SOUVENIRS IMAGINES 2019 BRAN DU LE 23 09 SEPTEMBRE
PHOTOS BRAN DU
Souvenirs imaginés
Bran du Septembre 2019
Rappelle-moi le chant de la pluie ;
L'eau percutant les tôles rouges de l'abri
et, sous la fenêtre, le flot cascadant de la rivière par le ciel engrossit...
Dis-moi encore cela qui soulevait mon corps, le courbait comme une arche d'alliance, comme un anneau de noces...
Je veux voir de nouveau, voir encore la brume montée du fond de la vallée où j'avais branche et nids pour tes mains sculptées de magies...
La lune s'était enhardie jusqu'à passer la tête à travers le vasistas de la chambre. Je l'ai vu quand elle m'a recouverte de sa blancheur argentée... J'avais lors des rires sur les lèvres enfantant un printemps dans le berceau de nos bras....
Dans un repli de la pièce le silence réapprenait cette berceuse qu'une étoile, par une douce nuit, lui avait appris...
Le temps lui-même se donnait le temps de se réfléchir dans le miroir troublé de l'étang...
J'avais lors l'éclat d'un diamant...
Si précieux était cet instant aux parfums d'éternité, à la saveur de framboise et de noisette...
Ton poème de vie nous ouvrait une large et profonde parenthèse comme l'aurore glisse lentement, voluptueusement, sur la poitrine du jour...
Un même autel et de communes offrandes...
Et le lys de nos joies, là dans le vase de faïence bleue tressé de désirs et de flammes...
Rechante-moi la chanson de la pluie..
Que soit la cascade de tes doigts ruisselant sur l'arrondie de mes attentes...
Que s'effilochent le manteau de brume
et que claire soit la forêt et son grand lit de feuilles ;
claire et ouverte, claire et offerte, la clairière apprêtée pour nos danses, pour nos soifs, pour nos faims...
Redis-moi la vague qui submerge mes rivages...
Montre-moi la saison cinquième qui empreinte à chacune des autres...
Ouvre pour moi les volets afin qu'entre le soleil....
Je serais la gerbe dont tu feras moisson...
La pluie dans tes yeux , la pluie de tes yeux, la pluie dans l'azur de tes yeux, des hirondelles dans l'azur, un cerf-volant rouge et jaune, le cri d'un jeune garçon, le cri encore accroché à la ficelle...
Le coquelicot de tes baisers et le bleuet des miens...
La longue tresse de nos regards et de nos gestes...
Tisserand, tu étais tisserand et j'étais la Haute-Lice que tu faisais monter comme monte de branche en branche le chèvre-feuille dans sa spirale d'écorce...
"Cela" posé sur mes épaules nues, cet attouchement et sa myriade de frémissements et de tremblements qui fait vaciller mon corps ; mon corps qui s'épanche comme l'eau venue des alpages et des sommets du tendre...
Cette odeur de foins fraîchement coupés et qui respire après la pluie... La pluie encore elle au déversoir de l'impatience, aux grèves de la retenue...
Et toute cette lande de genêts et de bruyère, de tourbe et de lichens, de pins et d'herbes tremblantes, de schistes érodés et couverts de parmélies irlandaises...
Toute la lande de ton corps parcourue, explorée, par mes danses d'abeille...
La pluie, tenace, à vouloir traverser le toit de nos enlacements, à s'introduire sous tes aisselles, dans ta barbe, dans cette fièvre commune qui fait rougir les braises du don et tournoyer l'offrande flammée de ce feu qui nous consume jusqu'au rêve...
Ce rêve de pluie que la pluie entraîne loin, très loin vers un océan où se perd un prénom que je n'ai jamais su car dérobé au passage par les ailes d'un papillon !...
..................................