TRADITION ET MODERNITE (REFLEXION) SUITE 2016 BRAN DU 12 09 SEPT
TRADITION ET MODERNITE Réflexion Bran du 11092016
Modernité/Moderne : actuel, contemporain... qui est du temps de celui qui parle ou d'une époque relativement récente... Qui bénéficie des progrès récents de la technique, de la science. Ce qui est Neuf...Temps opposé à ancien et antique...
Tradition : remettre et transmettre...
Ce qui est transmis de siècle en siècle... (Doctrine, pratique religieuse ou morale). Informations plus ou moins légendaires relatives au passé transmises d'abord oralement de génération en génération... Manière de faire, de penser ou d'agir, qui est un héritage du passé...
Dictionnaire Petit-Robert...
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Etudes et réflexions Bran du
Tradition et Modernité s'alignent sur une échelle du temps qui va du passé à l'époque actuelle..
On les oppose très souvent selon des critères liées à des valeurs de savoir être et de savoir faire... La modernité étant le fait d'un progrès dit scientifique et technologique censé avoir fait évolué considérablement les facultés et capacités humaines par rapport à celles jugées très limitées d'un monde traditionnel antérieur remontant à plus de deux millénaires comparées au monde celtique par exemple...
Il est indéniable qu'il y a eu, suite à des découvertes majeures et successives de la science des avancées plus que notables dans la connaissance des êtres, de la vie, de l'univers et dans la mise en œuvre considérable d'un génie technologique prodigieux...
(Sommes-nous aujourd'hui pour autant et globalement « plus heureux » que les sociétés de l'Age du Bronze ou du Fer, pour ne citer que ces périodes, rien n'est moins certain relativement parlant. Ceci nécessiterait de qualifier ce qu'était, communautairement et individuellement, la notion de bonheur dans un temps et une communauté donnée !)...
(Affaire d'appréciations objectives et argumentées donc, mais cela constitue un autre « sujet » de réflexions...)
Le « passé » n'est pas source morte, les ruissellements qui en subsistent sont encore à même d'alimenter en eau douce, fraîche, pure, bienfaisante et transparente l'étang, le fleuve et l'océan de notre existence contemporaine...
Nous n'avons pas en tant que « druidisants » à avoir la « nostalgie » de ce temps passé ; la nostalgie étant d'ailleurs considérée dans le Monde Celte comme une maladie ; (une pathologie de la dévitalisation, de la mise à l'écart dans l'individu de ses dynamiques et force vives donc, un « enfouissement dans la vase » d'un lit déserté des flux vitaux, un asséchement de nos potentialités de croissance et d'évolution , un refuge pour l'étiolement de l'être et son extinction progressive dans les brumes et brouillard de sa nébuleuse perdition.)...
Connaître le mieux possible et objectivement ce qui constituait les bases et fondements des doctrines qui organisaient les sociétés d'alors nous importe grandement, mais afin de retirer de cela la substantifique moelle la plus à même, dans sa dimension « mythique » et ses archétypes, de nous éclairer et de nous instruire en connaissance, sagesse et maîtrise, afin de disposer d'outils, de méthodes et de conscience faisant « sens », individuel et collectif, pour notre existence ici-bas et pour nos espérances en l'au-delà...
Le passé est, pour ce qui nous concerne, en tant que cheminants au sein de la Tradition druidique, un héritage, un legs, un précieux patrimoine constituées de données historiques certes, mais aussi et surtout de mythes, d'archétypes, de récits, de légendes qui font « Mémoire » comme font aussi mémoire les paysages façonnées par les Anciens et les traces plus ou moins effacées de leurs architectures et de leur art...
Un paysage donne à lire tout cela, car il a été durablement empreint du passage éphémère de nombreuses générations qui ont mêlé leur sueur, leur sang, leur rêves au sol qui les a vu naître, vivre et mourir...
