SOLSTICE D'HIVER 2012, partie VI lectures et récits
SOLSTICE d’HIVER PARTIE VI Bran du 23 11 2012
Lectures Aux origines du Carnaval Anne Lombard Jourdan
(Ed Odile Jacob) extraits
« Les mythes ne se laissent pas surprendre si on les coupe de la vie des hommes qui les racontent. » Georges DUMEZIL Mythe et Epopée
« Le mythe est un récit relatant un « événement » qui a eu lieu dans le temps primordial, les temps fabuleux des commencements. » Mircea Eliade
Michelet parlant de Rabelais « Navigateur hardi sur la profonde mer qui engloutit les anciens dieux, il va à la recherche du grand « Peut-Etre ». Note de cours 1834
Voici, présenté ici, des éléments inhabituels et pertinents versés par l’auteur dont les ouvrages ont particulièrement été appréciés, alliant érudition et documentation très fournie…
Les arguments apportés et les sources citées démontrent que la fête dite du CARNAVAL est tout d’abord axé sur un mythe très ancien : celui du combat mythologique entre le Cerf et le Serpent…
En ce mythe, le cerf, vainqueur du serpent, assure le retour du printemps après les effrois de l’hiver
(A une période où les cerfs perdent leur bois…)
Le Cerf-Géant n’est autre que Gargantua et plus encore Cernunnos ; le dieu au bois de cerf de la mythologie celtique, le Dis Pater, le Père de tous les gaulois (Cernunnos est un dieu-cerf qui combat et délivre l’humanité d’un serpent ou d’un dragon. Ce combat « sous-tend » les premiers chapitres de Gargantua, avatar du dieu Cernunnos, récupéré par Rabelais, sur le mode parodique, dans les traditions gauloises orales qui affleurent dans la culture populaire à laquelle celui-ci s’abreuve.)
Carnaval serait ce dieu-cerf soit Cernunnos réinvestit et resurgit du fond de la mythologie gauloise qui survivait dans l’oralité. Carnaval désigne primitivement le moment où les cerfs perdent leur bois. Carnaval réactualise chaque année le mythe fondateur du combat du cerf et du serpent.
A côté de la Tradition orale, la tradition populaire récupère le Cerf géant et le Serpent, ce sont d’une part le géant Gargantua et de l’autre la Fée-serpente Mélusine…
Gargantua et mélusine sont les avatars de divinités indo-européennes conservées par les Celtes et tiennent aux vieux fonds mythologiques de la gaule préhistorique…
L’auteur en poussant une fastidieuse et précieuse enquête jusqu’au bout retrouvera les liens entre le Roi-Cerf, la chasse aux Cerfs et le Roi de France en débusquant le Cerf dans le légendaire royal français… Le Grand Cerf comme ancêtre des Rois de France…
« Après la stérilité et l’obscurité de l’hiver et l’image de mort liée à cette période, le carnaval purifie et permet de renaître en reconduisant les forces malfaisantes à leur « frontière »… C’est un rite de passage au mécanisme très complexe qui symbolise le temps hors du temps où l’on expulse les forces négatives et destructrices du temps usé pour donner de la vigueur au nouveau temps…
Le monde est mis à l’envers avec un renversement provisoire des rôles et fonctions qui souligne l’inversion du temps « son déréglement provisoire » avant son renouveau? Le retour du « temps premier » (printemps), de la lumière, la renaissance de la fécondité de la nature et de l’homme lui-même…
(« La sexualité humaine participe de ce concept car elle est considérée comme une incitation à la fertilité de la terre et inversement la fécondité humaine est dépendante de l’épanouissement de la nature. » ) Yvonne de Siké
Le Carnaval a des origines multiples et lointaines. Il semble avoir toujours été nécessaire d’associer un temps d’inversion purificatrice à un temps de passage et donc de crainte (Nouvelle année, éclipse…)
La philosophie du Carnaval, sous l’apparence du désordre, est rigoureuse et sa coupure dans le temps nécessaire et régulatrice autant que pour l’être une respiration… Il s’agit de reprendre souffle pour rejouer le commencement…
En Grèce, Dionysos/bacchus, dieu de la végétation éveillait la joie et représentait la fécondité en général. Il était conducteur d’âmes et initiateur de la vie et de la mort. Ce génie du renouveau printanier était proche de l’au-delà. Il était célébré entre décembre et mars. Ces fêtes regroupaient à priori d’antiques cultes orgiaques liés aux réveils des puissances souterraines qui annonçaient le printemps. A Athènes en février ou mars on célébrait 3 jours durant le retour de Dionysos et de la végétation par des joyeux cortèges et des « mariages mimés »…
Pan s’intégra à ces cortèges en tant que dieu du monde sauvage et image symbole de fertilité lors des dionysies de décembre au Vè siècle avant JC…
Les carnavals fêtaient l’expulsion de l’hiver et de la « vieille année » ainsi que l’arrivée bienvenue de la saison nouvelle.
