Les dits du corbeau noir

YVON LE CORRE DANS LE SILLAGE DU PEINTRE / EMERGENCE TEXTE DE BRAN DU 2016 29 10 OCT

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Emergence   peinture d'Yvon le Corre

 

 

 

Emergence œuvre de Yvon le Corre....

 

Texte Bran du 28 octobre 2016

 

 

 

Personne, non, vraiment personne, n'aurait été à même de dire d'où provenait cette lumière frangée d'ombre et de mystère....

 

L'encre noire et bleu foncé de l'océan n'avait su, n'avait pu, retenir en son antre ténébreuse, en sa caverne abyssale, cette lueur enclose enceinte de désir et de volonté...

 

De la vieille mâchoire millénairement édentée avait poussée « une juvénile dent de lumière » ! Et celle-ci entendait mordre dans la chair pulpeuse de la vie sa part de rêve et d'espérance...

 

Ainsi aussi cette ville enfouie en nos profondeurs, cette citée d'Is enclose en notre plus intime demeure, cette rouge volupté d'être dont une idéologie religieuse autant perverse que dogmatique avait tranché les veines de la Déesse qui concourait jusqu'alors aux flamboyantes et douces ivresses de son peuple...

 

Non pas la découverte, seulement la découverte, mais bien plus la « résurgence » de cela dont le déluge de l'absurdité, de l’aberration, en sa submersion brutale et stupide, n'avait pu recouvrir de ses lames et de ses flots liberticides, les fondements et assises, l'Essence et l'Anima...

 

La résurgence est jaillissement, libération et élévation...

C'est une « percée » au delà et par delà les recouvrements opérés par les sombres côtés de notre humanité ; c'est l'acte rebelle par excellence qui refuse la chape ténébreuse et obscure et qui, armé de sa volonté désirable et obstinée, transperce et fend le pesant qui l'oppresse, qui pourfend et renverse l'épais manteau de suie et de cendre qui recouvre sa braise natale, ses étincelles originelles, son haut foyer de vie et d'espérance...

 

Aucun recouvrement ne peut s'opposer à la recouvrance volontaire d'un « habit de lumière », celui que notre nudité appelle et sollicite de tous ses sens ; de toute son intelligence, de tout son imaginaire...

 

L'émergence ce n'est que de l'amour qui s'en vient au jour !...

 

« Mais la nuit est nécessaire qui prémédite cette aurore.»

( Rigvéda)

 

 

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Comme une algue, en assise dans sa gangue marine, flotte et se prélasse à la surface de l'eau, baigne dans l'aura solaire du levant, cela qui reposait dans la tourbe de mémoire, dans l'humus des souvenirs, dans la glaise mémorielle ; cela s'en vient boire joyeusement aux étoiles...

 

La vie n'est peut être que cette tentative échouée ou réussie d'extraire de l'argile des siècles et des millénaires, de la noire emprise humaine, la semence, le grain de vie, que nous sommes pour le hisser, étape par étapes, jalons après jalons, épreuves après épreuves, vers un clair et rayonnant azur où les oiseaux ne sont que des âmes qui volent et qui jouissent dans le vent ?...

 

Mais que de strates, lourdes, douloureuses, de couches de peurs et d'ignorances superposées, à identifier, à dilater, à fractionner, à faire éclater, avant que de s'élever, librement, volontairement et consciemment, vers Cela qui élève !...

 

Au-delà des éventuels naufrages, il ne tient qu'à nous de maintenir dressé au mât du possible, dans les haubans du désir, dans les plus hauteurs de nos plus légitimes aspirations, notre pavillon de neuve, fervente et blanche lumière...

 

Cela qui fut recouvert comme on recouvre la tombe d'un pestiféré, cela qui se voulait enfance et innocence, rire et joyeuseté, naturalité et fantaisie sauvageonne, libre don et généreuse corbeille de vie, fut, tôt, enseveli à coup de pelletés funèbres et machiavéliques, à coup de raison raisonnante sèche et aride en provenance d'aigreurs et de rancoeurs humaines, d'orgueil, d'aveuglement, de surdité prononcé, soit de tout un formatage idéologique, de tout un conventionnel éducatif et sociétal semant à pleine volée l'interdit, la faute, la culpabilité, la censure, dans les champs où jouaient librement et à l'origine la belle et tendre enfance du monde...

 

 

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Cela se passe en nos abysses dont nul ne peut sonder la profondeur....

Seul le silence en connaît les cris qu'il « absorbe » de son mieux sur sa poitrine compatissante...

 

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Il est tant de sources qui aspirent au jaillissement !...

 

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Et tout cela qui se veut battre de ce même cœur qui fait battre le monde....

 

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Ne me dites pas qu'il existe des nuits qui au jour ne veulent éclore !

 

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Là est la voie, là est le chemin, la sente, le sentier...

Quand le pas est ajusté à la pensée

et que cela va vers la lumière !....

 

 

 

 

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Edition Ouest-France 



29/10/2016
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