UN VERBE EN PERDITION REFLEXION BRAN DU 2019 LE 07 01 JANVIER
Ecole bardique...
Le grand dépérissement du Verbe !
Réflexions Bran du le 07 02 2019
« Le verbe est l'âme d'une langue » G Duhamel
Redonner au Verbe, au souffle respirant et inspirant du Verbe toute sa puissance « poétique » dans un monde de « verbiages » généralisés...
Une langue dévitalisée, pasteurisée, affadie, sans reliefs, sans « couleurs », asséchée, formatée sur le fonctionnel, le matériel, le consumérisme, le conventionnel, le médiatisé... Un langage dont la technologie moderne réduit au minimum l'impact d'entendement et de compréhension afin de satisfaire à la rapidité des échanges car il faut « gagner du temps » !
Le Verbe est comme un arbre que l'ont ne cesse d'élaguer pour le réduire bientôt à un « tire sève » encore appelé « têtard » qui maintiendra ou non sa survie et sa croissance en le dépouillant de sa noble vêture saisonnière, en le privant des nids et des chants de ses oiseaux !
Qui, dans l'obscurité de ce temps qui est le nôtre, pour entendre encore la Parole, la Voix, le Chant venu jusqu'à nous du plus lointain de la Lumière ?
Le verbe est devenu hélas l'auxiliaire de « l'avoir » et n'est plus au service prédominant de l'être...
Dés que le Verbe sort du cadre fonctionnel et étriqué de la communication pour « respirer » poétiquement, il est l'objet d'un refus d'écoute...
Il n'est plus lors accordé à ce que l'on veut et souhaite entendre, il est sans « sujet », son « genre », déplaît à « nombre » de nos contemporains, alors que, jadis, le plus grand nombre de sujets s'accordaient avec le Verbe qui les conjuguait, singuliers et pluriels confondus, activement et passionnément !... Le Verbe avait et faisait sens, car il était reconnu comme la manifestation même de l'Essence !...
Le verbe moderne est passif et dépassionné o combien et ne retrouve de vivacité, de « verdeur », de « dynamisme » que dans la vindicte ou la violence...
La poésie de jadis était le plus beau des compliments que le Verbe faisait à la Vie...
Le Verbe était alors « flamboyance », il n'est plus de nos jours que cendres et fumées !...
L'oralité était sa force, sa dignité, sa noblesse et la voix célébrait l'éloquence du jongleur de mots, du bateleur d'idées...
Des oiseaux de toutes les couleurs naissaient du fleurissement printanier de son langage... Il conjuguait les vents et les marées, les pluies et les orages... Par ses lèvres ruisselaient la bienfaisance des sources...
Le monde lors se formulait, s'entendait encore, de « Vive Voix » !
La langage d'aujourd'hui n'incante plus au-dessus des eaux et des flammes, n'ouvre plus de passage à ce qui s'en veut sortir « lumineux » de la grande nuit...
Le temps est au verbiage, au déluge verbal, à la « logomachie », au déversement verbeux, à la submersion médiatisée, aux mots trafiqués, aux idées manipulées, aux sens dévoyés et à l'étymologie pervertie...
La pensée, elle-même, est devenue bavardage, vain remplissage d'un vide s'épandant et s'étendant...
Le Verbe se fait froid du fait de l'extinction progressive de ses feux !...
Le Verbe de jadis mordait à pleines dents dans la chair frémissante et consentante de la Vie. Aujourd'hui il lui faut régulièrement nettoyer son dentier !...
L'oralité est bien alitée qui ne vole plus dans les hauteurs entre soleil et lune, qui ne brasse plus l'écume qui s'en vient aux rivages du cœur... Du flot parlé et déferlant de nos vagues, de la fougue de nos marées, le sel se retire !...
Du « verbe », le VERBE aussi s'est retiré !
Oublié, nié, moqué, déserté, bafoué, enterré, falsifié, artificialisé... ainsi est Le Verbe Incréé, le Verbe de l'Origine, le Verbe « premier né », le Verbe matriciel, le Verne pétri et façonné d'essentialité, le Verbe divin et sacré !...
Le voici remplacé par une technologie sophistiquée, le voici articulé, appareillé, de prothèses, le voici soumis aux « lois du marché », le voici « castré », inapte aux fécondations du cœur et de l'esprit ! Le voici « veuf » de poésie !
Rares, très rares, sont ceux et celles qui se savent devenus, depuis, des orphelins du Verbe de la Vie !...
C'est pour cela qu'il appartient aux bardes d'aujourd'hui de convoquer en eux-mêmes toutes les eaux et tous les feux de leurs sens afin de restituer au Verbe son Essence !...
A cela nous nous employons !