Solstice d'Hiver 2011 - Accompagner la Marche du Soleil
Solstice d’hiver 2011
Bran du
Il me semble important pour bien comprendre le cycle annuel des fêtes celtiques de vous donner à lire cet extrait de l’ouvrage de CH J Guyonarc’h à ce sujet (Edition Ouest France)
« Les fêtes celtiques sont réellement au nombre de trois (Samain Belteine et Lugnasad) (Imbolc étant un rite de purification intermédiaire) et ceci comme dans l’année védique ( comme il est trois mondes dans le cosmos : le ciel (swar), la terre (bhû) et l’eau (sva). Elles sont-elles aussi trois portes du temps. L’achèvement de l’année est à priori de tous les cycles d’évolution ou de devenir se fait selon la technique divine que l’Inde nomme les trois pas de Vishnu.
Ces trois pas représentent le périple annuel du soleil, divisé en trois parties (les deux premiers pas sont visibles par rapport à l’horizon et le troisième pas est invisible.) Ce domaine invisible est le domaine de Vritra (le sombre). Vishnu aidera Indra à abattre Vritra. Indra pourra alors ramener « l’aube, le soleil et le sacrifice. ».
Selon un texte du Véda, Indra incitera Vishnou à faire ses trois pas, c’est-à-dire à se répandre dans les trois mondes. Accomplir le troisième pas achève la création mais aller jusqu’au quatrième consisterait à le détruire.
Ce rappel de la tradition védique est nécessaire pour mieux comprendre les liens profonds avec la tradition celtique, toutes deux relevant du monde dit indo-européen.
Il est nécessaire de mieux comprendre la notion du temps chez les Celtes pour mieux cerner par la même les éléments constitutifs et explicatifs des fêtes qui ponctuent « l’Année » et en assurent le bon déroulement, le passage et le renouvellement.
Il s’agit d’accompagner la « marche du soleil » (Sonnocingos en celtique).
Cette marche du soleil s’appelle en Inde l’Ashvamedha, sa durée n’est pas fixée puisqu’elle dépend du retour du cheval (aska en sanscrit védique et épo en gaulois) qui, dans le Rig veda, est un cheval sacrificiel identifié au soleil qui se meut dans les eaux. Le retour de ce cheval symboliserait donc le retour du soleil après la longue nuit hivernale et on peut admettre un lien étroit entre l’ashvamedha et les sacrifices nocturnes qui y étaient accomplis pour permettre à Indra de combattre Vala et de délivrer l’aube et le soleil de l’emprise de ce démon. )
(Source : Origine polaire de la tradition Védique par Tilac)
Pour les celtes (et le monde védique) le temps se meut dans un cercle à la fois formé et illimité. Ce Cercle est symbolisé par une Roue « la Roue ramante du druide Mog Ruith, constituée d’un moyeu et de rayons mais sans circonférence pour limiter l’ensemble… le nombre trois est un élément fondamental de la pensée indo-eiuropéenne. Il est le multiple qui renvoie à l’unité. Trois c’est la totalité, l’unité et l’infini. (Il est trois parties de jour et trois parties de nuit. Samain s’articule autour de trois jours et trois nuits.
Le Dagda (Dagodevos) (le Dieu Bon, Puissant…) est le Dieu, le Maître de l’Eternité. Il est comme Ganesha « Le Seigneur de la Connaissance » le « Seigneur des deux voies »….
Oengus ( son fils jeune) est le dieu du temps. Oengus réclamera au Dagda et obtiendra par ruse une part du royaume de son père mais temporairement car le temps finit toujours par rejoindre l’éternité… (L’éternité ne connaît en effet que le présent.)(Le passé est un « retour en arrière ». Le présent toujours impalpable et bref peut être exceptionnellement suspendu (abolition du temps) ( en arrêtant la « marche du soleil ») est le futur est un retour vers le passé soit la reprise du cours du temps dans la tradition celtique.)
Lug (Lugus) est le chef de tous les Dieux, l’universel « Homme d’Art » du monde, le maître de la lumière, du temps et de la nuit. Lug préside aux trois grandes fêtes ( préside aux passages des trois grandes portes annuelles) sous ses aspects : sombre à Samain, lumineux à Belteine et royaux à Lugnasad…. Il maintient ainsi une conception à la fois trinitaire et unitaire de l’ordre du monde. (Conception que l’on retrouve à propos d’Indra pour l’Inde védique).
Samain est une fête « solsticiale » bien qu’elle soit (comme Belteine) en « avance » de quarante à quarante cinq jours sur les solstices, ce pour des raisons inexpliquées par les textes et documents mais qui ne sauraient relever du hasard en aucun cas.
Nous sommes dans la période sombre de l’année (période qui dure six mois) et nous allons vers Belteine, la période claire des autres six mois de l’année. Nous allons du sombre vers le clair dans un cycle « montant » (identioue en Inde à l’Uharâyana période montante vers la « porte des dieux » qui donne accès au Dêva-yana.)
Nous accompagnons donc réellement la marche et le cours du soleil (symbolisé par un cheval sortant des eaux). Et fêtons le renouveau solsticiel. « le Soleil invaincu » en ce mois de décembre (Dvmannios en gaulois) (L’hiver étant appelé Giamonios en néo celtique et Goanv en breton.)
C’est pendant la période « sombre » que les Fianna d’Irlande se retirent chez les habitants et cessent leur activité guerrière. Il en est de même pour les Filid (bardes) qui s’adonnent alors aux contes à la nuit tombée dans des demeures hospitalières. La période hivernale favorise l’écoute, le rassemblement autour de la « Parole » et de la « Mémoire ».
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Accompagnons chers frères et sœurs la « Marche du soleil », Suivons la jument blanche d’Epona, suivons son « petit poulain », faisons nous aussi les trois pas décisifs dans la plaine d’obscurité et avançons « éclairés », guidés par la neuve lumière qui va s’accroître peu à peu comme grandira en nous, en notre sombre cavité, une identique lumière aimante et consciente… Notre cheminement existentiel se fait dans un cercle cyclique et annuel appelé « Roue de l’année », cette Roue de l’Année tourne autour d’un moyeu sacré et possède des rayons qui le relie à sa circonférence et qui permet à la circonférence d’être reliée à lui, animée d’un même Anima, fortifiée par un même Esprit… Notre microcosme humain rejoint alors et ainsi le macrocosme divin…Nous sommes lors ce « multivers », sœurs et frères de l’absolu et de l’infini !…