Leur présence en notre monde a reçu signification de leurs croyances et espérances ; toutes deux gravées dans la pierre, le bois, l'os ou le métal (manifestées sur divers supports) puis transmises oralement puis fixées dans "l'écriture"...
Leur art, en dehors de la grande maîtrise et des prouesses technologiques des formes exprimées, formule l'Esprit de sa conception et la qualité des « Initiés » qui surent faire jaillir de la « Matière » le poème de leurs souffles, verbes et inspirations...
Ce sont là en effet ce dont nous pouvons nous considérer comme étant des légitime héritiers (une somme d'expériences humaines riches en enseignement de toutes sortes que nous aurions bien tord d'ignorer, de railler ou de dilapider !...)
Nous sommes, si nous en avons le désir, la volonté, l'entendement subtile, les dépositaires de cet incroyable « trésor » tel que le nomma André Breton dans sa merveilleuse préface sur les Bardes gallois (Braises au trépied de Ceridwen)...
Cet extraordinaire legs de sagesses ancestrales, nous avons à le protéger, à le faire fructifier, à l'enrichir de nos propres apports, de nos facultés d'adaptation et d'actualisation, de nos ressources liées à l'imaginaire , à l'intuition et à l'imagination, mais ce, sans pour autant nuire à son esprit fondateur, à ses conceptions premières, mais en perpétuant celles-ci au sein de formes nouvelles et novatrices plus accessibles à nos contemporains car porteuses de nouvelles compréhensions, perceptions et visions......
Nous ne serions donc opposer stérilement le passé et le présent considérant que le passé est un « présent fait au présent »....
Une Tradition, nous l'avons vu précédemment, est pour René Guenon une transmission au sein d'une communauté de croyances, d'espérances, de convictions et d'entendements majeurs, de doctrines, de schèmes notionnels, culturels, philosophiques, spirituels (incluant des rites et des pratiques religieuses) ininterrompue... Ce dernier terme est important pour René Guenon, car il valide en tant que tel l'acceptation d'une véritable Tradition et exclus tout autre « héritage » « interrompu »...
Mais nous sommes là dans un « linéaire horizontal » et « terrestre » qui fait abstraction de la Verticalité spirituelle et « céleste » et « cosmique » laquelle se passe allégrement des lignages historiques et de leur succession ou non au sein des générations humaines !...
Par Principe, Essence et Anima la Tradition ne saurait être en aucun cas et sous aucune forme figée ; fixée éternellement à demeure, car elle prend sa source et sa souche au sein d'une loi d'Evolution qui oriente la Vie vers un Arbre et un Océan immenses et infinis comme l'Univers visible et invisible...
Nous sommes au sein d'un processus créatif en perpétuel mouvement et recherche et celui-ci fait de nous, à son image, de perpétuels créateurs si nous avons conscience et conception de cela qui Fût, Est et Sera à travers et par Cela même...
Notre « modernité » n'est qu'une étape, qu' un jalon, de plus dans cette avancée de l'humanité qui tente de s'extraire de l'obscurité la plus profonde afin de se rapprocher d'une lumière non aveuglante ni éblouissante, mais suffisamment lumineuse , rayonnante et claire, pour que l'on ait désir, volonté, et audace de se conjoindre à Elle puis en Elle...
Nous avons « pouvoir d'Etre » en tant qu'homme ou femme enfin « réalisés », lors « puissance » (soit forces, énergies, lumières), nous est donnée sous réserve que ce don offert résulte, pour chacun, pour chacune, d'une réelle offrande faite de l'Être individualisé à l'ETRE Universel et Cosmique....
La recherche effrénée, exacerbée, arrogante du « pouvoir pour le pouvoir » tel que notre « modernité » l'instruit et la propulse au détriment de notre communauté de destin planétaire, est la cause de tout ce qui met l'avenir en grand péril et, avec lui, tout le « Vivant » présent et en devenir...
Plus l'avenir parait incertain et compromis dans sa survenance même, plus nos contemporains se tournent vers le « passé » pensant y trouver secours et recours en terme de germe ou de semence d'espérance pour nos lendemains...
