SCULPTURES.... (REFLEXIONS SUR) BRAN DU 2020 25 09 SEPTEMBRE
« Sculpture » :
Notes Bran du / 25 Septembre 2020
« Dans nombre de mes sculptures les six faces ne sont pas perceptibles, elles poussent, elles croissent, nourries de mes émotions, de mes sentiments, semblables aux plantes elles cherchent la lumière. »
Le sculpteur Stahly
J'ai vue, en forêt ou dans le lit des torrents du Gardon ou encore dans le ressac des grèves armoricaines, des racines d'une époustouflante « beauté », longuement sculptées par les mains de l'eau, des vents, de la pluie, de la glace et du gel...
Ce sont là les effets de diverses érosions et de traitements de lissage ayant pour effets de libérer l'unité végétale des scories diverses encore attachées à elle...
Ainsi la matière est rendue à elle-même dans sa nudité et forme première qui, comme tout ce qui est « nu », trouble le corps, le cœur et l'esprit de celui ou de celle qui la contemple...
Epurée de toute part, une souche déracinée, occupe de toute sa « plénitude » le vide qui l'entoure, elle transcrit des formes qui furent jadis moulées dans l'humus et le terreau du sol de sa naissance...
C'est ainsi, peut-être, que « l'esprit de l'Arbre » monte au ciel !....
J'ai ramassé de nombreuses branches, des tiges végétales diverses, ayant toutes reçues, des marées, l'attouchement de sel et d'écume, soit une sorte de « consécration » océane, d'adoubement marin...
L'écorce, dès lors, est une sorte de peau qui invite à la caresse !
Le policé des bois incline la pensée à un glissement voluptueux d'une surface parfaitement lisse sur laquelle s'épousent le sang et l'aubier dans l'instant même d'une préhension sensible et émotionnel...
Photo Bran du
Un des plus grands peintre du siècle dernier nous rappelait, après avoir visité la Grotte de Lascaux, que nous ne saurions que reproduire voir prolonger l'essentialité des êtres et des choses saisis et exprimés par les premiers artistes de l'humanité !
Ils sont les artistes d'un premier regard non encore entaché de « modes », de conventions, d'intellectualisme... Ils sont dans l'innocence d'un temps élémentaire, d'un espace fondamental, dans un état de virginité que seul l'art véritable peut déflorer le temps (limité) d'un rêve, d'un poème ou d'une création réalisée...
La « Nature » produit de tels chefs-d’œuvre, innove et invente sans cesse une myriade de formes, d'architectures, plus ou moins éphémères, mais qui traduisent tous un génie inégalé dont nous ne ferons qu'imiter, le plus souvent et au mieux, l'immense talent déployé...
Elle n'a pas besoin de « culture » pour connaître et témoigner des fondements même de l'Art, elle est la matrice multiforme de Celui-ci !
Peintures de Danielle Landry-jais
Contempler des gravures rupestres, c'est ramener le regard à la source, à une limpidité première, à une transparence qui donne à voir ce que nous ne voyons plus de nos jours...
Là sont les formes natives de l'Art, les traits d'une essentialité qui donne nervures et armatures aux mondes... Là sont les « squelettes » qui donnent chair, sang et muscles au vivant !...
Des rugissements d'animaux sauvages (que l'on n'entend plus) sortent des grottes de la Préhistoire !...
La mort, dans son linceul d'ocre roux, à trouvé le moyen de pourfendre les pierres !....
Un peintre, un artiste, un créateur, dans un creuset profond de la terre, baigné dans un halo tremblant d'une torche, a empreint la paroi de l'ignorance et nommé l’innommable !...
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Arbre en Brocéliande Photo Bran du
L'art est-il une entreprise d'immortalisation soit une façon de « vaincre la mort » et « l'oubli » ?....
