SUR LA PISTE DU NORD (3) BRAN DU OCT 2009 / AVRIL 2018 21 04 AVRIL
Sur la vieille piste du « Nord »...
Bran du 10 / 2009 - 04/ 2018
Nous pouvons visualiser une contrée, un espace, une étendue, un paysage au bout duquel notre regard, notre entendement, nos « correspondances » buttent sur une frontière, sur une limite de compréhension...
Au-delà il ne nous est plus donné, ordinairement, de visualiser quoi que ce soit. Cependant, il nous est donné la faculté de percevoir ce qui se tient, s'anime, derrière l'écran des êtres et des choses...
Nous pouvons soulever le voile de brouillard et de brume...
Nous pouvons faire venir l'arc-en-ciel après les averses de pluies, les orages de nos fureurs et le déluge de nos illusions...
Nous pouvons entrouvrir le manteau froid de l'hiver et augurer d'une piste, d'une sente pour un nouveau printemps...
Ce qui apparaît et se tient par-delà la traversée de ce miroir que nous sommes est un tout autre domaine qui pour être pénétré, visité, exploré, sollicite et implique une pensée faite de juste désir et de claire volonté ; une pensée avivée et avisée qui demande de faire recours à nos capacités intuitives, sensibles, imaginatives, créatives et novatrices...
Il n'est pas de plus profonde, de plus mystérieuse et émoustillante exploration humaine que celle qui nous attend aux confins du connu pour offrir à tous nos sens convoqués l'immense inconnu de nous-mêmes...
Toute « perte de vue » est une invitation au « recouvrement » éclairé du continent de l'Etre...
Nous entrons ici dans un champ de correspondances subtiles et de résonances complices. Tous les confins donnent rendez-vous à l'homme, à la pensée de l'homme, qui se heurte au plus lointain afin de se rapprocher au plus près des battements de son cœur...
Il s'agit d'offrir à tous nos sens subtilement convoqués l'immense inconnu de nous-mêmes...
Nécessité d'un retour aux « origines » afin de retrouver un promontoire pouvant donner élan aux aspirations qui sont les nôtres substantivées lors par de nouvelles forces et énergies...
L'étrange et stimulante « migration » proposée à nos songes pendule entre le Nord et l'Ouest d'une fin de terre (Pen ar bed en breton) où nous nous tiendrons, dressés sous le ciel face à l'Iroise du possible, tendus vers une ligne de partage ouvrant sur de nouveaux horizons....
L'Instant lors sera en juste mesure de concélébrer avec nous ces noces insolites, singulières et plurielles qui sont celles qui préfigurent de nos transfigurations à venir...
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La Prime Essence... Une démarche élémentaire...
Nous sommes quelques-uns, quelques-unes, à la recherche de cartes et de signes ; de mondes insoupçonnés, de géographies étranges et mystérieuses que les anfractuosités des roches entrouvrent lorsque nous affouillons, de tous nos sens, les archives minérales de la terre...
Ici, sur les couches et strates géologiques les plus anciennes de l'Europe, nous parcourons les criques et les grèves, nous traquons les ambassades d'univers inconnus, les multiples et secrètes expressions de la mémoire la plus ancienne qui soit...
Une partie de nous mêmes résidé en ces failles, en ces interstices et fondements...
Explorant méthodiquement la côte armoricaine, nous sommes en quête de recouvrances fondamentales...
Nous faisons approche de l'Origine des êtres et des choses....
Nul doute que derrière l'écran ou le miroir de notre quotidien se cache des schèmes picturaux, des portulans insoupçonnés, des lignes infinies, des symboles absolus, des mythes revisités, des écritures inédites, des œuvres magiques et féeriques, une alchimie de formes et de couleurs, des fresques de lichens et de parmélies, des sculptures splendides faites par les vents et les pluies, d'autres façonnées par le gel et les glaces...
Tout cela a pouvoir de transformer notre propre langage, de le substantiver, de l'accroître en force et vigueur ; de raviver en nous les germes, les racines, les souches et les sources d'une autre présence aux mondes...
Nous avons tant à découvrir et à apprendre ; tant à œuvrer, pour le vrai, le juste et le beau !...
Nous sommes ici, en l'instant, orphelins de Verbes et de mots, mais notre vision s'élargit et décompte les étoiles...
Le microcosme nous donnera lecture du macrocosme et chaque fragment nous conduira vers le Grand Tout...
Nous laissons derrière nous le conditionnel et le conventionnel, nous aspirons à une plus haute conjugaison mêlant la pérennité à la novation....
La terre parle mille langues diverses ; ses écrits parsèment les sables, les écorces et les roches...
Il est souhaitable de mettre l’œil au plus près des surfaces, au plus près des profondeurs...
C'est par le regard et ce qui l'anime que nous entrerons dans l'inconnu de ce qui fût, est et sera, que nous glisserons sur le pentu du temps et de l'espace, que nous pénétrerons les failles de l'ignorance et ébranlerons les assises de toutes les peurs...
Nous allons réapprendre à lire ; toutes nos facultés en éveil...
Nous mettrons le doigt sur les traits qui sillonnent les pierres ; sur les spirales dansantes des anciens entendements, nous naviguerons, spirituellement, dans la barque du songe et épouseront les reliefs et les creux d'une marée d'écritures affouillant les mystères et secrets de la création et de l'évolution
de tous les règnes qui composent le Vivant, sa Présence, son Anima, son Principe, son Essence, son Devenir....
Nous déchiffrerons et suivrons les architectures infinies qui ossaturent les articulations et les mouvements de la Vie....
Nous entrerons dans le labyrinthe, y trouverons le Centre et ramènerons au jour tous les Enfants-Lumière....
Revenus de ces fabuleux voyages, de ces périlleuses et émouvantes pérégrinations, nous témoignerons, chacun à sa façon, des splendeurs découvertes, des enchantements et des émerveillements rencontrés et vécus, de tout cela que notre nudité d'esprit, d'âme et de cœur aura recouvert, de tout cela dont elle se sera parée comme un poème recouvre la nuit d'un manteau de lumière...
Nous sommes généralement, ordinairement, enfermés dans une gangue éducative et sociale plus ou moins épaisse dans laquelle notre « noyau de Vie » se trouve enfermé et recouvert de plusieurs couches de vernis qu'il nous faut décaper et gratter jusqu'à « l'os »... Mais, « gratter jusqu'à l'os » ; c'est retrouver l'amande primordiale, la graine et le germe de tout le Possible et lui redonner humus et terreau à partir de la fertilité retrouvée du coeur et de l'esprit...
C'est, par une libre immersion au sein des forces de la Nature provoquer une libre émergence de la Nature qui est la nôtre...
C'est nous offrir et partager alentour les étincelles d'un foyer d'entendement...
C'est retrouver l'antique piste du Nord afin de penser et de ressentir primordialement, élémentairement puis fort de cette reconnexion réalisée, œuvrer en résonance en clarifiant les flux et ondes émanées de ce retour aux souches et aux sources...