D'où, pour partie, l'intérêt grandissant de nos semblables pour notre « Tradition » et ce qu'elle recèle de nouvelles germinations et emblaves de conscience et d'espérance possibles...
Cette démarche, particulièrement, accentuée de nos jours, n'est pas une démarche « passéiste » comme on pourrait, très superficiellement, le supposer ; elle ne tend pas à reconstruire une société disparue, mais à apprendre et à comprendre de cette disparition ce qui y a contribuer afin de ne pas renouveler les mêmes tragiques erreurs !...
L'engouement et l'attrait pour cette « civilisation » celtique ne se dément pas, bien au contraire...
Même si on prête à cette société une forme « d'idéalisation » qu'il n'y a pas lieu de lui accorder (toute société humaine est imparfaite, fait des « erreurs » et entre dans le cycle commun de la naissance et de la mort), il n'en demeure pas moins que la sagesse qu'elle « véhicule » ; sa pensée hautement philosophique et spirituelle, l'art mystérieux, magique, sacré, initiatique et merveilleux, qu'elle a conçu, sa volonté de faire corps, coeur, sens, pensée, esprit et âme avec les Eléments de la nature, aimantent ceux et celles qui se sentent attirés par elle...
Parlant de naissance et de mort, on ne saurait omettre que la conception cyclique et alternée celtique se projette dans un autre « état » qui est celui de la Renaissance laquelle suit toute période achevée, tout terme accompli... (La mort n'étant en fait que le « milieu » d'une très longue vie...)
Il ne s'agit pas, une fois encore, d'envisager une « réincarnation » de la société structurelle celtique, mais de dégager de la connaissance approfondie, objective et rigoureuse de cette société des éléments aptes à la mutation et aux transformations essentielles de la nôtre...
(Ce qui n'exclut pas d'ailleurs de pousser et de compléter nos « recherches » au sein d'autres Traditions porteuses, elles aussi de nombre d'enseignements et de « sagesses » bienvenues.)...
Nous régissions collectivement et individuellement notre temps selon une convention arbitraire de celui-ci et nous en sommes au point d'orgueil qui est le nôtre jusqu'à vouloir subordonner la course solaire à nos conceptions ; conceptions censément dictées pour notre confort « matériel » au détriment de toute relation sacrée et traditionnelle !...
Nous savons que lorsque nous effectuons un « rituel » druidique, nous sommes à la fois dans le temps (et ce que nos Anciens et Anciennes considéraient de celui-ci à une période donnée en s'efforçant d'accompagner au mieux les rythmes et cycles de la nature et des saisons), et, « hors temps » ; la notion conventionnelle de notre rapport habituel à celui-ci s'estompant, se diluant, dans l'immensité du cosmos et de l'univers...
Nos rapports coutumiers à l'espace et au temps relèvent de ces arbitraires conceptuels « utilitaires » et « fonctionnels » déterminés à partir de différents modèles et projections au sein desquels un système a été retenu plus qu'un autre car étant à priori le plus rapproché d'une réalité « naturelle » confortée, étayée, « adaptée » par des données « scientifiques » et des observations plus ou moins rigoureuses... (Son usage et son emploi semblant les plus appropriés aux attentes et besoins de notre humanité à un moment donné de son existence.)...
Bien des réflexions et recherches se poursuivent au plus haut niveau de la pensée humaine sur les notions de temps et d'espace ; notions qui entrouvrent bien d'autres perspectives, compréhensions nouvelles et découvertes !...
Nous ne sommes pas « enfermés » ni cloisonnés dans le temps, nous savons qu'un seul « instant » peut aussi se concevoir comme étant, en densité et intensité, un instant « d'éternité » !...
Pour nos Sages de Celtie et leurs divinités un jour pouvait représenter neuf mois (durée par exemple d'une « gestation » ou d'une transformation) ou une année etc...
