et la terre qui reprennent la ronde...
Lors tournent les bois dans le chaudron des mondes....
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Partie 5 :
Les « maitre-mots » de Samain : Fermeture et réouverture de la « Roue de l'année » - Abondance – Harmonie et Equilibre – Joie et lumière - Offrandes et sacrifices (offrir le meilleur pour le meilleur) – Equité, juste place, juste répartition – Union et amitié – Régulation et médiation – Dialogue et échange entre les mondes, les « morts » et les « vivants », le Sid et le royaume terrestre et existentiel humain – Préséance du divin et du sacré – Parenthèse d'Eternité – Haut patronage de Lug...
Il nous appartient en conscience, connaissance, liberté et responsabilité d'établir nous aussi des « traités » de paix, de coexistence pacifique et d'amitié entre chaque chose et son contraire, de ramener le curseur de l'équilibre sur la plus juste des balances...
La « sage gouvernance » de notre propre royaume, comme de notre royaume de commune et fraternelle appartenance, résulte d'une trilogie chère au monde Celte totalement et intelligemment régit par une « base 3 » : Le Père, La Mère, le Fils... Le Principe, l'Essence et l'Anima qui résulte de leur union.... Ciel et Terre enfantent perpétuellement la VIE...
Claude Sterckx rappelle en son ouvrage sur la Mythologie du Monde Celte deux conceptions métaphysiques majeures de leur pensée philosophique et spirituelle :
« L'Etre procède du non-être »...(Et non l'inverse) (Le jour naît de la nuit) (la période sombre ouverte à Samain ouvre le nouveau cycle annuel)...Le monde Celte s'achemine cycliquement ainsi : de l'obscurité vers la plus rayonnante des lumières...
Tout est « potentialité ».... Tout le « possible » réside dans une gangue de nuit comme un diamant en attente de lumière....
« Chaque élément du monde (le microcosme) fonctionne selon les mêmes lois que l'univers entier (le macrocosme) »...
« Il est une source cosmique d'où découlent toutes les eaux vives qui vivifient le monde... »
Tout don est réciprocité de dons... Vivre est une offrande et vivre de son mieux un remerciement.... Aimer relève d'un acte créatif constant et harmonieux qui renouvelle et régénère le monde...
Voici les axes majeurs de la célébration du rituel de Samoni(os)....
Quand nous sommes invités à des noces, ce qui est bien le cas ici, on se prépare à la joie, à l'offrande, au remerciement, au partage et à l'échange, on est porteur des vœux et des souhaits les plus heureux et on se pare afin d'honorer l'union à laquelle nous sommes conviés et l'amitié dont elle nous gratifie... Un rituel est de même nature !...
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Si l'homme prétend désirer et vouloir retrouver une véritable, une authentique, « royauté » lui octroyant la pleine, lucide et consciente, « régence » sur les territoires de son cœur, il lui faudra trouver la Reine qui sera en mesure de lui octroyer cette « souveraineté » et ce, selon l'état de dignité et de sagesse qui lui en fera la demande.
L'aube est encore à se lever dans la longue nuit des hommes....
Leur existence, au sens de la plénitude et de la complétude, est encore à venir au jour...
Bien des corps ne connaissent l'aurore et n'ont de rosée sur leur front et leurs joues...
L'amour est encore à se lever du sein de la grande assemblée des ombres...
L'Etre lors, sera lumière et clarté avec un cœur à rayonner sur l'horizon du possible.
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