TROIS BARDIS BRAN DU 2022 11 09 SEPTEMBRE
Trois Bardis Bran Du Septembre 2022
Tuan Mac Cairill (Neuf jours et neuf nuits)
L'Arbre-Parole
L'invite à Caer Vedwit...
Tuan Mac Cairill (Neuf jours et neuf nuits...)
Peau contre écorce, écorce contre plumes
ainsi je fus neuf jours durant
sans nourriture et toujours songeant
alors que les eaux se retiraient de la terre et que les rivières retrouvaient leur cours originel...
Neuf jours et neuf nuits
dans le tronc évidé du pilier du ciel
Neuf jours et neuf nuits
Entre la voûte céleste et le monde d'ici bas
Neuf jours et neuf nuit
Dans le chaudron des métamorphoses
suçant le sein de Dame Ceridwen...
Neuf jours et neuf nuits allaité par les rayons du soleil et les éclats de la lune...
Neuf jours et neuf nuits
mêlant mon sang à la sève circulant en l'aubier...
Neuf jours et neuf nuits
feuillu de la tête aux pieds...
Neuf jours et neuf nuits
voguant sur les vagues du rêve
Neuf jours et neuf nuits
accrochés à la traîne des étoiles
Neuf jours et neuf nuits
me dévoilant,voile après voile....
Lors, saumon je me réveillais
frayant dans l'eau pure d'une fontaine
jeune saumon frétillant dans le berceau de la Vie...
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L'Arbre-Parole
Ma parole a racines au ciel et racines dans le sol là, sous mes pieds..
Sa sève est faite de lune et de soleil et de l'écume de la vague neuvième...
Mon sang est bleu et vert qui circule entre mon cœur et mes pensées...
Je suis ramifié à Cela qui Fût, Est et Sera...
De branches sont mes bras et ramure ma chevelure...
Sans cesse je croît sous l'ardeur du soleil et sous les caresses des astres qui sillonnent la nuit...
A la voie lactée je bois, trois sont les pis de la vache sacrée...
C'est par mon intermédiaire que dialoguent les feuilles et les étoiles...
Je suis le parrain, la bonne fée des noces que célèbrent les saisons...
Mes bruissements sont le poème qui berce le silence...
Une sève d'amour me consume de l'intérieur, c'est pour cela que mes fruits sont de feu et mes graines de braise...
J'abrite en ma demeure de chair la mémoire du monde, le souvenir des Grands Anciens, j'ai l'âge de tous les souvenirs, sur mes bourgeons ne fleurit pas l'oubli... En toutes mes branches, J'ai fleur de souvenance...
La hache des siècles s'est abattue sur moi mais j'ai plants, glands et rameaux qui reprennent ma tâche et mes fonctions...
Nul ne peut vaincre cette parole là, en tarir la source, en mutiler les profondes racines...
La plus ancienne de celles-ci nourrissait déjà l'If de Ross...
Jadis mes feuillages abritèrent l'Aigle puis le Hibou, aussi plus tard le faucon d'Achill.
Les Corbeau de Lug y firent leur nid...
Une nuée d'oiseaux y chantent après les tempêtes des hommes...
Du devenir, j'ai porté les signes gravés sur mon bois...
Trois fois j'ai tourné avec eux dans la cuve de vision...
Aucun de ces signes ne retourne en arrière, tous vont de l'avant
avec leur cortège d'ombres et de lumières...
Le Verbe, je le conjugue à tous les temps, en tout espace, sous toutes les formes ; il est celui de ce qui Fût, Est et Sera....
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L'invite à Caer Vedwit
...J'ai rendez-vous à Caer Vedwit...
Ma place est réservée à la Forteresse du Festin de Miel, là où s'envolent des bouches d'or une nuée d'abeilles portant chacune le pollen des poèmes....
Les fruits de l'été, je les ai rapportés, je les ai déposés sur la ronde table, sur le lin blanc de neige entre la feuille qui guérit tout
et la fleur blanche de la Belle Saison....
Mes pensées chevauchent sur la grande plaine, blanches, noires ou rousses sont leurs crinières sauvages....
J'ai parcouru le noble flot dans la traversée de Mag Mor, la Grande Plaine.... Mouvante est l'immensité de son étendue bleue et verte, verte et bleue...
Les cieux du jour et de la nuit se reflètent à sa surface...
De toute beauté est le pays de Mànannan Mac Lir...
J'ai navigué parmi les fleurs du pommier.... J'ai été nourri par les senteurs émanées des îles merveilleuses... La Pommeraie d'Avalon, je sais où elle se tient.... Puissants sont les pouvoirs de Morgen qui veillent avec ses huit sœurs sur le sommeil d'Arthur...
Fou, il m'en prit de vouloir cueillir une étoile pour les cheveux de ma bien-aimée !......
Neuf jours et neuf nuits, je fus enceint de vertiges au cœur de la roue tournoyante....
Tout passage ne s'ouvre que de l'intérieur, le forcer ne sert à rien...
On ne débouche lors que sur l'abîme.... Le cœur à ses volets, lui seul peut les ouvrir dans la senteur d'Amour...
Ma parole est attendue au banquet, au festin des bouches d'or....
Une branche me fut donnée par la fée du Tertre de Bréhélo, d'elle émanent cent musiques qui réjouissent ou endorment, des sons agréables et doux qui flattent l'oreille....
Merveille que cette branche prélevée sur l'Arbre de la Vie...
J'ai sur moi ma cape de plumes bicolores, mon mantelet rouge et or, mon bracelet de barde et mon torque de brave...
Douze valets m'accompagnent revêtus de leurs plus beaux habits...
Noble et digne est le cortège qui s'avance vers Caer Vedwit...
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