L’ours représente la force vitale et mystérieuse qui hiberne dans le secret de la terre. Le jeu de l’ours se déroulait à la chandeleur avant que celle-ci ne recouvre les fêtes païennes. Il s’agissait de mimer la sortie de l’ours à cette époque (si le temps était trop clair il retournait hiberner.) L’animal lâché dans la ville courrait après les filles, faisant semblant de s’accoupler à elles, celles-ci engendrant alors des créatures sauvages… L’ours était capturé puis tué par les jeunes gens mais ressuscitait et se mettait à danser après sa mise à mort. (« C’était un jeu pour se donner l’assurance qu’une année nouvelle succédera bien à l’ancienne. » Nicole Belmont)
L’ours est présent le 02 février et son comportement peut annoncer alors la fin de l’hiver…
L’Homme sauvage est un « masque » fréquent en Europe. Il est-ce conducteur des âmes qui couvert de verdures, de mousse et de paille « sait le temps, le ressent, le rythme et chante quand il change. » (Daniel Fabre)
Le cerf avec sa parure rituelle est présent lui dans les pays celtiques par ses bois changeant avec l’année nouvelle. Cet animal psychopompe, conducteur d’âmes comme l’ours ou le bouc, évoquait l’immortalité tel Cernunnos le dieu gaulois des morts qui chaque printemps se métamorphosait en dieu humain : Esus.
Par ces rites carnavalesques, il s’agit de prouver que la vie est plus forte que la mort…
Toutes les Traditions hivernales sont porteuses de présages et expriment l’espoir de voir une année nouvelle prospère. Dès le mois de février les fêtes sont annonciatrices du printemps et se tournent vers le carnaval, première manifestation printanière d’extérieur.
Du cerf et du serpent :
« Le cerf affaibli à la sortie de l’hiver, recherche le trou d’un serpent et souffle dans celui-ci afin de faire sortir le serpent et de lui faire secréter son venin, le serpent sorti un combat s’engage et le cerf écrase le serpent sous ses sabots et le mange puis s’en va se gorger d’eau afin de recracher l’animal et son venin dilué par l’eau. Après cette « purgation » le cerf retrouve toute sa vigueur…
La chute des bois de cerf est un repère fixe dans le déroulement du temps, un point fort de périodicité assuré.
Le cerf devient le symbole de la longétivité et de la régénérescence espérées par l’humanité entière.
C’est alors que démarre le grand bondissement de la nature au printemps qui témoigne d’un énorme appétit de vivre… »
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Alban Arthan la Mort d’Arthur Solstice d’hiver 2006 Récit Bran du
Les dernières clameurs se sont tues dans le Grand Crépuscule / Les corneilles ont déserté le champ de la bataille / Le sang et le fer reposent sur une terre devenue gaste / Rouge est la rivière qui courre vers l’océan / Plus sombre est cette nuit où la mort a fermé tant de paupières / Orgueil et cruaté, ici et là, côte à côte dans le lit hivernal des fougères….
Le silence détrousse les derniers gémissements / Ne sont plus les guerriers à la peau tannée par la fureur et l’ardeur / la lune glisse sur leur visage de cire…
Avec eux s’est écroulée la Ronde Table, le rêve fabuleux / Le Filid avait prédit, la Femme avait vu aussi, le fils se retournant contre son père, la Ténèbres s’abattant et recouvrant la Lumière, les mères stériles, les vergers orphelins de fruits ; tous deux avaient dit « sans lait les vaches nourricières, sans lait les brebis ! »…
Morgane est venue dressée dans son manteau de deuil, droite à la proue de la barque d’Outre-Monde / Elle a pris Arthur dans ses bras blancs ; ses neuf servantes ont porté le corps sans vie jusqu’à la Nef enveloppée de brume / Lors, des cygnes sont venus du Nord allant vers l’Ouest / La barque a suivi cette même direction puis a disparue dans l’horizon brassé de nuages et d’écume…
L’Epée d’Arthur a rejoint les eaux abyssales, laissant sur l’onde quelques cercles agités d’un dernier frisson…
L’etang s’est refermé sur la grande épopée des rois et des héros / Les eaux onr apposé leur sceau sur le Celte parchemin / le Livre est clos, son cuir séchera dans l’âtre de nos rêves / Les braves trouveront peu à peu le repos / Ils festoieront au banquet éternel…
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Un homme erre dans les sous-bois, comme hébété, sa saie est en haillon, ses jambes couvertes de sang épais / Un loup le suit qui lui lèche ses plaies / C’est un homme blessé par tant d’illusions qui ne sait plus si ce monde est folie ou raison / Il hante les ronces de la forêt, tourne et retourne dans les laies du doute et de la confusion…
Cet homme, c’est le Sage Merlin qui arpente la futaie à la recherche d’une paix qui pourrait peur-être guérir sa propre folie, sa propre déraison / Folle aussi l’Etoile qui le conduit vers les marais de perditions…
Un monde n’est plus, à disparu dans les marécages de l’oubli / Arthur n’est plus, n’est plus la fraternelle compagnie / ne sont plus sous les cuirasses, sous les armures, les vertus de l’amour et du don / S’installe la Grande Nuit et saigne l’horizon…
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Commentaires Bran du
Les Celtes ne craignaient pas la mort… Ce qui était de nature à susciter, chez ces braves, la crainte ; une crainte extrême, résidait dans « l’inversion des valeurs » c’est-à-dire dans des comportements et des attitudes humaines de « renversement » durable de l’ordre, de l’agencé, de l’ajusté, du concordant, de l’équitable… Ce qui pouvait faire trembler ainsi leur os s’appelle le chaos !
