SPERED GOUEZ L'ESPRIT "SAUVAGE" REFLEXION ET BARDI 2023 BRAN DU 23 08 AOUT
Photo Bernard BOISSON
Bran Du Août 2023
Spered Gouez.... L'Esprit Sauvage en Breton
Esprit : L'esprit est la totalité des phénomènes et des facultés mentales : perception, affectivité, intuition, pensée, jugement, morale, etc. Dans de nombreuses traditions religieuses, il s'agit d'un principe de la vie incorporelle de l'être humain.
Sauvage : « qui vit dans la forêt »
Quelle est la signification de sauvage ?
Qui fuit les contacts humains et mène une vie solitaire : Un homme devenu sauvage avec l'âge. Qui est violent, brutal, cruel : Il devient sauvage quand ses intérêts sont en jeu...Qui n'est pas civilisé...
Qui fuit toute relation avec les hommes...(Selon Wikypédia...)
…...
Ce mot accolé à un adjectif implique une revisitation sensible et intelligente pour un restituer l'humus et les ramifications arbustives... Il ne saurait demeurer enfermer dans une définition aux cloisons si limitées et si arbitraires...
L'esprit dans sa dimension « incorporelle » souffle ou bon lui semble et de la façon qui lui convient, tantôt sédentaire mais en permanence nomade, il fait provisoirement demeure en nos pensées, en nos idées, en nos concepts, expressions et représentations... OK...
Mais qu'en est-il du terme sauvage qui lui est accolé ici ?
La « sauvagerie » serait de se mouvoir hors des cités humaines, de fuir celles-ci et la compagnie des hommes ce qui pourrait aller jusqu'à la violence quand ceux-ci offusquent ou font outrage à la liberté de l'individu...
Un peu court jeune homme !
Non la citée des hommes et des femmes n'est pas exempt d'esprit et de divers aspects relevant de la sauvagerie sans être pour autant un lieu d'excellence quant à sa résidence...
Déambuler le long d'une grève rythmée par la marée, s'enfoncer avec prudence dans un marais très encombré "végétalement" et très « vaseux » par ailleurs, arpenter une cime, un sommet dans une marche obstinée et solitaire, respirer avec l'arbre, la feuille, les poils et les plumes, les sèves et les résines, les écailles et les écorces, les chants et les danses du vent et des feuilles...
Dialoguer silencieusement avec l'eau et la pierre, incorporer la peau du monde, naître et renaître en paix par cela même qui nous pénètre, prendre le pouls de cela qui rythme le jour et la nuit, « cosmunier » avec l'Univers et ses hosties de soleil et de lune, est pour moi vivement connoté « d'ensauvagement » qui est, en effet, une forme d'émancipation provisoire avec le « civilisé » que je peux être temporairement...
C'est un état d'être qui à a voir avec l'humus, le terreau, la décomposition, l'algue, le lichen et la laisse de mer....
C'est un état montant et baissant qui laisse sur notre front sa frange d'écume....
Ce sont des espaces consacrés par la métamorphose car ce que l'on y vit, ce que l'on y voit, ce que l'on en ressent et perçoit nous « modifie » intimement, profondément et coparticipe d'une alchimie fortement intériorisée où le corps se spiritualise via l'élévation de ses plans et niveaux de conscience...
Il me semble tout personnellement qu'un tel processus prend toute sa densité opérationnelle dans un milieu naturel et « sauvage » constituant le chaudron, le berceau, l'athanor même de ces mutations et transformations aussi vitales qu'essentiels à mes sens et à mon cœur...
Prendre un galet dans sa main, faire de ses paumes une coupe pour recueillir l'eau à sa source, appuyer son dos fatigué contre le tronc d'un arbre vénérable, laisser le vent vous envelopper vous plier, comme la feuille ou la tige, sentir les raies solaires tatouer votre
corps, incorporer l'été à partir du bourdonnement foisonnant des insectes, humer le pourrissement des feuilles qui donneront vie demain, virer de l'en-dehors pour incarner l'en-dedans, se glisser dans la chrysalide de l'instant et éclore au monde avec des ailes dans ses pensées, voilà, voici ce qui pour moi constitue un authentique « ensauvagement »....
La Nature me restitue fondamentalement, originellement, à moi-même... sans le moindre artifice, sans la moindre illusion, sans le factice d'une société qui a bradé sa liberté pour une pseudo sécurité léthargique et fossilisée...
Face à la mer, face à l'horizon incendié, face à l'aurore éclatante, face à l'étang, face contre ciel, face contre terre, face contre vent, je suis, intrinsèquement et pervibratoirement à ma simple, juste, jouissive et voluptueuse place... et nulle part ailleurs, retrouvant en moi-même source, souche et racine, sève en mon aubier, sel en mes salines, sucs en mes fruits, flux avivés en mes artères...
