Les dits du corbeau noir

 Assemblée druidique en Bretagne

REGARDS SUR UNE SOCIETE INITIATIQUE

Une très grande, pertinente et précieuse enquête....

Les Druides en Bretagne Mémoire de Licence III par Clara Roche (année 2019/2020.) Université de Rennes 2

Voilà un document fort précieux et très argumenté sur l'état des lieux et situations du « druidisme breton » (localisé et pratiqué en Bretagne.)

Merci à Clara Roche de cet énorme investissement qui apporte énormément d'éclairages dans un domaine à la fois complexe et assez fractionné, diversifié et, à priori, contradictoire !

Il s'agit d'une enquête menée pendant deux années auprès de 7 druides exerçant leur fonction en Bretagne, 7 druides soumis à un même questionnement...

On regrettera l'absence de la parole féminine, mais cette absence est aussi révélatrice de la présence et de l'importance très discrète et limitée du féminin dans cette diaspora druidisante armoricaine !.... ET cela devrait aussi nous interpeller !....

Il sera difficile de faire un tableau synthétique des points de convergences et de divergences de cette diaspora, mais je tenterais de réaliser un tableau en ce sens incluant des potentialités d'entendements car si l'uniformité de fonction,de pratiques, de référents n'est ni possible ni souhaitable, une mise en commun d'éléments complémentaires de compréhensions mutuelles devrait s'avérer un vecteur d'enrichissements spirituels, philosophiques, cultuels et culturels bénéfiques à tous et à chacun...

Nous avons grandement besoin de clarification au sein de nos clairières et groupements et le monde extérieur qui vient à notre rencontre et qui nous interpelle de même !...

Un grand merci donc à Clara Roche pour cet important investissement qui ne peut que nous rendre un grand service. Merci aussi à Elle de m'autoriser à partager et à publier les fruits de son ouvrage émérite....

Le tableau d'investissement est le suivant (après l'introduction) et pour l'architecture principale de ce Mémoire  :

La reconnaissance par les origines...

La distinction dans les pratiques...

Les différentes perspectives et les perceptions des différends

La conclusion...

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Des druidesses bretonnes

Préliminaires :

Sans être une enquête exhaustive, elle est, par l’échantillonnage des druides enquêtés, assez représentative des divers courants et diverses tendances qui animent le druidisme breton...

C'est aussi une compilation des diverses représentativités, sensibilités et conceptions qui animent la parole et la geste druidique dans sa grande diversité d'expressions et de pratiques, les secondes étant plus « communes » que les premières....

Les nombreuses divergences relevées concernent davantage une dimension « horizontale », matérielle, formelle, historique qu'une verticalité spirituelle plus amène de dégager des potentialités d'entendements convergents...

Il nous appartient lors de réinvestir les propos tenus, les pistes défrichées et les échanges fructueux que tout cela comporte...

Bran du Juin 2020

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Introduction :

Pourquoi cette enquête sociologique sur les druides de Bretagne ?

« … Dans une époque d'uniformisation des modes de vie, des désirs et des références culturelles, le besoin social de retrouver des racines est croissant...

De nombreux individus s'aventurent dans une quête des origines (culturelles, géographiques, historiques...) processus souvent intimement lié à une quête spirituelle, et cela a pour conséquences une multiplicité de pratiques symboliques.

Différentes spiritualités, religieuses ou non, ancestrales ou récentes, sont réinvesties massivement par les individus, en dépit des grandes religions dites révélées, qui perdent le monopole des croyances et leur statut privilégié.

L'étude de ces réadaptations ultramodernes constitue donc un enjeu primordial pour la sociologie contemporaine des religions. , dans ce foisonnement de pratiques spirituelles, certaines traditions se démarquent par leur renommée ancestrale, c'est le cas de la Tradition des Druides, qui s'ancre véritablement dans le temps et l'espace...

