SOLSTICE D'HIVER 2012, partie IV, Préparation, Bran du Nov 2012
SOLSTICE d’HIVER Préparation Partie IV Bran du NOV 2012
Ecoutons Alan STIVELL extraits de la Symphonie Celtique
TIR NA N-OG…
« La tension entre influences et maintien des différences est une dialectique créatrice. N’ayons pas peur de cette évolution. » Alan STIVELL
Beaj (Voyage vers les espaces intérieurs)
Fermés sont mes yeux.
Je marche en moi vers une lumière
Au-delà de mes organes
Au-delà de mes cellules
Avant ma naissance
Au-delà de mon premier atome
Avant toute Tradition
A travers les trois mondes
A travers mes trois formes.
Tu es là au fond de moi
Et je suis tout en toi
Innommable âme de l’Univers
Tout ici est vrai et illusion
Le passé et le futur, le futur et le passé.
Il est dangereux et nécessaire
D’aller vers toi
Malgré les vents contraires.
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Divodan (Amour absolu)
A la fin il y aura toi, trou noir de l’infini
Et moi en toi Déesse suprême
En toi Amour absolu
En toi chaudron où tout se fond.
Très sages étaient mes pères les druides
Très sages ils étaient ceux de l’autre temps
Qui savaient l’inéluctable destruction
Qui savaient l’inéluctable printemps
Ils savaient la force de la pensée
Qui traverse la nuit des millénaires
Et renaît, réincarnée.
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Kendaskren (Vibrations avec tout l’univers)
Univers je t’entends
J’entends tes vibrations
Toutes me touchent
Moi ayant plongé
Par les vagues volontairement emporté
Ne résistant pas
Vers l’harmonie de l’ordre cosmique.
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« La mort n’est qu’un autre chemin qui mène au blanc rivage et au delà, aux prairies verdoyantes… » Tolkien ( Le Retour du Roi ) (le Seigneur des Anneaux)
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Des fêtes celtiques et du solstice d’hiver… (selon lecture des travaux de Françoise LEROUX et de CH J GUYONVARC’H (LES FETES CELTIQUES Ouest France éditeur)
Les fêtes celtiques sont réellement au nombre de trois (Samain, Belteine er Lugnasad)
(Imbolc étant un rite de purification intermédiaire.)
Il en est ainsi dans l’année celtique comme dans l’année védique (comme il est trois mondes dans le cosmos : le ciel (swar), la terre (bhû) et l’eau (sva).
Elles sont aussi trois portes du temps…
L’achévement de l’année et à priori de tous les cycles d’évolution ou de devenir se fait selon la technique que l’Inde nomme les Trois Pas de Vishnu.
Ces Trois pas représentent le péril annuel du soleil, divisé en trois parties (les deux premières sont visibles par rapport à l’horizon et le troisième invisible).
Ce domaine invisible est le domaine de Vritra (le Sombre)
Vishnu aidera Indra à battre Vritra. Indra pourra alors ramener « l’aube », le soleil et le « sacrifice »…
Selon un texte du Véda, Ondra incitera Vishnou à faire ses trois pas, à se répandre dans les trois mondes.
Accomplir le troisième pas achève la création mais aller jusqu’au quatrième consisterait à la détruire…
Ce rappel de la Tradition Védique est nécessaire pour mieux comprendre les liens profonds avec la Tradition Celtique, toutes deux relevant du monde dit indo-européen…
Il est donc nécessaire de mieux comprendre la notion du temps chez les Celtes pour mieux cerner par là même les éléments constitutifs et explicatifs des fêtes qui ponctuent « l’Année » et en assurent le bon déroulement, le passage et le renouvellement…
Il s’agit d’accompagner « la marche du soleil » (Sonnocingos en celtique)
Cette « marche du soleil » s’appelle en Inde l’Ashvamedha, sa durée n’est pas fixée puisqu’elle dépend du retour du cheval (Ashva en sanskrit védique et epo en gaulois) qui, dans le Rig Veda, est un cheval sacrificiel identifié au soleil qui se meut dans les eaux? Le retour de ce cheval symboliserait donc le retour du soleil après la longue nuit hivernale et l’on peut admettre un lien étroit entre l’Ashvamedha er les sacrifices nocturnes qui y étaient accomplis pour permettre à Indra de combattre Vala et de délivrer l’aube et le soleil de l’emprise de ce démon…
(Source : Tilac « Origine polaire de la Tradition védique. »)
Pour les celtes (et le monde védique) le temps se meut dans un cercle à la fois formé et illimité. Ce cercle est symbolisé par la roue « la Roue ramante » du druide Mog Ruith constituée d’un moyeu et de rayons mais sans circonférence pour limiter l’ensemble…
Le nombre trois est un élément fondamental de la pensée indo-européenne ; il est le multiple qui renvoit à l’unité.