Prendre regard avec des yeux d'ardoise, de schiste pourpré, de grès rose ou de granit, un regard minéral sur lequel glisse la peau rude et lisse des saisons...
Sauvage je le suis, sauvage je le revendique, sauvage je le clame avec les tambours du tonnerre, le fouet des déferlantes, l'harmonie des équinoxes et l'éclosion et la flamboyance des solstices...
Sauvage je le suis, trempant mes lèvres dans les liqueurs du vivre et les alcools forts que sont les tempêtes de février et les houles d'hommes et de femmes s'offrant à l'ivresse de la danse...
Sauvage je le suis faisant bogue d'amour sur l'amande de tendresse, faisant feu de bois mort sur les errances passées et les rêves avortés, hissant la voix rouge, noire et blanche au grand mat de l'amitié, faisant cercle de beauté sur la poitrine de la Mère, tenant table ronde et ouverte aux auberges de la rencontre...
Corbeau je suis et, non seulement, de plumes mais tissant dans le jour une écharpe de nuit, faisant trame de vie aux effilochés du cœur, faisant chaînes de cris dans le broyé du silence...
Sauvage si loin et si proche des palpitations de la vie même, frissonnant aux approches des flammes et des feux allumés au front des poètes...
Sauvage comme peut l'être ce qui renonce aux néons du pouvoir et de l'avoir pour faire de son cœur un foyer de douces flammes et de ses yeux des étoiles dans la nuit , un phare sur la mer avec tout cela, flamboyant, lumineux, qui ravive les braises sous la cendre...
Sauvage comme le torrent qui dévale les sommets du monde et irrigue sur son cours les sécheresses de celui-ci...
Sauvage comme celui ou celle qui n'ont pour seul habit qu'un revêtement de joie pour habiller l'éblouissante et rayonnante nudité du vivre....
Sauvage comme le mot qui refuse toute définition et qui n'appartient qu'à lui même pour incarner le vrai, le beau, le juste et le bon....
Sauvage, avec ses odeurs et ses senteurs de sauvage qui font corbeille de mariés aux sens convoqués à la noce...
Sauvage élémentairement sauvage, indompté de cœur et de corps
mais libre d'écoulements et de jaillissements, d'offrandes et de dons quand l'Amour le demande, quand l'Amour le convoque, quand l'Amour est partage...
Sauvage, résolument, obstinément sauvage aussi sauvage que le roc face aux houles d'équinoxes, face aux déchaînements du ciel et de la terre ; face à toute emprise sur le Vivant de la Vie...
Sauvage comme la fleur que l'on ne sait plus nommer, mais qui fait refleurir, par elle seule, toutes les prairies du cœur...
Sauvage comme l'animal qui sait l'humaine prédation, qui peut suer de mort devant ce qui le traque mais qui restera debout, fier et digne, jusqu'à ce que mort le couche...
Sauvage comme les peuples génocidés pour avoir renoncer aux atteintes faites à la Vie, pour ne pas avoir participé aux meurtres du vivant, pour avoir prié devant les fusils, pour s'être ouvert et offert à ce qui n'était, finalement, toutes promesses bafouées, qu'esclavage et enfermement, mensonge et hypocrisie, parjure, trahison et arrogance humaine...
Sauvage, indéniablement sauvage, celui-ci ou celle-là qui n'ont de lois que celles de la Nature, que celles de l'Univers...
Sauvage celui-ci qui tend la main quand on veut lui trancher le bras...
Sauvages ceux là qui dansent et chantent dans la ronde de Vie et qui louangent Celle-ci dans le Cercle sacré et fraternel de leur foi...
Sauvage oh oui, celtiquement sauvage et faisant fi des pensées travesties, stériles et illusoires, des pensées conditionnées et formatées rendant nuisible l'humanité elle-même, dressant l'homme contre l'homme, la femme contre la femme et les uns contre les autres au nom de ce que la Vie elle-même ne voudrait jamais nommer !....
Sauvage car non domestiqué, non asservi, non soumis aux dictatures et aux arbitraires qui font de la sœur ou du frère un étranger, un exclu et un ennemi...
Sauvage, tendrement sauvage, comme un duvet de cygne sur le sein d'une jeune fille, comme l'herbe odorante après la pluie, comme la jeune pousse se moquant de l’œuvre incendiaire, comme la semence s'épanouissant dans la terre qui revit, comme le sourire revenu sur le visage de la Mère...
Bran Du "sauvagement écrit" le 23 août 2023...
Bien fraternellement et à plus tard maintenant........