Notes Bran du :

Il n'est pas anachronique par ailleurs que les enquêtés aient des difficultés avec le fait de « définir » ce qui par Principe, Essence, Nature, Anima à toujours refusé toute forme de fixation et de limitation, d'arbitraire et de dogmatisation, car relevant d'une « loi d'évolution» qui elle même relève d'une "expansion" continue, comme de l'absolu et de l'infini !...

Pour des raisons autant spirituelles que philosophiques, les druides ont refusé de confier à l'écriture leurs concepts et pensées nous laissant le libre soin d'en poursuivre l'exploration !...

Par nécessité d'explications et pour répondre aux questionnements, il est fait cependant état de définitions qui d'ailleurs diffèrent d'un druide à l'autre...

Il est d'ailleurs à noter que, curieusement, les potentialités d'entendements entre druides se tiennent plus dans « l'indéfinissable » auquel nous sommes tous redevables finalement que dans le définissable !

…///...

A propos du druidisme antique :

«... Les frontières entre religion, éducation, justice et politique n'étaient pas clairement marquées et la tradition des druides n'était pas un choix personnel ou une pratique minoritaire ; mais avait bien une place prépondérante dans la société....

Afin d'analyser un fait religieux, si fait religieux i l y a ,il faut à la fois contextualiser et analyser les formes d'expression religieuses (formes de dévotion, culte, rituélie, croyance, rapport à l'Histoire...) , en somme cette quête étudiera à la fois les représentations, les pratiques, l'organisation religieuse et le système qui permet une articulation de tous ces éléments...

Il est essentiel d'appliquer ces outils d'analyse à différent niveaux :

Le niveau micro : (les individus et leurs relations)

Le niveau mezzo : (l'organisation et les structures)

le niveau macro : (les enjeux sociétaux)...

La recherche de l'origine du druidisme, de sa continuité ou non continuité historique à travers les siècles, est une interpellation majeure qui divise les druides...

La question des « mots » utilisés et représentatifs du « druidisme » est primordiale... C'est dans la difficulté à définir ce fait religieux que réside sa particularité...

Cet objet d'études, souvent mal identifié, mythifié de toute part et défini de presque autant de manières différentes qu'il y a de druides...

La tolérance à l'égard des conceptions des autres est pourtant grande, et il peut paraître, à première vue, qu'il appartient à chacun de caractériser et de pratiquer la tradition des druides, dans la mesure où il n'y a pas de trace d'un quelconque dogme ?

Mais où réside alors l'unité ?

La tradition des druides est-elle un exemple du non-dogmatisme poussé jusqu'à la désunification ?...

 Une noce druidique en Bretagne

Notes et réponses proposées Bran du :

(Est mis en avant la conquête romaine doublée de la christianisation des territoires, mais on ne saurait omettre le fait d'une contestation interne de l'autorité druidique au sein même de la société trifonctionnelle se fissurant, se fractionnant peu à peu et ce, préalablement aux coups de butoir précités.

Des premières secousses sans doute plus particulièrement liées à la troisième fonction, celle entre autre regroupant les « commerçants » qui par leurs voyages et échanges comparent les autres structures sociétales avec la leur jugée peu à peu moins « attrayante », moins individualiste et plus « encadrée »....)

Les territoires non occupés (Irlande, Nord de l'Ecosse...) demeureront encore assez longtemps un conservatoire de l a pensée celto-druidique soutenue et confortée par la classe « royale » et les bardes.)..

(A la question : Comment une pensée peut-elle renaître si personne ne l'a entretenue pendant des siècles ? Il est répondu le plus souvent : grâce à une continuité et à une permanence entretenues par des servantes et des servantes de la Tradition ; c'est-à-dire par des éléments historiques plus ou moins valablement rercevables, car peu attestés et fragilement argumentés....

C'est hélas oublier que la Tradition relève dans ses origines et fondements davantage des mythes et des archétypes que de l'Histoire et que ceux-ci échappent à Celle-là se frayant passage dans le temps et l'espace et de génération en génération sans se soucier d'historicité !

Le monde Celte et sa pensée sont « anhistorique » de nature déclaraient CH J Guyonvarc'h et Françoise Le Roux éminents universitaires comme on sait.