Trois, c’est la totalité, l’unité et l’infini…
(« Il est trois parties du jour et trois parties de nuit » ; Samain s’articule autour de trois jours et de trois nuits…)
Le Dagda (Dagodevos en gaulois) (le Dieu bon, puissant) est le Dieu, le Maître de l’Eternité. Il est comme Ganesha « Le Seigneur de la Connaissance » , le « seigneur des deux Voies »…
Oengus, son fils jeune, est le dieu du temps. Oengus réclamera au Dagda, et obtiendra par ruse, une part du royaume de son père mais temporairement car le temps finit toujours par rejoindre l’éternité.
Lug (Lugus) est le Chef de tous les dieux, l’Universel « Homme Art » du monde, le Maître de la Lumière, du Temps et de la Nuit.
Lug préside aux trois grandes fêtes (préside aux passages des trois grandes portes annuelles) sous ses aspects : sombres à la Samain / Lumineux à Belteine / Royaux à Lugnasad… Il maintient aisni une conception à la fois trinitaire et unitaire de l’ordre du monde (Conception que l’on retrouve à propos d’Indra pour l’Inde védique.)
L’Eternité ne connaît en fait que le présent. Le passé est « un retour en arrière », le présent toujours impalpable et bref peut être exceptionnellement suspendu (abolition du temps) en « arrêtant la marche du soleil » et je futur est un retour vers le passé soit la reprise du cours du temps dans la Tradition celtique.
Samain est une fête « solsticiale » bien qu’elle soit, comme Belteine, en « avance » de quarante à quarante cinq jours sur les solstices et ce pour des raisons inexpliquées par les textes et documents mais qui ne sauraient relever du hasard en aucun cas.
Nous sommes dans la période sombre de l’année (période qui dure six mois) et nous allons vers Belteine ; la période claire des autres six mois de l’année. nous allons du sombre vers le clair dans un cycle « montant » (identique en Inde à l’Haryana ; période montante vers la « Porte des Dieux », qui donne accès au Dêva-yana.)…
Nous accompagnons donc réellement la marche et le cours du soleil (symbolisé par un cheval sortant des eaux) et fêtons le renouveau solsticiel ; le « soleil invaincu » en ce mois de décembre (DVMANNNIOS en gaulois) (L’hiver étant appelé Giamonios en néo-celtique et Goanv en breton)
C’est pendant la saison « sombre » que les Fianna d’Irlande se retirent chez l’habitant et cessent leurs activités guerrières. Il en est de même pour les Filid (les Bardes) qui s’adonnent alors aux contes et récits à la nuit tombée dans les demeures hospitalières. La période hivernale favorise l’écoute, le rassemblement chaleureux autour de la « Parole » et de la « Mémoire »…
C’est aussi lors de cette période hivernale que soufflent, de façon dominante, les vents du Nord-Ouest qui rappellent ainsi l’origine même de la Tradition et qui sont aorientés par rapport à l’Autre Monde celtique…
Il y a trace en Armorique d’une période particulière appelée : les Gourdeizioù correspondant soit aux douze derniers jours de décembre soit aux six derniers de ce mois et au six premiers du mois qui suit (janvier). C’est dit-on une période de prédilection pour servir de présage à tout le reste de l’année.
« Le présent, dirons-nous est l’immanence de l’instant intemporel dans la conscience ; il a par conséquent deux faces ; l’une tournée vers l’espace et le temps sépare l’avenir du passé (ce sont les deux visages visibles de Janus (symbolisant les portes dans l’ancienne mythologie romaine)… l’autre est tournée vers l’instant, elle abolit et résorbe en elle-même les contraires donc l’avenir et le passé, le commencement et la fin… » Jean Thamar (C’est le troisième visage invisible de Janus)
Pour CH J GUYONVARC’H ce qui précède serait une excellente définition du « tricéphale celtique »
Notes ajoutées : Aux Indes, le soleil est symbolisé par Vishnu et la lune par Civa. De l’union de la lune et du soleil naît la lumière : Harïhara. La voie des dieux (Devayâna) est en direction du soleil (sortie du cosmos) et la voix des ancêtres (Pitri-Yâna) est en direction de la sphère de la lune (renouvellement cyclique)…
Lug est dit Grianainech soit Visage de soleil… Il fait « promesse » par le soleil, la liune, l’eau, l’air…
Le soleil est aussi dit « œil du jour » (beau, brillant, splendide, lumineux…)
En Chine le solstice d’hiver correspond au « pays des morts », mais il est aussi le signe de leur renaissance. Il est la gestation et l’enfantement, le temps favorable à la conception…
Le solstice d’été est symbolisé par « Li » (le feu, le soleil, la tête…) soit une tendance lumineuse préexistante, et le solstice d’hiver par « K’an » (l’eau, l’abîme, les pieds…) tendance obscure préexistante
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Genimalacta : la Grande Naissance (Source : Comardia Druidiacta Aremorica bulletin Ialon)
En cette période, en ce jour, seront honorés le sapin et le houx et ce avec la branche de gui…
Le soleil se trouve au Nadir. Il est au terme de sa plus longue course et s’apprête à renaître de ses cendres comme le phoenix…
Le grand Triskel flamboyant dans le ciel renaît de l’obscurité. Ce sont les « lumières » de Lug, Epona et deva-Ana… C’est la renaissance du grand taureau de Lumière. Le départ avec le soleil pour une nouvelle vie (car le soleil est « porteur de vie »)
Le soleil invaincu reprend sa haute course…
Les jumeaux divins : Diuanno et Dinomogetimaros (Générateurs de richesses), sont les conducteurs indispensables du char du soleil (ils protègent les naissances des deux grandes saisons)
Le soltice d’hiver est lié au culte des défunts…
On pense ici à la barque du passeur ; la « bag noz » armoricaine (la barque de nuit) qui emmène les défunts en mer le dernier jour de l’année…
Le cheval participe de ce culte solaire et funéraire ( il a un rôle de psychopompe, d’accompagnateur des âmes). Il descend chaque nuit dans le domaine des morts, traverse les terres de « l’Eternelle Jeunesse » et chaque matin ressuscite sous la forme du cheval Equi-Ollaire ( le Dagodevos gaulois ou le Dagda irlandais) (Ou encore Sukellos chez les gaulois)…
Ses fils se partagent le jour et la nuit en conduisant le cheval parmi l’immensité étoilée…
C’est une période placée sous le signe du Capricorne. Cela implique une résistance ou une opposition à nos entreprises dont la persévérance, l’effort et l’organisation viendront à bout.
