SENTIMENTS EN L'IMMERSION DE NATURE 2018 BRAN DU 02 212 DECEMBRE
Photo Bran du Sur les Grèves de St Maurice
Sentiments et « Immersion » Nature
Bran du 02 12 2018
Que vais-je chercher, trouver, sentir, ressentir, rencontrer, percevoir, vivre quand je vais m'immerger au sein de la Nature, quand je vais m'envelopper d'herbes et de feuilles ou de gerbes d'écume ?
C'est toujours, au préalable, un fort sentiment de « jouissance », une joie interne en prélude de celle, plus dense, plus intense, plus incorporée encore qui, en moi, fera conjonction, intime et profonde connexion avec cette Nature qui sans cesse me révèle la mienne, enfouie, secrète, et qui n'attend, pour enfin s'éveiller, en l'aube des merveilles et des enchantements, que ses baisers...
Ne sont lors que jardins de joie, que chambres d'allégresse dont l'amour est le velours et la rosée les blancs draps...
C'est, déjà, en préambule jouissif, à l'idée d'aller au devant de cela qui m'ouvre et me prend en ses bras tel que je suis et tel que j'aspire à être plus près de cet être qui est moi et que je ne connais que partiellement encore, mais que Dame Nature dénudera, de pensée et de corps, jusqu'à l'âme, ravie et en émoi....
Exprimer ses sentiments n'est pas chose facile ni aisée, car il s'agit d'abord de les bien vivre avant que que de les exprimer de son mieux...
On ne saurait se baigner tout habillé ni être recouvert d'essentialité
sans s'offrir en nudité à cela qui moule et épouse de désir et de volupté tout l'offert de vos attentes et des étreintes enfin partagées...
Ce sont, lors, noces et alliances au lit du jour ou des nuitées, noces d'or et d'argent, noces de lune et de soleil, noces de résine et de sel, noces de semences et de sang...
Il n'est plus doux recours que d'étreindre sur son sein les saisons de l'arbre, le cycle des marées, des hirondelles, le retour, toute la vie ravivée ; non il n'est pas de plus doux recours que d'offrir et de recevoir tant de gerbes d'amour...
Savoir que l'on a en l'instant décidé de sortir ; de faire quelques centaines de mètres, pour enfin vivre et en la vie renaître, hors les murs, hors la cité, hors la demeure, hors le séjour, hors tout le consenti, hors les démesures, hors la nécessité de satisfaire un besoin élémentaire, biologique, de se couvrir de protection et de sécurité, de se mettre à l'abri y compris de la Vie , y compris de la Vie !...
Savoir que, si tant fermé en l'ordinaire, notre fleur va enfin s'ouvrir, enfin fleurir et s'épanouir sous cette même rosée qui nimbe toute verdure offerte à sa venue et désirée...
Jubilation dans tout le corps, dans tout le cœur qui savent qu'il vont de concert au devant de tant de douceur, de tant de plaisir...
Ce sont rais solaires que ces traits de chaleur qui viennent lors vous traverser le corps, illuminer vos pensées, ce sont rais solaires ambassadeur de l’ensoleillement plénier qui tout-à-l'heure va vous envelopper, vous transpercer et vous réchauffez le cœur...
Parmi les sentiments intimement éprouvés qui accompagnent cette « immersion » marine, herbeuse et forestière au sein de la Matrice végétale, animale et minérale, il y a celui de « l'ensauvagement » ; lequel à intimement rapport avec des notions telles que l'élémentaire, le primordial, l'originel et le fondamental...
A cela se conjoint un retour à « l'insouciance » teintée elle-même « d'innocence » quelque que chose qui ferait profondément écho à un « premier matin du monde », à une « cosmogénèse » toute personnelle...
C'est de légèreté que je tente de parler ici, de l'absence de pesanteur, d'encombrement, de parasitage, de conditionnement, comme si je me trouvais alors « délavé » de toutes les scories accumulées une fois franchit le seuil, la lisière, qui séparent le non-être de l'Etre...
Magique mise à nue qui introduit en prémisses de recouvrement les ambassades d'une essentialité première...
Exaltation des eaux et des feux qui bouillonnent et flambent dans ce chaudron charnel que nous devenons quand nous sommes plongés dans celui de l'Univers...
Comment partager, faire ressentir, ce qui, voluptueusement, m'empreint et m'étreint, quand je m'enfonce dans la ramée ou que je parcoure les grèves et que celles-ci infusent en moi tendresse et beauté si tant que mes pensées en sont distillées et qu'elles en deviennent aurifères ayant absorbé et transformé tous les sels de la mer et de la terre, toute la farine de l'air et, de tous les feux, la dansante flambée ?...
S'incorporer à la sève, à l'écorce, à l'écume des marées, c'est ; par la grâce de ces « milieux » se trouver « recentré » ; retrouver son axe, sa verticalité, se savoir rose des vents au carrefour des vérités premières enfin restituées...
Lors lever les yeux au ciel et regarder passer les grands nuages colporteurs des infinis voyages, des voyages rêvés que l'on fait au fond de soi quand le soi de désir est animé d'un souffle inspiré qui nous invite à respirer comme respirent les nuages....
De tels lieux, de dunes et de mousses, de criques et de clairières qui vous imprègnent subtilement en leurs parcours, en appellent au Féminin de l'Amour... Ne me demandez pas pourquoi je ressens aussi fortement cela, mais c'est bien cela, entièrement cela, qui comme sang me parcoure me procurant fièvre et frémissement,
faisant jaillir du foyer de mes cendres des gerbes d'étincelles comme celles qui annoncent les danses « enspiralées » du dit Amour !...
Dans la relation « humaine » et assez communément, notre corps perçoit, ressent, entrevoit, des dissonances, des désaccords, des discordances, des incohérences qui viendront plus ou moins affecter l'actuel ou futur rapport, lors, instauré...
Cette perception préliminaire et spontanée, cette vision éclairée, ne sont pas généralement écoutées, surtout quand ce qui s'instaure est chargé d'affect et donc d'émotion et de sentimentalité...
Rien de semblable dans la Nature au sein de laquelle je ne cesse d'être accordé ; l'instrument de mon être étant à tout instant en juste mesure de jouer une commune et jouissive partition, étant, en permanence de cette jouissance, de concert avec Elle en tout entendement, en tacite complicité...
Ce sont ces immersions autant d'initiations, de consécrations, au vrai, au juste, au beau ; ce sont enseignements et splendides leçons qui vous font être enfin « vrai » dans le cœur palpitant et battant des mondes ainsi, sensuellement, charnellement et voluptueusement côtoyés...