C'est aussi omettre et cela est fort regrettable ce qui relève d'une haute métaphysique et que les anciens appelaient pour s'en approcher l'AWEN (le Souffle inspirant) ou encore la FARINE DE l'AIR (l'Ether) ou également ce qui est désigné globalement par Fàith ou Fâid ou Fâth (la Toute Force et Puissance d'inspiration, de voyance, de prophétie... une Source éthérique et cosmique d'entendements et de compréhensions) qui n'a que faire de nos contraintes et difficultés, si ce n'est afin de nous aider à les transcender et pour autant qu'on le souhaite         vraiment !!!)

L'appellation même de « druidisme » est sujette à divergence de représentation et d'intitulé, certains préféreraient le terme de « Tradition des Druides » ou « Etat de Druidité » ; les « ismes » n'étant pas particulièrement appréciés par les druides !

Je suis étonné après Bientôt 40 années de cheminement au sein de la diaspora druidique que l'on fasse état ici du terme « tolérance » attitude très peu rencontrée au cours de ce long périple tout en notant cependant des « améliorations » en effet assez récentes à ce sujet...

Ne serais-ce que sur un siècle d'observations on relève que le peu de « tolérance » pratiquée est à l'origine de multiples scissions au sein des mouvances druidiques tant « bretonnes que gauloises » et que cela pourrait s'apparenter à un virus récurrent dans ce domaine, (et fort préjudiciable au demeurant pour la Tradition) ; lequel virus vaut pour les cinq tentatives de fédération toutes prometteuses, mais avortées au cours du 20è siècle !....

On notera un réel engouement pour l'idée de fédérer les communautés, mais l'impossibilité d'inscrire dans la durée les entreprises réalisées avec enthousiasme à cet effet, les « conflits de personnes » faisant capoter ces projets peu de temps après leur instauration !!!

Puisse cette étude réaliste et pertinente réalisée nous aider à vaincre nos « vieux démons » !....

Ce qui demanderait de vaincre nos peurs de l'autre ou des autres pour y substituer le désir et la volonté d’œuvre ensemble au service même de la Tradition plutôt qu'en donner une image assez «chaotique» et incohérente la plupart du temps....

On ne saurait en effet comprendre tant en interne que vue du monde extérieur qu'une Tradition qui prône et enseigne l'équilibre et l'harmonie s'avère incapable d'en faire bon usage quand cela est nécessaire. La contradiction , les divergences, les « autorités », s'imposent hélas face à l'évidence précitée ! ?

Là aussi une nuance récente s'impose car il y a le constat d'une évolution qui s'amorce avec la nouvelle génération qui entend bien faire l'économie et s'exonérer des « querelles de leurs aînés » et je m'en félicite !...

Où réside l'unité ?

Elle ne saurait en aucun cas, et j'insiste, relever de considérations matérielles et formelles, de ce que j'appelle une « horizontalité » humaine et terrestre qui, livrée à elle même et déconnectée le plus souvent de sa « Verticalité », ne peut prétendre produire le moindre « Esprit » d'équilibre et d'harmonie.

(La dimension spirituelle faisant défaut et ne permettant donc pas de ce fait le recours à une transcendance bienvenue.)

Le jeu tumultueux des questions-réponses se trouve lors enfermé dans des dualités qui deviennent très vite conflictuelles et antagonistes !... (A l'image de nos sociétés humaines d'ailleurs ou que de la simple relation de couple !)

Le monde druidique se voulait « UNITER » je m'explique :

Ce n'est pas pour rien que nos Anciens cultivaient avec ardeur et forte sagesse une dimension trinitaire de l'existence et que le ternaire constituait une architecture sacrée pour édifier leurs pensées et conceptualisations et ce à tous les niveaux de l'activité humaine !...

Il est fort regrettable et préjudiciable o combien que, disposant des outils et des méthodes remettant  « l'essentialité » à sa juste et mesurée place, nous soyons si peu en capacité d'en faire un sage et efficient usage en préférant entretenir de façon donc totalement absurde la contradiction et les incompatibilités coutumières ! ?

