TAIGA / TEXTE BRAN DU 2020 06 05 MAI
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BRAN DU 06 05 2020
Taïga …
Nul sang ici ne peut mentir sans que ses veines ne glacent....
L'immensité nous fait une place réduite et très mesurée ; sachons l'occuper dignement...
Il n'y a pas plus de touffes d'herbe sur le lac gelé que d'amour dans ta vie... C'est ainsi et n'espère pas, n'espère plus le dégel !....
Sous la yourte du soleil tournent les saisons...
Le troupeau de tes songes passe d'une prairie à l'autre avant que de rejoindre celle du ciel...
Il y a des loups tout autour qui guettent tes défaillances …
Sois vigilant, allume un feu dans ton sommeil...
Tout va comme il se doit d'aller, c'est ce que dit le tambour...
La vielle femme parle à l'oreille des chevaux et ceux-ci comprennent même les rires qui sortent de sa gorge...
Son chant à des branches étagées comme un pin, arrivé au sommet, il parle aux étoiles et aux esprits lumineux...
La lune aussi à ses ramures où pendent des perles argentées...
Les oies sauvages savent où elles vont et ne se posent pas de questions, mais le pauvre moujik ne sait qu'une chose : la mort ponctue le chemin !....
L'espérance est un cheval qui va au galop ; les chevaux meurent aussi car le souffle vient à leur manquer...
Il est naturel que les corps périssent, mais l'âme demeure qui est plus ancienne que les corps... L'arbre et l'ours le savent, les rennes et les chiens aussi tout comme le lagopède et la perdrix...
Quitte à mourir, mieux leur plaît la flèche de l'arc que le fusil !....
Mon âme connaît toutes les langues, elle ne craint pas le froid. Elle sait tout de moi et connaît ma vaste ignorance...
J'aime la neige ; elle est le souvenir d'une pureté oubliée qui se rappelle à nous sans rien dire d'autre que du blanc...
Le noir et le blanc cohabitent , c'est ainsi depuis les commencements... Ils ne sont pas sans partage, ils ne sont pas sans enfants.... Je suis l'un de leur très éloignés descendants !...
J'ai coupé une mèche de mes cheveux, elle pend clouée sur l'arbre sacré. Ainsi je me concilie la fureur du vent....
Pour survoler ce monde, il faut les ailes d'un aigle aux serres puissantes... Quand je chante, quand je fais battre le cœur rouge du tambour, il me pousse des plumes dans le dos....
La modernité à dispersé les tribus comme de la poussière devant un balai...
Nous sommes très peu à porter sur nos lèvres les récits anciens, le chant des Origines... Très peu aussi les hommes qui aujourd'hui ont souci de connaître le Commencement et la Fin...
Ils sont Ainsi que le fruit qui à oublié la semence dont il provient !... Mail nul arbre ne peu s'affranchir de ses racines !...
Bien des forêts sont mortes, mais demeure la sève de l'Esprit...
Les lames de ma guimbarde résonnent et vibrent dans l'aurore...
Sous mes doigts le jour se lève et se couche...
Le ciel allume ses feux et la nuit ses étoiles...
Mon âme me couve comme un œuf dans le nid....
Elle me fera éclore en une autre vie, blanche comme la neige !...
J'ai fait 9 encoches dans l'écorce de bouleau et une offrande pour chaque trait... Neuf chants sont nécessaires pour monter au ciel, ils montent portés part les ailes d'un grand corbeau...
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Jadis, j'ai accroché des clochettes et des rubans de couleur à la branche de l'arbre sacré....
Le vent a emporté mes voeux plus loin que ne peut les rejoindre mon coeur...
L'arbre vit toujours et l'amour de même, mais je ne sais où le vent me mène qui se joue de mes souhaits et qui en fait ce qu'il veut...