Le Monde Celte n’a de frayeur qu’en cette inversion des valeurs ; des valeurs de « maîtrise » sur lesquelles leur société à constitué son fondement et ses assises… Tout « excès », toute emprise s’arrogeant une domination est source de déséquilibre et de disharmonie autant dans le cosmos que dans l’homme…
Les meaux, les fléaux de la société celtique résident entièrement dans ce basculement outrancier et suicidaire qui livre le monde et l’être à tous les antagonismes et les affrontements, à tous les affres de la destruction du vivant et ce, sous toutes ses formes…
Rompre en nous les équilibres et les harmonies, c’est nous livrer au chaos et donc aux plus grands des périls…
Cette celtique appréhension demeure o combien d’actualité… La question reste et demeure éternellement posée… En quoi, comment, pourquoi suis-je ou non porteur d’une conscience, d’une connaissance et d’une compréhension qui me portent elles-mêmes à l’équilibre et à l’harmonie ?
Ma vie participe-t-elle d’un ordonnancement qui soit source de paix et d’entendement pour moi-mêmes et mes « terrestres cohabitations » ?
Si le chaos nocturne est « nécessaire », ne pouvons-nous en son tréfonds y faire renaître quelques lumières, des semences à foison, des emblaves qui espèrent, des futures moissons… de soleil et de don ?…
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Alban Arthran la Lumière d’Arthur…. Au seuil de la Grande Porte de l’Année Bran du
« A la source unique de toute vie, de toute lumière, de tout amour, abreuvons notre corps, notre cœur et notre esprit… »
« Par le Cercle qui avive nous sommes enceinst de joie, enceints de feu, enceints d’eau vive. »
Neuf sont les Compagnons qui veillent sur le chaudron
Neuf les Femmes consacrées, les Servantes de la Déesse
Neuf fronts penchés sur l’endormissement du Roi
Neuf les chants qui ouvrent la voie
Neufs sont les encoches sur le bouleau sacré…
Neuf sont les mois qui portent à enfantement
Neuf mois pour la gestation de l’homme et des moissons…
Neuf étoiles ; sept au firmament, une autre dans la pomme, une autre en nos cœurs !
Neuf luminaires pour nos pensées en transhumance d’être, en quête de lumière…
Neuf pour dire le Druide, le Berger aux étoiles, la Roue et l’Eclair…
Cerf, faucon, ours et saumon convergent vers la source, vers le bassin d’immortalité
Vers la vasque des merveilles, vers le puits de science et de sagesse
Vers la fontaine d’entendement, vers la coupe sacrée au breuvage de félicité…
Vers le chaudron de bonté et de miel…
Pour Cela nous suivons, nous aussi, le soleil en sa course…
Par l’eau, le ciel et la terre
Par la subtile farine de l’air
Suivons la harde, la horde, la meute, le banc
La tribu d’écailles, le clan des pelages, l’envolée des rémiges,
Cheminons en leurs pas, en leurs vols, en leurs nages…
Rejoignons la Grande Assemblée, le fabuleux prodige,
Le banquet de la Mère, le souverain festin
Où se mêlent le sang et le vin en l’hydromel des Sages…
Nous sommes conviés à l’enchantement, à l’enfantement du Fils,
A l’avénement du Mag Og, à la conception du beau fruit solaire
Par l’énergie conjuguée du ciel et de la terre…
Que la faucille d’or (en son tranchant de lune)
Abreuve le lin blanc d’une neuve espérance…
L’Esprit guide le Cercle et le Cercle nous contient
Nous sommes des enfants qui pressent le doux Sein…
Le cerf et le serpent s’affrontent en la clairière…
La brume est-ce souffle qui sort d’un naseau en fureur…
Le vent siffle dans les branches et les branches sont clameurs…
Noire le sang s’effaçant dans l’immense blancheur !
Sur le sol gisent les plus sombres pensées , les vieilles peaux piétinés
Par les sabots du nouvel an…
Le jour absorbe le venin de la nuit…
En l’eau de Barenton s’ épure le poison…
Les grands bois tomberont, le monde sera prêt
Dès lors renaîtront les neuves ramures de la forêt…
Les biches reviendront sous la couronne des chênes…
Aux noces de la vie, la lune portera traîne…
Il dansera, au nouveau jour ; il dansera le Roi des fous,
Avec sa rouelle autour du cou, sa couronne d’if et de houx,
De lieux en lieux, de bourg en bourg, avec son ours et son tambour…
Vers Dame Aurore, fou de sa joie, fou en son corps,
Paré de gui en son entour,
Il mènera contre le sort, la Ronde d’Amour…
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