La nature ne se préoccupe pas d'éternité, si ce n'est de celle du Vivant et de tout l'Univers visible et invisible qui l'anime et qui bien souvent tente de la préserver quand les machines de l'orgueilleuse prédation humaine n'imposent pas leur diktat...
Le monde animal dont nous ne sommes guère éloignés en tant que mammifères et le monde végétal sont tous deux soumis à un terme, à une échéance existentielle et n'ont qu'une durée de vie éphémère bien que certains arbres atteignent des âges plus qu'avancés...
De splendides paysages minéraux semblent être figés dans le temps et l'espace et ce, même si l'érosion en rogne quelques parcelles...
Pour en revenir au règne humain, les créateurs et réalisateurs d'une œuvre artistique sont-ils animés en leurs ouvrages d'une volonté de reconnaissance éternelle les préservant de l'oubli une fois leur périple terrestre achevé ?....
Ont-ils le souci d'acquérir une notoriété telle qu'elle se transmet d'une génération à l'autre ?
Les premiers artistes ne signaient pas leurs œuvres et ne se préoccupaient pas d'être connus, reconnus et immortalisés en tant que « personne » !...
La notion même « d'art » leur était étrangère....
Ils participaient le plus souvent à un acte de haute magie qui consistait par exemple à favoriser la chasse nécessaire à leur survie...
Il tentait de s'adresser à des forces et à des énergies mystérieuses en vue d'une « amicalité » de leur part, d'une bienveillance pouvant s'étendre à une protection...
Mais un germe artistique se faisait jour à travers cela soit la capacité matérielle de reproduire des images du vivant sur diverses surfaces à l'aide de divers matériaux...
Imprimer sa main dans l'argile ou en dessiner les contours procuraient à ceux-ci la joie que connaît tout créateur...
Il y avait déjà le mystère de l'enfantement et voici l'étonnement, la surprenante joie de mettre au monte autre chose qu'un enfant, mais qui relève aussi d'une naissance venue de l'intérieur de l'homme et des lentes ou vives gestations de la pensée, de l'inspiration et de l'idée...
Nous voyons de la « beauté » dans l'excellence d'une représentation ou d'une reproduction ou encore dans la capacité innovante de traduire des univers qui appartiennent intrinsèquement et singulièrement à un créateur bellement et originalement inspiré...
Une pierre, un coquillage, un bois flotté, le squelette blanc d'un oiseau de mer, tout cela me prodigue une charge émotionnelle que des œuvres exposées dans une galerie voire dans certains musées ne peuvent me procurer...
Ce sont œuvres de « Nature » et celles-ci nourrissent ma nature humaine, l'enseigne et la porte à ravissement...
Les lettres qui forment le mot « art », ais-je dit à plusieurs reprises, sont contenus dans le mot « nATuRe » et l'idée de « nudité » (nue) entoure ce vocable !....
Parce que la véritable beauté est nue, elle peut tout recouvrir de son aura, de son halo, y compris nos regards et nos pensées...
Toutes les prédations opérées contre la Nature sont autant d'atteintes à la nôtre !....
La beauté peut, à possibilité, de « sauver notre monde » que pour autant que nous comprenons que notre « nature » est indissociable de la « Nature » et étroitement interdépendante avec Elle...
Celui ou celle qui sculpte la pierre, le bois, l'argile avec la main du cœur, avec la force maîtrisée de la pensée, avec le flux induit de l'inspiration, avec la douce fièvres des amants, savent cela car modelant ou taillant, c'est lui même ou elle même qu'il ou qu'elle épure, c'est à une âme qu'il ou qu'elle donne forme !...
Ils sont lors eux-mêmes animés de l'anima auquel ils donnent naissance !...
Sculptures sur un arbre mort photo Bran du
Anonyme
Calvaire de Braspart photo Bran du
Sculptures marines (Erquy) photo Bran du
Oeuvre de Jephan de Villeirs (L'Arborie)
"Au bord de l'Origine" Sculpture éphémère réalisation Bran du