La dimension dite polythéiste de la Tradition favorise une pluralité de conceptions et de pratiques et donc de divergences conceptuelles, mais elle ne saurait éluder le fait que ce qui faisait communauté et ententes donc unité entre les peuples et ce d'un bout à l'autre du monde Celte, c'était le sentiment d'une appartenance commune confortée par la langue, les usages, les coutumes et les croyances, c'était le fait de comprendre que le particulier, le spécifique, le différent, soit un ensemble d'expressions singulières et plurielles, ne nuisait pas à la dimension globale et unitaire, bien au contraire !...

Les Celtes, il est vrai, ont refusé de mettre en œuvre dans leurs sociétés la notion d'Etat, de Nation centralisatrice et uniformisante. Ils étaient plus disposés envers une notion de fédérations de tribus contractant des alliances et ce, au bénéfice de tous et de chacun...

Si on peut résumer cela, il ressort que le divers n'est pas antinomique envers une notion unitaire, que le divergent n'est pas nécessairement ennemi du convergent, que la différence peut être perçue comme un enrichissement mutuel et complémentaire, que le singulier et le pluriel peuvent faire bon ménage avec une vue unifiée etc... (Et cela ne concerne pas que notre Tradition, mais toute société humaine!)

Que de leçons avons-nous encore à apprendre et à appliquer dans ce domaine sapiential ? !

L'unité n'est pas une « utopie » ou, si elle l'est, puisse-telle trouver en cela les force, énergies, sagesses et dynamiques innovantes nécessaires et bienvenues qu'elle recèle....

Il s'avère par ailleurs, et grâce à la progression spectaculaire en 30 ans des études celtiques, de nouvelles « grilles de lecture découvertes » et des apports de l'archéologie que cette notion de polythéiste dissimule en fait une notion plus proche du monothéisme, soit une conception métaphysique plus englobante, mais réservée aux seuls initiés afin d'en préserver les mystères et d'éviter leur profanation...

C'est ce qu'une nouvelle et pertinente exploration de l'art celtique nous révèle depuis peu à travers un langage dissimulé, « caché » aux dits profanes qui ne sait et ne peut voir qu'un esthétisme et qu'une fonctionnalité courante ....

Des chercheurs émérites se penchent sur ces récentes découvertes et revisitent les textes et documents dont nous disposons...

La perspective qui se présente et que des recherches font progresser d'une unité spirituelle transcendant le panthéon celtique et sa conception uniquement polythéiste sont de nature à faire aussi évoluer les conceptions contemporaines actuelles portées sur la « Druidité »...

La conception dogmatique est, en effet, aux antipodes de la pensée druidique assez « farouchement » libertaire et ce refus de toute forme de dogme n'est pas le moindre de ses valeurs de séductions...

Ce refus de tout arbitraire, de tout diktat, de toute autorité exacerbée, se devrait être un fort vecteur de convergences sans nuire pour autant et au contraire à la recherche spirituelle unitaire, unifiante, unificatrice...

J'observe depuis des années que malgré une somme parfois impressionnante et néfaste de divergences, d'incompréhensions, de mésententes et de contradictions la Tradition druidique ne cesse d'interpeller nos contemporains qui s'ouvrent et se tournent de plus en plus vers elle....

Si ces démarches et quêtes exponentielles relèvent de l'état fait de nos sociétés et des consciences éveillées face au dit état jugé plus qu'insatisfaisant, troublant et incertain, il faut nous attendre à un afflux de sollicitations que des attitudes et comportements de notre part se doivent d'accueillir au mieux et en conformité avec nos bases et fondements unifiés autant que diversifiés sans que la forme ou les formes ne viennent contredire le Fond ....et dérouter ainsi et très légitimement nombre de marcheurs et de postulants !

L'ouvrage n'est pas mince. A nous de nous y atteler en convergence de cœur et d'esprit....

A SUIVRE