C’est la porte des dieux, fin et début d’un cycle nouveau…
La Déesse Mère Deva Ana ou Dana préside aussi à cette fête…
Le gui (qui représente la sagesse » est alors consacré. Il est aussi le symbole de l’immortalité de l’Autre Monde… Il est appelé en gaulois Olliaccos. Il est supposé guérir les maladies aussi bien mentales que physiques. C’est « l’eau du chêne, Deur Derhue en breton…
A cette période on célèbre aussi la « levée du blé ». C’est une fête d’espoir et de renouveau à travers la manifestation du cycle solaire. Le feu allumé alors représente le cheval sortant de la nuit comme un feu nouveau victorieux des ténèbres. Dans ce feu sont confiés les trois essences sacrées (if, Bouleau et chêne) car demain sera « jour de lumière »…
« Que le soleil de vie soit toujours et à jamais »…
On ajoute dans le feu la bière et l’hydromel (boisson du Grand Voyage et liqueur d’immortalité)…
Les invocations aux esprits bienveillants sollicitent pour chacun cette aspiration à la vigueur, à la santé morale et physique, à la régénération et à l’immortalité.
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Le BEL ATTELAGE
Les Deux tirent le Trois
Bel attelage que voilà…
Le Un a retrouvé sa voie
Entre la lune et le soleil…
Bel attelage que voilà
Qui vient, qui va
Entre la terre et le ciel
Bel attelage que voila,
Tantôt Lug et tantôt Bel,
Qui d’un monde à l’autre va
Porteur de neige, chargé de miel
Bel attelage que voilà
Et mes pensées s’y attellent
Par leurs nageoires et par leurs ailes !
Bel attelage que voilà…
Les DEUX tirent le TROIS
Le bel attelage que voilà…
L’Esprit trouve sa voie
Entre la lune et le soleil ;
Bel attelage dans le ciel
Qui d’un monde à l’autre va… Bran du 21 11 2012
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Bardi : O GHEL AN HEU ! (Le Blé lève) Bran du 10 12 2001
« Une source, c’est toujours un miracle. » Colette
Le ciel grondait
Charriant son fleuve de lait et de cendre…
La saison ne venait pas,
La semence était sans paume dans l’emblavement sombre du jour…
La neige teintait la plume des corbeaux,
Les rares percées du soleil ne parvenait pas à briser l’emprise des glaces…
La lune trônait, souveraine, sur les hauteurs enchâssées d’étoiles…
Il n’était plus de rires à jaillir des fourrures de l’angoisse…
Le grenier des songes s’emplissait de rats et de souris…
C’est alors qu’ils décidèrent
Aux premiers feux de l’aube
D’écorcher le soleil sur l’autel de leurs vœux
D’élever la pierre droite
Dans l’axe du fleuve et de son céleste cours…
Les muscles tendaient la corde ;
La pensée guidait le chanvre de l’effort et des cris
La sueur coulait dans l’entaille des épaules…
Tout le clan bandait son torse, faisait saillir ses muscles…
Sur le front de chacun était inscrit le signe de glaise bleue qui donne puissance et force…
Ce fut comme le sang qui s’en revient aux temps
Comme les vagues retournées au rivage
Comme l’arbre de nouveau penché sur la rondeur de ses nids
Et dont les fleurs embrasent l’arc de ses branches…
Les chevaux bondirent en leurs rouleaux immenses
Leur crinière de lumières balayant toutes les seaux…
La pierre hautement dressée arrêta la course des vents, redonna au sang sa sève et son essence…
De la braise monta une flamme, une torsade ignée qui propagea en l’aube, l’incendie
Que des oiseaux emportèrent sur leurs ailes jusqu’aux confins du pays…
O ghel en heu ! O ghel an heu ! O ghel an Heu !…
Le Blé lève ! Le blè lève ! Le blé lève !…
Dans les corps, par la peur et la crainte, labourés
Le grain déposé ; le grain de lumière, l’espérance solaire, venaient de germer !