Nous sommes le « passé » de demain et notre réalité existentielle pourrait bien être un « éternel présent », lors à nous de faire ce « présent » de ce que nous sommes et aspirons à parfaire à l'éternité !...
Notre « Arbre de vie » à son humus et son terreau, ses racines et sa souche, ses feux et eaux de la terre et du ciel, sel, minéraux, sa farine de l'air pour « croître » en conscience, maîtrise, générosité et sagesse afin de porter de nouveau, à chaque retour du printemps, rameaux, bourgeons, feuilles, fleurs et fruits puis nouvelles semences et graines pour pérenniser ses offrandes annuelles et saisonnières à la vie....
Nous sommes en cela que modeste, humble, mais fier et ferme rameau de l'Arbre du Monde, de l'Arbre de l'Univers !...
Notre « modernité » à développé au plus haut point le besoin, exacerbé donc, de possession et celui-ci nous entraîne vers le chaos sociétal avec toutes les inégalités et iniquités que l'on sait dans le droit de « vivre » simplement et ce, du fait d'une suprématie et arrogance (promulguée en « diktat ») « matérielle » qui s'est totalement affranchie de la dimension sacrée de la Vie au fort détriment de Celle-ci et de tout ce qui la constitue et la pérennise...
Le pronom possessif fait de la surenchère et les adjectifs qui qualifient ce besoin pour partie biologique, mais devenu pathologique, pullulent de nos jours !...
Notre grammaire, nos syntaxes, nos conjugaisons, notre langage, nos écrits, sont contaminés par cette « obsession » individuelle et sociale où JE ne saurais en aucun cas être un autre (un autre état que celui de la jouissance de posséder.)
Nous sommes en fait, et notre Verbe existentiel avec nous, inféodés à l'Avoir lequel entend dominer et asservir « mentalement » notre Etre mit en état de soumission et d'asservissement à cette fin...
Épithètes et attributs ne font que se rapporter ou ne sont qualifiés que par rapport à cela !...
Nous sommes donc bien une « civilisation de l'Avoir » qui procède méticuleusement à la disparition de l'ETRE !...
Notre « langage », nos divers « langages » ne sont pas neutres par rapport à cette situation, mais y participent à leurs façons...
Les Anciens Celtes n'avaient de telles conceptions ; la richesse accumulée par l'un avait lors vocation pour être redistribuée dans la communauté d'appartenance ou était offerte aux divinités...
Par exemple, la langue bretonne, jusqu'à très tardivement, n'avait pas d'emploi pour un verbe « Avoir » absent de ses conjugaisons. (On ne possédait pas une femme, mais une femme nous « accompagnait »!) C'est là une toute autre « pensée » et cet exemple est assez explicite à lui tout seul!)
Privilégier l'Etre à l'Avoir est une conception celtique ; une conception qui sera combattue comme telle par les Romains ; le monde chrétien, par la suite, ne sera pas exempt lui-non plus de composer en tant qu'institution de pouvoir avec le besoin de posséder ( y compris les âmes!)...
La Création en tant que telle à vocation de servir l'être et inversement et non l'avoir en tant qu'élément de possession... Nous voyons lors combien les idéologies de la possession ont perverties nos fondamentaux existentiels et ce, pour générer les drames humanitaires et planétaires successifs que nous savons et ceux, hélas, qui se profilent sur un noir horizon !...
Notre modernité est une société phagocytaire, une sorte de « champignon » totalement parasite celui-ci qui pompe la sève pour sa propre croissance au détriment de son support affaibli de ce fait et constituant alors une cible privilégiée pour toutes sortes de « maladies » …
La réflexion sur l'ETRE et l'AVOIR n'a jamais eu autant d'importance que de nos jours.
Si elle n'est pas objectivement et impérativement menée, nous avons tout à craindre du « futur » de l'humanité...
Le « passé » Traditionnel peut nous aider à mener cette réflexion et à résoudre positivement cette équation périlleuse....