Les dits du corbeau noir

 TABLEAU DE3 ROBERT MORVAN PHOTO BRAN DU

Julos Beaucarne :  Vidéo de ce texte lu par l’auteur

Femme et Homme...

« Femme et Homme de la texture, de la parole et du vent qui tissez des bouts de mots au bout de vos dents, ne vous laissez pas attachés, ne permettez pas que l'on fasse sur vous des rêves impossibles.

On est cet amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous, alors le fleuve amour coule tranquille, les jours sont heureux sous les marronniers mauves, mais, s'il vous arrive de ne pas être ce personnage qui marchait dans le rêve, alors soufflent les vents contraires, le bateau tangue, les voiles se déchirent, on met les canots à la mer...

Les mots d'amour deviennent des mots couteaux qu'on vous enfonce dans le cœur. La personne qui hier vous chérissait aujourd'hui vous hait. La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire ne peut plus supporter le son de votre voix, plus rien n'est négociable, on a jeté votre valise par la fenêtre et vous remontez la rue dans votre pardessus noir.

Est-ce aimer que vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage ?

Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve ?

Femme et Homme de la texture, de la parole et du vent qui tissez des bouts de mots au bout de vos dents, si nous pouvions être d'abord, tous et toutes, et premièrement et avant tout des amants de la vie, nous ne serions plus ces éternels questionneurs, ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie et tant de temps à attendre des autres des signes, des baisers, de la reconnaissance.

Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie, tout nous serait cadeau, nous ne serions jamais déçus...

On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même. Moi seul connaît le chemin qui conduit au bout de mon chemin.

Chacun est dans sa vie et dans sa peau...

A chacun sa texture, son tissage et ses mots. »

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